Dans l’univers des Ivoiriens au Ghana : Pris entre deux feux, rester ou partir ! (REPORTAGE)

Le Ghana compte une forte communauté d’Ivoiriens. Si certains s’en tirent à bon compte, nombreux sont ceux qui sont tiraillés entre demeurer sur place ou revenir au bercail.

Nous sommes à Kumasi, dans la deuxième grande ville du Ghana. Précisément au marché Kejetia, un des plus vastes du pays, avec ses milliers de boutiques et d’étals. Classé dans la catégorie de marchés hybrides, on y trouve un peu de tout : produits vivriers, viande, vêtements, cosmétique…Quant aux commerçants qui occupent ce vaste espace commercial, il est difficile de les dénombrer. Que dire alors des clients qui vont et viennent tout le temps, dans tous les sens ? Ici grouille un monde fou ! Les voies d’accès à ce vaste marché sont difficiles, compte tenu des camions et autres véhicules ainsi que les tricycles et les nombreuses motos qui y défilent. Conséquence, il y subsiste de monstrueux bouchons à n’en plus finir !

Dans cet environnement semblable à l’atmosphère qui règne dans les grands marchés d’Abidjan, notre équipe se lance dans un saut dans l’inconnu, à la recherche d’Ivoiriens et Ivoiriennes installés ou de passage à Kumasi. N’ayant ni guide ni accompagnateur, la tâche s’annonce difficile, mais pas impossible ! Car, au moins, une alternative s’offre à nous : s’informer et se renseigner, autant que faire se peut !

Toute l’équipe se met alors en branle. Journaliste, photographe et conducteur jouent à fond la carte ! En anglais, en ashanti ou encore en malinké. Tout y passe ! Fort heureusement, de fil en aiguille, au prix de mille et un efforts, on arrive à dénicher un magasin d’import-export, lieu où se rencontrent régulièrement Ivoiriens, Burkinabè, Maliens, Nigériens…

Il en parle avec passion

Soumaïla Garba, le « chef de famille » de la communauté ouest-africaine. (Ph: Abdoulaye Coulibaly)

Soumaïla Garba, le « chef de famille » de la communauté ouest-africaine. (Ph: Abdoulaye Coulibaly)

Cela fait près de quinze ans qu’il réside dans la plus grande ville du Ghana. En quinze années de présence, il dit avoir construit « pas à pas et pierre après pierre sa vie ». Marié à une jeune ghanéenne, l’Ivoirien partage avec son épouse « une joie immense » aux côtés de ses enfants. Même s’il fait, de temps en temps, « quelques crochets » en Côte d’Ivoire, il assure qu’il n’est pas prêt à quitter de sitôt du Ghana !

Parfaite maîtrise du twi

L’anglais et le twi, il les maîtrise parfaitement, presque à 100% ! Quant aux coins et recoins d’Accra, « je les ai dans ma paume », affirme-t-il, soutenant qu’il est « totalement intégré ».

Au sein de ce restaurant ivoirien, il y a aussi son aîné, le manager général du coin. A Accra depuis des lustres, lui aussi dit qu’il est parfaitement à l’aise au Ghana. Bien intégré d’ailleurs ! « Je vis avec ma femme et mes enfants. Je suis devenu citoyen ghanéen depuis fort longtemps. Dans quelques mois, nous allons emménager dans notre propre maison », lance-t-il avec fierté. S’il n’a, jusque-là, pas coupé le fil avec la Côte d’Ivoire, il assure qu’il y est allé il y a « très longtemps ».

Dans ce même registre, il faut aussi mentionner les cinq cents Ivoiriens qui, au terme de la proclamation de la fin du statut de réfugié ivoirien par les Nations unies en 2022, ont pris la décision de s’établir définitivement au Ghana. On les retrouve dans différents secteurs d’activité. Même si aujourd’hui, ils se trouvent confrontés au problème de la remise officielle de leurs passeports ivoiriens (par les autorités ghanéennes), ils ne sont pas prêts à regagner la Côte d’Ivoire.

Globalement donc, au nombre de 2 000 pour ceux qui sont enregistrés à l’ambassade et près de 2 000 aussi pour ceux qui ne le sont pas, les Ivoiriens au pays de l’ancienne Gold Coast « sont dans les petits métiers, dans les affaires, mais également de très hauts cadres (Dg de société, directeurs financiers…). Je suis très fier de les voir émerger dans ce pays. Surtout qu’on les retrouve à la tête de grosses multinationales », affiche fièrement l’ambassadeur ivoirien, SEM. Assiélou Félix Tanon.

Le diplomate ivoirien ne manque pas également de se réjouir de l’organisation mise en place par la diaspora ivoirienne, au sein de laquelle sont regroupés l’ensemble de ses concitoyens. « Eparses au départ, les associations regroupant les Ivoiriens ont consenti à mutualiser leurs forces dans une seule et unique faîtière, sur proposition de la chancellerie », informe le représentant diplomatique ivoirien, au cours d’un entretien qu’il nous a accordé à la chancellerie.

Il nous a expliqué que, compte tenu de leur nombre très important, les restaurateurs ont mis en place une association, membre à part entière de la faîtière. Le chef de la diplomatie ivoirienne au Ghana a aussi annoncé la création d’une autre association regroupant les stylistes ivoiriens.

Eux aussi, a-t-il tenu à préciser, seront membres de la faîtière. Il a, en outre, mis en lumière les préoccupations auxquelles ils se trouvent confrontés (voir interview). Toujours est-il que les membres de la diaspora ivoirienne bougent fort au Ghana.

ENVOYE SPECIAL AU GHANA

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