l’espoir est-il enfin permis ?

Après le rendez-vous manqué du 15 décembre dernier, la rencontre annoncée demain à Luanda entre les protagonistes de la crise congolaise sera-t-il la bonne ? Cette dernière implication du président angolais permettra-t-elle de ramener la paix dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) ? C’est en tout cas l’espoir que caressent tous les Africains, les Congolais en premier. Certes, on pourra toujours regretter que les autorités congolaises aient trainé les pieds avant de se résoudre à discuter avec le M23. De même, quelques obstacles demeurent à surmonter. Toutefois, cette fois, on se raccroche au fait que tous les protagonistes semblent avoir épousé un certain réalisme.

Négociations laborieuses

Demain mardi, tous les Congolais auront l’oreille tendue en direction de Luanda. La capitale congolaise où autour du président Joao Laurenço, des émissaires du président Tshisekedi et ceux de la rébellion du M23/AFC devraient pour la première fois, commencé des discussions en vue de trouver une issue à la crise qui, ces dernières semaines, a culminé avec la prise de Goma et de Bukavu. Dans ces négociations qui s’annoncent laborieuses, on imagine bien que le rendez-vous de demain sera davantage celui d’une première prise de contact entre les parties. On sera donc encore loin de la cessation effective du conflit et du retrait des rebelles des zones qu’ils occupent et administrent désormais. Mais en soi, cette prise de contact passera pour une étape fondamentale sur la voie devant mener à la paix. D’autant qu’elle était inenvisageable il y a quelques jours encore. Car, d’une part, à Kinshasa, un éventuel dialogue direct avec les rebelles du M23 était encore la ligne rouge à ne pas franchir. Alors que, d’autre part, les rebelles, quant à eux, surfant sur les échecs retentissants infligés aux troupes congolaises, rêvaient de marcher désormais sur Kinshasa.

Une vision plus réaliste des choses

Mais curieusement, ces derniers temps, tout le monde semble être revenu à une vision plus réaliste des choses. D’abord, le pouvoir congolais a fini par admettre que ce n’est pas avec la fermeté imprimée aux seuls discours qu’on réussirait à inverser le rapport de force sur le front. Le président Tshisekedi et ses fidèles collaborateurs semblent avoir réalisé qu’en continuant à jouer aux fiers, ils risquaient de prêter le flanc à des adversaires politiques n’entendant pas se priver d’une telle aubaine pour administrer le coup fatal. Le président congolais a donc fini par accepter – du bout des lèvres certes – le principe de la négociation avec les rebelles du M23. Ces derniers, à leur tour, ainsi que leurs parrains rwandais, se sont aussi assagis entre temps. Le réveil de la communauté internationale et les premières sanctions sont certainement passés par là. En particulier, les Etats-Unis, l’Angleterre et la Belgique sont sortis de leur mutisme pour adopter des sanctions qui semblent avoir atteint leur objectif en réfrénant Kigali. Au point que Paul Kagamé, perdant de sa sérénité et de sa confiance habituelle, a épousé le discours de la complainte et même du chantage à l’égard notamment de l’Angleterre et de la Belgique.

Sauver la face

Ces derniers développements ont donc créé un nouveau contexte qui incline subitement tout le monde à se montrer raisonnable. Il s’ensuit que la tâche du médiateur angolais est plus que facilité. Bien sûr, chacun s’efforce de sauver la face. C’est ainsi que Tshisekedi s’est obstinément refusé à reconnaître lui-même qu’il enverrait des émissaires à Luanda. Cette mission à la fois délicate et ingrate, il la confiée à la porte-parole de la présidence. Quant aux rebelles du M23, ils persistaient jusqu’à hier, à subordonner leur déplacement dans la capitale angolaise à des garanties de sécurité. De la part des uns et des autres, ce sont là les ultimes surenchères. Mais à priori, tous seront là demain. Parce que même s’ils trop imbus d’eux pour le reconnaître, ils sont désormais eux-mêmes demandeurs d’une sortie de crise politique.

Boubacar Sanso Barry


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