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Le football est l’une des disciplines sportives les plus actives au Niger. Durant des décennies, le pays a connu des clubs de renom qui ont fait sa fierté. 16 clubs en Super Ligue, 20 clubs en Ligue Nationale, 70 clubs au niveau de la Ligue Régionale, les compétitions majeures se tiennent régulièrement, sous la conduite de la Fédération Nigérienne de Football (FENIFOOT) dont les membres sont issus des Associations Régionales, des clubs et des groupements d’intérêt de football, notamment les associations des joueurs, des entraîneurs, des supporters, des arbitres et l’Union des Journalistes Sportifs.
Malgré l’importance de ces structures sportives, la réalité des clubs au Niger reste et demeure contrastée. Entre progression et régression, l’environnement du ballon rond ballotte, mettant en lumière des dynamiques divergentes en fonction des situations, des circonstances et des temps. Si certains clubs affichent une montée en puissance en termes d’évolution, d’autres peinent à survivre dans un environnement souvent marqué par des défis financiers et organisationnels.
Aujourd’hui, les clubs qui affichent une stabilité relative sont des clubs corporatistes communément appelé les ‘’AS’’, les Association Sportives des entreprises, sociétés, FDS, etc. L’on peut citer en exemple, l’AS Nigelec, l’AS FAN, l’USGN, l’AS Police, l’AS Douane, etc. Ces clubs, adossés à des entreprises ou institutions, bénéficient d’un soutien financier plus ou moins stable. En effet, cette situation leur permet d’assurer un minimum d’encadrement aux joueurs, de structurer leur administration et de participer aux compétitions avec une certaine régularité. Certains d’entre eux se démarquent par des performances encourageantes, les plaçant en tête de classement des grandes compétitions du Niger. L’essentiel de ces clubs évoluent dans le championnat d’élite du Niger.
A ces clubs s’ajoutent ceux dits ‘’clubs des quartiers’’, créés certes, depuis des décennies par des structures communautaires, notamment à Niamey, mais dont certains exploits ont fait le plus de sensation dans l’histoire du football nigérien. Ces clubs mythiques, guidés par la passion, évoluent jusqu’ici, contre vents et marrées pour tenir tête face à des adversités. L’on peut citer, ici, le Sahel Sporting Club du quartier Nouveau Marché de Niamey, l’Olympic FC de Lacouroussou, le Zumunta AC du quartier Zongo de Niamey, la Renaissance de Boukoki, Zondo et Wombeye AC de Maradi, Sonantcha de Tillabéri, Espoir FC de Zinder, National Dendhi de Dosso, Etoile Rouge de Talladjé, etc.
Contrairement aux ‘’AS’’, les clubs issus des quartiers fonctionnent principalement grâce à l’engagement de leurs membres, des passionnés de football et les supporters de ces clubs. Leur moteur principal reste la ferveur populaire et la volonté de donner une visibilité aux talents locaux. Cependant, ces clubs souffrent d’un manque de moyens perceptible caractérisé par une insuffisance d’infrastructures, absence de soutien financier adéquat, difficulté à encadrer les joueurs afin de disposer de toutes les catégories et à assurer leur progression. Malgré tout, certains arrivent à révéler des pépites, qui, avec un encadrement adapté, parviennent à rejoindre des équipes plus structurées et souvent jusqu’à porter les couleurs nationales.
Un football à l’âge de maturité, mais des difficultés persistent
Cette année, la Coupe Nationale est à sa 50è édition, le jubilé d’or qui devrai constituer, en principe, l’âge de maturité. Au total, 36 clubs de la ligue régionale et ceux de la ligue nationale participent à cette Coupe Nationale. Le lundi 27 janvier 2025, lors du tirage au sort du 1er tour préliminaire de la Coupe Nationale, édition 2024-2025, la Commission des Compétitions de la Fédération Nigérienne de Football (FENIFOOT), a plébiscité les clubs en lice, pour leur performance.
Mais, il va sans dire que les « clubs des quartiers » n’ont fait que montre de résilience, d’abnégation et de beaucoup d’espérance. Pour le président du club Alkali-Nassara de Zinder, M. Nalado Ibrahim, « la vie des clubs n’est pas du tout reluisante ». Il se dit malgré tout prêt, moralement, et s’active énergiquement, pour la Coupe Nationale édition 2024-2025 et pour la Ligue Nationale.
Par rapport au sujet de la vie des clubs, que ça soit de club nouveau ou d’ancien club, les points de vue sont convergents. M. Mamane Bachir, entraîneur principal de l’Entente FC de Dosso a mentionné que les difficultés et les défis auxquels les clubs font face se résument au financement, une question qui reste problématique.
