Révélations accablantes du Bureau du Vérificateur Général
Une récente mission de contrôle diligentée par le Bureau du Vérificateur Général (BVG) a mis en lumière des anomalies financières d’une ampleur considérable au sein de l’ambassade du Mali à Abu Dhabi. Le rapport d’audit, portant sur la gestion des exercices 2021 à 2024 (jusqu’au 30 septembre), révèle des manquements graves et des irrégularités financières s’élevant à plus de 202 millions de francs CFA. Ces malversations présumées impliquent l’ancien ambassadeur du Mali à Abu Dhabi, Mamary Camara, actuellement en poste à Kigali, au Rwanda, ainsi que deux agents comptables de la représentation diplomatique.
Détails des irrégularités financières constatées
Le rapport du BVG met en évidence une absence de justification pour l’utilisation de fonds substantiels alloués aux rémunérations et avantages du personnel local, totalisant 55 891 200 francs CFA. De plus, des dépenses indues, s’élevant à 10 879 333 francs CFA, ont été identifiées, tout comme un manque de justification pour des retraits effectués sur le compte bancaire de l’ambassade, représentant un montant de 34 502 266 francs CFA. Le paiement de dépenses fictives au titre de frais de scolarité, atteignant 17 753 106 francs CFA, figure également parmi les irrégularités notables.

Étendue des manquements et flux financiers suspects
Les investigations du BVG ont permis de constater que les irrégularités financières ne se limitent pas aux dépenses indues et fictives. Le rapport souligne également l’absence de justifications pour diverses autres dépenses, parmi lesquelles figurent des frais de location d’un montant de 30 809 320 francs CFA, des transferts de fonds effectués par l’ambassadeur vers son compte bancaire personnel pour un total de 22 939 080 francs CFA, ainsi qu’un écart de caisse non justifié s’élevant à 23 980 223 francs CFA.
Parcours diplomatique des personnes mises en cause
L’ancien ambassadeur Mamary Camara avait été nommé à son poste à Abu Dhabi par décret du Président de la Transition en date du 21 décembre 2021. Il a ensuite été relevé de ses fonctions le 5 avril 2024, en même temps que d’autres responsables diplomatiques. Ultérieurement, il a été désigné ambassadeur du Mali à Kigali, au Rwanda.
Saisine des autorités judiciaires compétentes
Les agissements constatés, impliquant les trois individus susmentionnés, ont été portés à la connaissance du procureur de la République en charge du pôle national économique et financier. De plus, le dossier a été transmis au président de la Section des comptes de la Cour Suprême pour examen approfondi.
Objectifs de la vérification financière
La vérification financière menée sur la gestion de l’ambassade du Mali à Abu Dhabi avait pour but de s’assurer de la régularité et de la sincérité des opérations financières, tant en termes de recettes que de dépenses. Les investigations ont porté sur divers aspects de la gestion, notamment les opérations relatives au personnel, la tenue des livres comptables, la gestion de la trésorerie, les dépenses courantes de fonctionnement, les frais de scolarité et médicaux, les charges locatives, les salaires, ainsi que le recouvrement des recettes propres de l’ambassade.
Typologie des irrégularités financières relevées
Le rapport du BVG met en lumière une variété d’irrégularités financières, incluant des dépenses indues, des dépenses fictives pour les frais de scolarité, un manque de justification pour les retraits bancaires effectués sur le compte de l’ambassade, une absence de justification pour l’utilisation des fonds destinés aux salaires du personnel local, des dépenses indues pour les soins médicaux, un défaut de justification pour les virements de fonds de l’ambassade vers le compte personnel de l’ambassadeur, un écart de caisse non expliqué, ainsi que la non-conformité de certains justificatifs de dépenses.

Responsabilités établies au sein de la représentation diplomatique
Les conclusions du BVG indiquent que l’ambassadeur et le secrétaire agent comptable ont conjointement ordonné et effectué des paiements indues, qu’ils ont également réalisé des dépenses fictives pour les frais de scolarité, qu’ils n’ont pas fourni de justifications pour les retraits effectués sur le compte de l’ambassade ni pour l’utilisation des fonds alloués aux salaires du personnel local. De plus, le rapport souligne que l’ambassadeur n’a pas justifié les dépenses relatives aux charges locatives de l’ambassade.
Actions spécifiques du secrétaire agent comptable
Le rapport révèle également que le secrétaire agent comptable a procédé à des paiements indues d’indemnités de déplacement et de mission, qu’il a tenté de justifier certaines dépenses avec des documents non conformes, que l’ambassadeur a engagé des dépenses indues pour des soins médicaux, qu’il n’a pas justifié l’utilisation de fonds de l’ambassade transférés vers son compte bancaire personnel, et enfin, qu’il n’a pas justifié un écart de caisse constaté lors de la vérification.
Recommandations du Bureau du Vérificateur Général
Face à ces constatations préoccupantes, le rapport du BVG conclut à la nécessité d’entreprendre des actions correctives afin de remédier à ces irrégularités et d’assainir la gestion des finances de l’ambassade du Mali à Abu Dhabi.
La rédaction.
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