Le samedi 22 février 2025, le Conseil national de la Résistance iranienne a organisé une conférence pour commémorer la Journée internationale de la femme (JIF 2025). L’événement a rassemblé d’éminentse dirigeantes politiques, des défenseurs des droits de l’homme et des sympathisants de la Résistance iranienne venus de plus de 80 pays.
Dominique Attias est présidente du conseil d’administration de la Fondation des juristes européens. Elle est présidente de la Fédération européenne des barreaux depuis mars 2021 et ancienne vice-bâtonnière de Paris depuis janvier 2016.
Amie de longue date du mouvement de résistance iranien et des aspirations démocratiques du peuple iranien, Dominique Attias a prononcé un discours lors de l’événement JIF2025 à Paris, dont le texte est présenté ci-dessous.
Maryam Akbari Monfared : le symbole du courage incommensurable
Madame Radjavi, vous nous avez parlé de ces femmes qui ont sacrifié leur vie pour la liberté, pour la cause, pour l’Iran.
Vous nous avez tiré des larmes et aujourd’hui j’aimerais vous en parler, vous parler d’une femme, d’une femme que j’admire au plus haut point. Je vais lui parler à elle, elle s’appelle Maryam Akbari Monfared.
Maryam, Maryam, m’entends-tu derrière les murs de la sinistre prison de Qarchak, où tu as été transférée le 22 octobre dernier ? L’une des pires prisons pour les femmes en Iran.
Mon intervention t’est dédiée car pour moi, tu es le symbole du courage incommensurable de toutes les femmes iraniennes, des plus jeunes aux plus âgées, de l’intérieur comme de l’extérieur du pays.
Tu fais partie des plus anciennes, tu fais partie des plus anciennes détenues politiques d’Iran, plus de 15 ans, plus de 15 ans. Cette mère de 3 filles purge une peine dans les prisons du régime des mollahs.
Emprisonnée depuis 2019, maintenu longtemps à l’isolement sous l’accusation fallacieuse de Mohareb, ou inimitié à l’égard de Dieu suite à un simulacre de procès de 15 minutes.
Son seul crime : Chercher la justice
Son seul crime, ses liens avec les Moudjahidines du peuple, avec l’OMPI.
Elle avait osé en 2016 une plainte auprès du procureur de Téhéran à propos des exécutions extra-judiciaires de ses frères et sœurs, que vous voyez là.
Depuis la prison d’Evin en 2018, Maryam écrivait, la République islamique n’a apporté à l’Iran que la mort, le pillage et le sang versé.

Une voix qui ne peut être réduite au silence
Sans relâche, sans relâche, tu dénonces la situation tragique des iraniens et des iraniennes. En 2019 et en 2021, tu dénonçais dans des lettres les assassinats des manifestants.
Indomptable, Maryam, tu paies le prix fort de ta lutte. Pas un jour de liberté, en 15 ans. Tu n’as pas vu grandir tes 3 filles, ne pas les toucher, respirer leur odeur, suivre leur scolarité.
Existe-t-il une pire torture pour une mère ?
En juillet 2024, le régime a ordonné la confiscation de tes biens et ceux de tes proches.
Notre amie devait être libérée le 12 octobre dernier, mais sa peine a été prolongée de nouveau de 3 années, 3 longues années, toujours des motifs imbéciles, propagande contre le système insulte des dirigeants.
La peur du régime face à des femmes comme Maryam
Mais que croient ces mollahs et leurs valets sanguinaires, les pasdarans ? Que ton que le traitement qui t’est réservé va te faire fléchir ? Va servir d’exemple ? Faire peur aux iraniennes ? C’est mal les connaître.
En prison, Maryam et ses sœurs d’infortunes dont nombre sont opposantes politiques membres de l’OMPI continuent la lutte.
Tous les mardis, elle proteste contre les exécutions en chantant dans la cour de la prison, en refusant de bouger toute la nuit, en organisant des grèves de la faim. Peu leur importe la répression en retour.
La résistance se poursuit, à l’intérieur et à l’extérieur des prisons
Dans les villes et les campagnes, vous en avez parlé Madame Radjavi, les Unités de Résistance créée par le OMPI où il y a plein de femmes s’attaquent à la politique répressive des mollahs, en incendiant les symboles du régime, en écrivant des slogans contestataires, en affichant des bannières des pancartes.
Elles continuent tous les jours en attendant le jour J, pour prendre les armes.
Entendez-les fredonner le chant des partisanes, repris sur le modèle de celui de la Résistance française pendant la 2e guerre mondiale.
Amie entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
Amie entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaine ?
Oui, comme dit le chant des Partisans, l’ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes.


L’esprit inébranlable des femmes iraniennes
Ce chant, il est entonné aussi à Achraf-3. Les femmes et les hommes à leur côté consacrent toute leur énergie au soutien des forces de l’intérieur et à la lutte pour la libération de l’Iran.
Je les salue chaleureusement et les remercie de m’honorer de leur amitié. Rien ne fera faiblir la Résistance des femmes.
Elles peuvent être kurdes, baloutches, tadjiks, turkmènes, être de pratiques religieuses différentes, mais elles ont toutes en commun de subir une discrimination institutionnalisée dans un climat de misogynie, comme vous l’avez dit.
Une feuille de route vers la liberté
Voilà ce que vous avez compris de longue date, Madame Radjavi. Et vos compagnons de lutte aussi. Le plan en 10 points pour l’avenir de l’Iran constitue une magnifique feuille de route vers la démocratie.
Dans un Iran libéré, toutes les filles, toutes les femmes qui se battent au péril de leur vie dans les Unités de Résistance pourront enfin regarder comme un passé révolu le sort qui leur est actuellement réservé.
Depuis plus de 40 années, des générations de femmes se sont battues et se battent encore.
Certaines sont mortes en exil sans revoir leur terre natale, sans avoir vengé leur martyr. Beaucoup ont sacrifié et sacrifient toujours leur vie personnelle pour cette cause supérieure, la libération de leur patrie.
Mais tous ces sacrifices, vous l’avez dit, ne sont pas vains. La victoire est proche. Le rêve d’un Iran libéré est sur le point de se réaliser.
Nous ne resterons pas silencieuses
Les femmes sont toujours là, toujours là, y compris le 8 février dernier où nous étions toutes ensemble lors d’un grand rassemblement à Paris. Nous étions, c’est vrai à leurs côtés, nous sommes aujourd’hui à leurs côtés.
En décembre 2022, alors que l’insurrection battait son plein suite à la mort de Jina Mahsa Amini, Maryam Akbari Monfared appelait à la résistance depuis la prison de Semnan où encore elle avait été transférée.
Elle disait, « ne restez pas silencieux, criez »
Tu avais raison, Maryam
Nous ne restons et ne resterons jamais silencieuses avec toi et toutes les iraniennes, jusqu’au bout de la victoire, nous crierons sans fin, « Femme, Résistance, Liberté »
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