Le président béninois, Patrice Talon, a une nouvelle fois mis fin aux spéculations concernant un éventuel troisième mandat en 2026. Dans un entretien exclusif accordé à l’hebdomadaire Jeune Afrique ce vendredi 14 mars 2025, le chef de l’État a fermement réitéré sa décision : « Une énième fois, je vous le redis : non, je ne serai pas candidat. » Une déclaration qui met un terme, pour l’instant, aux rumeurs persistantes sur ses intentions politiques après la fin de son second mandat.
Patrice Talon a souligné que sa position était définitive, affirmant que l’idée même de briguer un troisième mandat ne correspondait pas à sa vision de la gouvernance. « J’ai moi-même renforcé la Constitution pour stipuler que nul ne pourra exercer plus de deux mandats dans sa vie », a-t-il rappelé, insistant sur le respect des règles qui régissent son pays. Cette déclaration fait écho à ses réformes constitutionnelles précédentes, visant à limiter la concentration du pouvoir et à garantir une alternance politique saine au Bénin.
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Le président a également précisé qu’il ne souhaitait pas imposer de dauphin à ses concitoyens. Cependant, il a exprimé des préoccupations quant à la continuité de ses réformes. « Le prochain président sera mon président, celui de mon pays, de ma famille, de ma communauté et de tout ce qui m’est cher », a-t-il ajouté, une formule qui laisse entendre une vigilance post-mandat, sans toutefois laisser la place à une quelconque imposition d’un successeur particulier.
Au-delà de la politique intérieure, l’entretien avec Jeune Afrique a également été l’occasion pour Patrice Talon de revenir sur la situation sécuritaire au nord du Bénin. En effet, les attaques jihadistes se multiplient dans cette zone, et le président a déploré l’absence de coopération avec les autorités du Niger et du Burkina Faso. « Nous les relançons régulièrement, nous n’obtenons pas de réponse », a-t-il regretté, soulignant que les zones frontalières sont devenues des refuges pour les insurgés.
Cependant, une lueur d’espoir semble poindre dans les relations diplomatiques entre le Bénin et ses voisins. Le président a évoqué un rapprochement récent avec le Niger, notamment après la nomination d’un ambassadeur béninois à Niamey et la présentation des lettres de créances de l’ambassadeur nigérien à Cotonou. Selon Talon, cet échange symbolique pourrait permettre de restaurer la confiance et de résoudre, entre autres, le contentieux relatif à l’exportation du pétrole nigérien via le port béninois de Sèmè.
Dans l’entretien, Patrice Talon a aussi pris soin de démentir les accusations formulées par ses voisins sahéliens, concernant l’implantation de bases militaires étrangères secrètes au Bénin. « Il n’y a évidemment aucune base militaire étrangère secrète au Bénin », a-t-il catégoriquement assuré, dissipant ainsi tout doute sur la question de la souveraineté nationale.
Alors que le Bénin s’engage dans les dernières étapes du mandat de Patrice Talon, son message reste clair : il quittera le pouvoir en 2026, conformément aux règles de la Constitution. Mais à travers ses propos, il laisse entrevoir des préoccupations sur la préservation de ses réformes, souhaitant éviter qu’elles ne soient « déconstruites » par un futur président.
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La question demeure : après avoir consolidé son pouvoir et lancé des réformes profondes, Patrice Talon est-il en train de préparer le terrain pour une transition apaisée, ou son influence post-mandat sera-t-elle plus prégnante que ce qu’il semble vouloir admettre ? Une question qui continuera sans doute à alimenter le débat au Bénin, à quelques mois d’un changement politique majeur.
Prince Beganssou
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