De la responsabilité de la FENIFOOT
Les relations entre la fédération nigérienne de football et ses membres sont régies par les articles 15 et 16 du statut de la FENIFOOT où les droits et les obligations sont clairement définis. Pour amener les clubs à respecter leurs engagements et leurs devoirs, la FENIFOOT, à travers le Secrétariat Général et la Commission Centrale Permanente, joue le gendarme, en suivant les clubs de très près. Ces clubs sont admis en tant que membres, sur la base d’un dossier en suivant une démarche participative d’affiliation conformément aux textes de la FENIFOOT.

A ce titre, un accompagnement est accordé aux clubs pour assurer leurs développements structurels afin de garantir la pérennité des compétitions. Selon le Secrétaire Général Adjoint de la FENIFOOT, M. Issa Yanforé, les activités des membres de la structure mère du football ne se limitent pas seulement aux compétitions et aux matchs. « Quand vous prenez les associations régionales, elles sont chargées d’animer leur entité, à travers des initiatives visant à assurer la promotion et le développement du football dans toutes ses formes, etc. Donc la fédération est organisée de manière à leur apporter des appuis dans plusieurs domaines. La fédération est organisée pour garantir la formation. Il y a aussi l’appui financier qui est apporté par la fédération dans tous les aspects du football. Tous les membres, notamment les associations régionales, les clubs et les groupements d’intérêt de football reçoivent une subvention séquencée de la FENIFOOT. Et dans tous les domaines d’intervention de ses membres, la fédération intervient à sa manière. Quand il s’agit des compétitions internationales, la fédération accompagne les clubs en mettant à leur disposition toute la technicité possible. La fédération assure la prise en charge des officiels venant de l’extérieur. Aujourd’hui, avec le centre technique qui existe, les clubs bénéficient de toute une panoplie d’accompagnements » a rassuré le Secrétaire Général Adjoint de la FENIFOOT, M. Issa Yanforé.
Des nouvelles exigences de la CAF : les « clubs des quartiers » à rude épreuve
A partir de la saison sportive 2024 – 2025, la Confédération Africaine exige à ce que les clubs de l’élite, notamment ceux qui sont en compétition majeure telle que la Super Ligue, remplissent et respectent certaines exigences pour obtenir la licence de club. En effet, le club, pour être reconnu légalement par la Confédération, doit disposer d’un siège, d’une équipe féminine, un personnel avec un entraîneur de licence A, un kinésithérapeute, un assistant ; sur le plan financier, le club doit être équilibré sans arriérés de salaire vis-à-vis des joueurs, etc.

Ainsi, cette nouvelle donne de la CAF pousse les clubs vers le professionnalisme. ‘‘Quand on vient dans un club, on doit se sentir dans une entreprise où tout le monde travaille’’ estime le SG/A de la FENIFOOT. Cependant, ces principes constituent un défi majeur à tout point de vue, pour les clubs nigériens qui, dans le fond, tournent en rond. « Ces exigences constituent vraiment un défi. Aujourd’hui, quand vous regardez nos clubs, on se rend compte que nous sommes à la traîne. Ce n’est pas normal ! Quand vous regardez un club maghrébin, vous constatez qu’il est plus professionnel, ne serait-ce que dans son organisation. Dans certains clubs, vous n’avez qu’un seul entraîneur qui joue à la fois le rôle de toute l’équipe technique. Aujourd’hui, quel est le club au Niger qui, en dehors de son siège, dispose d’autre chose ? Il faut tendre vers la professionnalisation avec des terrains d’entraînement, des structures logistiques propres aux clubs. Ce sont des défis réels qui existent et les clubs doivent matérialiser ces exigences pour aller vers la création des centres que ce soit au sein des clubs ou ailleurs afin de relever les défis », insiste M. Issa Yanforé.
Assurément, le football nigérien pourrait tirer profit d’une meilleure structuration et d’un accompagnement plus soutenu de ces clubs, qu’ils soient corporatistes ou de quartier. Très souvent, le commun des nigériens indexe les équipes nationales du football oubliant le rôle primordial des clubs qui doivent leur fournir des talents, ces passionnés de football. En ce sens, un cadre réglementaire plus clair, des partenariats solides et des politiques sportives adaptées doivent être mis en place pour favoriser une progression et le développement du football Nigérien.
Abdoul-Aziz Ibrahim (ONEP)
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AS Nigelec, un baptême de feu électrique qui se heurte aux canonniers
L’Association Sportive nationale de la Société Nigérienne d’Electricité Nigelec, AS NIGELEC, se vante d’une évolution sur une base solide d’engagement, de dévouement et d’ambition. Des séances d’entraînement régulières et des participations effectives aux compétitions nationales majeures, jusqu’à la Ligue des Champions africaines ; en 20 ans d’existence, le club a su se distinguer et briller de mille feux, notamment ces 5 dernières années pendant lesquelles il s’est toujours classé parmi les quatre premiers de la Super Ligue.

