Le M23 peine à combattre l’insécurité dans Goma et Bukavu – DW – 10/03/2025

En RDC, la ville de Bukavu, le chef-lieu de la province du Sud-Kivu, tombée sous le contrôle du M23 après Goma, semble être la plus exposée à l’insécurité et au banditisme. 

Anne Marie Kwinja est une habitante de cette ville, dans la commune de Kadutu. Elle est étudiante mais fait son petit commerce après ses études. 

« Des bandits entrent dans des maisons, intimident le paisible citoyen et ravient ses biens de valeur et parfois même endeuillent des familles. Vous voyez que la situation est vraiment très très alarmante », se désole cette jeune étudiante, en essayant de décrire ce à quoi ressemble le quotidien de sa ville.

Les armes non contrôlées

Comme à Goma, la chute de la ville s’est accompagnée de l’évasion d’un millier de prisonniers de la prison centrale. Un climat aggravé par les nombreuses armes abandonnées par l’armée congolaise et leurs supplétifs, les Wazalendo, qui ont quitté Bukavu dans la précipitation.

La présence de ces anciens détenus est un défi majeur, explique Samy Jean Takimbula, président intérimaire de la société civile du Sud-Kivu.

« Chaque jour, on enregistre des pertes en vies humaines, chaque jour il y a des corps sans vie çà et là. Cela est dû à l’évasion de nombreux prisonniers qui sont armés. A peu près mille prisonniers. Et dans la prison centrale, il y avait plusieurs militaires aussi. Tous ces gens sont sortis sans qu’il y ait un suivi », explique Samy Jean Takimbula.

RDCongo | Le leader du M23 Corneille Nangaa lors de son meeting du 6 février 2025 à Goma
Les rebelles ont du mal à contrôler l’entièreté de Goma, qui compte près de deux millions d’habitantsImage : ALEXIS HUGUET/AFP via Getty Images

La ville de Goma, elle aussi, est touchée par cette hausse de la criminalité. Des habitants sur place parlent d’attaques conduites par des bandits armés qui tuent et qui pillent. 

« Autour de la ville de Goma et à l’intérieur, il y a plusieurs Wazalendo et plusieurs militaires qui se sont cachés dans les maisons. Il y a donc ce défi lié à toutes ces personnes incontrôlées qui ont des armes », témoigne cet habitant de Goma qui parle sous le couvert de l’anonymat.

Les Wazalendo, de jeunes combattants, anciens membres de groupes armés qui se sont alliés à l’armée congolaise mais se retrouvent désormais désœuvrés, sont accusés d’être en grande partie responsables de cette insécurité. Cet habitant de Goma préfère témoigner sous le couvert de l’anonymat.

Le défi numérique

L’importance des villes sous contrôle des rebelles est une autre difficulté. Les effectifs du M23 sont insuffisants pour contrôler une ville de plus d’un million d’habitants.

« Les effectifs des éléments militaires du mouvement AFC/M23 ne sont pas visibles dans tous les coins chauds. La population se demande où se trouve la sécurité qu’on doit lui assurer ? », explique Samy Jean Takimbula de Bukavu

Il poursuit en disant que « la population du Sud-Kivu est habituée à une présence des militaires et des policiers disséminés partout ».

Bukavu était, avant sa chute, une ville connue pour le dynamisme de ses activités économiques et financières, mais cela n’est plus le cas. Une grande partie de la population se retrouve sans source de revenus et cela nourrit les actes de banditisme, selon nos sources sur place. 
La Banque centrale de Kinshasa n’a toujours pas autorisé l’ouverture des banques, ce qui empêche aussi les habitants d’avoir accès à leurs économies.

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