Cinq ans après le début de la pandémie de COVID-19, les effets continuent de se faire ressentir chez les élèves de la province, notamment au niveau de leurs résultats scolaires et de leur santé mentale.
La présidente de l’Association des enseignantes et des enseignants francophones du Nouveau-Brunswick (AEFNB) , Stéphanie Babineau, souligne qu’il reste beaucoup de travail à faire pour atteindre les résultats scolaires d’avant la pandémie, mais elle reste optimiste.
C’est beaucoup du rattrapage individualisé que le personnel enseignant cherche à faire en même temps que chaque personne livre son curriculum et atteint les objectifs du ministère de l’Éducation
, dit-elle.
J’ai espoir, mais le défi est énorme.
Dans son rapport annuel 2023-2024, le ministère de l’Éducation et du Développement de la petite enfance reconnaît que la situation est difficile.
Plusieurs résultats d’évaluations au primaire demeurent relativement faibles comparativement aux résultats pré-COVID. C’est le cas notamment en mathématiques, tout particulièrement en 3e année, puis en 8e année, où les taux de réussite sont toujours plus de 12 points de pourcentage en deçà de deux de 2019
, peut-on y lire.
Le ministère dit avoir observé des tendances à la baisse dans des domaines tels que l’engagement et la satisfaction des élèves, la santé mentale et la résilience, ainsi que les compétences en numératie et en littératie.
La plupart des domaines se sont depuis redressés par rapport à leurs niveaux de l’ère pandémique, mais restent en dessous des niveaux d’avant la pandémie
, explique le ministère dans un courriel.
Plus d’enfants à risque
Les résultats l’Évaluation de la petite enfance- Appréciation directe en sont un exemple. Cette analyse volontaire, offerte aux enfants l’année avant leur entrée en maternelle dans tous les districts scolaires francophones du Nouveau-Brunswick, vise à mesurer le développement des jeunes.
Elle mesure leur conscience de soi et de leur environnement, leurs habilités cognitives, leur niveau de langue et de communication et leur motricité fine et globale.
En 2020-2021, le pourcentage de jeunes à risque et pouvant bénéficier d’un appui supplémentaire dans l’un de ces domaines était de 33,1 %, mais la COVID-19 a fait grimper les chiffres. En 2022-2023, cette proportion est passée à 36,9 % et a ensuite baissé à 34,5 % l’année suivante.
Le ministère explique que des fonds sont alloués aux écoles francophones et que des initiatives sont mises en place depuis l’année scolaire 2020-2021 pour aider à relever les défis de la pandémie.
Selon la présidente de l’AEFNB, Stéphanie Babineau, la santé mentale des élèves ressent encore, elle aussi, les répercussions de la pandémie de COVID 19.
Photo : Radio-Canada
La présidente de l’AEFNB explique que la situation est particulière, car les élèves ont des besoins très différents
et beaucoup plus importants qu’avant.
C’est une des raisons pour laquelle on revendique une stratégie de recrutement et de rétention du personnel enseignant certifié. On demande l’accès aux ressources nécessaires pour répondre aux besoins de ces enfants-là
, poursuit Stéphanie Babineau.
La santé mentale des jeunes affectée
Selon la présidente de l’AEFNB, il n’y a pas que les résultats scolaires qui sont toujours affectés par la pandémie, il existe encore des défis énormes et beaucoup plus pointus qu’avant
sur le plan de la santé mentale des jeunes.
Pour beaucoup d’enseignants, c’est plus inquiétant que le rattrapage scolaire au niveau académique
, dit-elle.
Lorsque l’on regarde le taux d’anxiété, le taux de dépression, le taux d’incidents violents dans notre système, le taux de décrochage; ce sont tous des symptômes d’un problème plus grand. Nos élèves ont besoin de plus en plus d’aide
, explique-t-elle.
Elle dit aussi constater une augmentation du nombre d’élèves dépendant aux jeux vidéo depuis la pandémie, un problème pour lequel les écoles n’ont pas suffisamment d’intervenants spécialisés.
Enseigner autrement
Ginette Bourque était enseignante en 2e année à l’école Grand-Digue pendant la pandémie. Malgré les embûches que doit aujourd’hui surmonter le système scolaire en raison de la COVID-19, Ginette Bourque reste optimiste et préfère s’attarder aux leçons positives que l’on peut en tirer.
Avec tout ce que l’on a vécu au niveau de la pandémie, on a beaucoup appris, nous les enseignants, comme système d’éducation
, dit celle qui est aujourd’hui leadeur en pédagogie active, consciente et inclusive avec une spécialité en pédagonumérique pour le DSFS.

Ginette Bourque était enseignante de 2e année à l’école Grand-Digue pendant la pandémie.
Photo : Radio-Canada / Allie Chouinard
Elle mentionne entre autres l’utilisation du numérique dans les salles de classe qui a grandement évolué au cours des dernières années.
Ça nous a donné l’opportunité d’apprendre à utiliser le numérique, pas seulement pour nous les enseignants, mais avec nos élèves. On a appris qu’on était capable de développer nos compétences numériques
, explique-t-elle.
En plus de l’utilisation du numérique, Ginette Bourque souligne que le développement des compétences auprès des élèves a également évolué.
Ce qu’on a appris de la pandémie c’est que l’on ne doit pas juste faire ça comme on l’a toujours fait. (…) On se disait avant : « Ah, là on travaille les savoirs, les savoir-faire. » Maintenant on prend le temps de travailler les compétences : les savoir-être
, explique-t-elle.
Avec les informations d’Alix Villeneuve et de Frédéric Cammarano
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