Le club remporta pour la première fois la Super Ligue nigérienne, au terme de la saison 2021-2022. Cette année encore, invaincu jusqu’à la 8è journée, l’AS Nigelec a mené avec brio la course au titre, avec une série de 6 victoires et 2 nuls, avant d’être rattrapé et déclassé par les canonniers de l’AS GNN, l’ AS FAN, l’AS Douane et l’USGN au terme de la 15è journée, avec 9 points de retard derrière le premier du classement. Mais, rien n’est perdu d’avance, assure le président du club, confiant. « Ensemble, nous pouvons surmonter tous les défis, notre travail d’équipe est notre plus grande force », dixit M. Abdoulaye Moussa Bako.
Après s’être adjugé le prestigieux titre de Champion du Niger en 2022, l’AS Nigelec est partie représenter le Niger en Champion’s League africaine où le club a pu passer le premier tour en éliminant une équipe guinéenne, avant de se heurter à des grands favoris, notamment le Raja club de Casablanca, qui l’a emporté sur un score de 2 buts à 0. « Après la défaite contre le Raja, nous avons rencontré un club égyptien, Pyramide FC qui sera d’ailleurs, par la suite, vainqueur de la compétition, que nous avons battu ici sur nos propres installations au match aller. Ils ont souffert, mais au match retour, les conditions ont fait que nous n’avons pas pu donner le meilleur de nous-même et ils nous ont éliminés », explique le président du club.
Aujourd’hui, plus qu’hier, la posture des entraîneurs de l’AS Nigelec consiste à motiver efficacement leurs joueurs, tant dans les bons que les mauvais moments. « Nos entraîneurs doivent incarner la confiance, non seulement par leurs mots mais aussi par leurs langages corporels, leurs comportements et leur posture. Pour le moment, la performance de l’équipe n’est pas si mauvaise. Les garçons se battent ,comme ils peuvent. Nous étions (jusqu’à la 8ème journée) la meilleure attaque et la meilleure défense de la Super Ligue 2024-2025. Nous devons retrouver ce niveau, nous pouvons espérer faire un meilleur résultat que l’année dernière où nous avons terminé 3e du championnat », estime le président de l’AS Nigelec.
Omar Abdou (Stagiaire)
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Sahel SC, « le club de quartier » le plus titré du Niger
Le Sahel Sporting Club reste et demeure le club le plus titré du Niger, toutes compétitions confondues. Son dernier trophée national remonte à une dizaine d’années, soit en 2017, lorsqu’il a remporté la Coupe Nationale. Les verts et jaunes du nouveau marché de Niamey, se sont imposés à Dosso, par tirs au but, en remportant pour la 12è fois la Coupe Nationale face aux pétroliers de l’Association Sportive de la SONIDEP. Ce trophée est en effet, le 34è du Sahel Sporting Club en 51 ans d’existence. Le club a remporté ainsi 12 fois le Championnat du Niger (entre 1974 et 2009), 12 fois la Coupe du Niger (entre 1974 et 2017) et 10 fois la Super coupe du Niger (entre 1991 et 2017). En termes de participation aux compétitions continentales, les Gazelles du Nouveau Marché ont fait 6 apparitions en Ligue des Champions d’Afrique, 3 apparitions en Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe, et 4 apparitions en Coupe de la confédération.

Fort de sa gloire légendaire, le club est aujourd’hui sur une performance plutôt moyenne, malgré les défis multiples et multiformes auxquels sont confrontés les clubs de quartier. « A chaque fois, il faut qu’on régularise les salaires, qu’on discute avec les joueurs pour qu’ils restent et qu’on négocie avec les nouveaux joueurs », explique le président du Sahel SC, M. Boubacar Saley dont le club a été confronté durement à un problème d’encadrement qui lui fait changer d’entraîneur à deux reprises, pour finir en 6è place au classement de la Super Ligue et sortir de la Coupe Nationale en quarts de finale.
Selon le président du Sahel Sporting Club, l’exécution du budget du club tel que fixé par l’Assemblée Générale s’avère très difficile. « La masse salariale, c’est plus de 3.000.000 millions de FCFA par mois. La saison, c’est plus de 30.000.000 millions de FCFA, sans compter les dépenses annexes comme les déplacements, les primes de matchs, les ordonnances pour les soins des joueurs en cas de blessure », se plaint M. Boubacar Saley. Le président du Sahel SC se dit malgré tout optimiste et apte à faire de nouveaux exploits. « Cette année, notre objectif c’est la Coupe Nationale », promet le président du club.
Omar Abdou (Stagiaire)
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