L’Iran met la technologie au service de la répression

(Genève) L’Iran a intensifié son recours à la technologie et à la surveillance pour réprimer la dissidence, plus de deux ans après le début des manifestations « Femmes, vie, liberté », dénonce vendredi une enquête de l’ONU.


En Iran, l’État déploie des « efforts concertés pour étouffer la dissidence, perpétuant un climat de peur et d’impunité systématique », résume la Mission internationale indépendante d’établissement des faits, créée en 2022 par le Conseil des droits de l’homme, dans un nouveau rapport.

Des méthodes qui font appel à « un recours accru à la technologie et à la surveillance, notamment par le biais de groupes d’autodéfense soutenus par l’État ».  

L’Iran a été secoué par de vastes manifestations déclenchées par la mort, en septembre 2022, de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22  ans, arrêtée pour avoir prétendument enfreint la règle vestimentaire stricte imposée aux femmes.  

La colère suscitée par sa mort s’est rapidement transformée en semaines de manifestations, défiant ouvertement les autorités.  

Criminalisation et répression

« Depuis deux ans, l’Iran refuse de reconnaître comme il le devrait, les revendications d’égalité et de justice qui ont nourri les manifestations de 2022 », a déclaré Sara Hossain, présidente de la mission d’enquête.  

« La criminalisation, la surveillance et la répression continue des manifestants, des familles des victimes et des survivantes, en particulier des femmes et des filles, sont profondément préoccupantes », souligne la mission.

Depuis avril 2024, l’Iran a renforcé les mesures policières et les poursuites pénales à l’encontre des femmes qui défient le port obligatoire du hijab, selon l’enquête.

Dans un premier rapport, la mission avait souligné que la répression contre les manifestants et les femmes constituaient des crimes contre l’humanité dans de nombreux cas.  

Ce nouveau document publié vendredi indique que jusqu’à présent dix hommes ont été exécutés pour avoir participé aux manifestations, tandis qu’au moins onze hommes et trois femmes risquent toujours l’exécution.

Amplificateur

« L’État a utilisé les outils numériques pour museler la dissidence, la technologie amplifiant et étendant le contrôle de l’État afin de restreindre la liberté d’expression et d’association, et de contrôler les prises de parole », souligne la mission.  

L’application Nazer permet à des « personnes autorisées » de signaler les infractions dans les véhicules privés.  

En septembre, elle a été mise à jour pour permettre la surveillance des femmes « dans les ambulances, les transports en commun ou les taxis », selon le rapport.  

Par ailleurs, en avril 2024, à Téhéran et dans le sud de l’Iran, les autorités ont eu recours à la surveillance aérienne par drone pour contrôler le respect du port du hijab.  

La mission a aussi constaté que les forces de sécurité soumettaient les enfants au même traitement que les adultes.  

La mission a recueilli des preuves sur l’exécution extrajudiciaire de six manifestants, trois enfants et trois adultes, ultérieurement présentés comme des suicides par l’État.  

Le rapport a également mis en avant des cas de violences sexuelles y compris des viols et des viols collectifs.

Ces violations n’ont pas d’écho dans le système judiciaire iranien qui manque d’indépendance, selon la mission.  

En deux ans, la mission a recueilli et conservé 38 000 éléments de preuve et interrogé 285 victimes et témoins. L’Iran a refusé à la mission l’accès au pays.


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