Un journaliste otage d’Al-Qaïda révèle son secret pour tenir 711 jours au Mali : un art martial méconnu. Comment a-t-il résisté à l’enfer ?
Imaginez-vous enchaîné dans le désert, loin de tout, avec pour seuls compagnons vos geôliers et l’incertitude. Comment rester sain d’esprit pendant 711 jours dans de telles conditions ? Pour un ancien otage français au Mali, la réponse réside dans une discipline peu connue : le bagua zhang, un art martial chinois basé sur des mouvements circulaires et une philosophie d’adaptation. Cette pratique, découverte des années avant son enlèvement, est devenue son ancre, son refuge, et peut-être même sa survie.
Un Remède Face à l’Enfer de la Captivité
Enlevé en avril 2021 par un groupe lié à Al-Qaïda, cet homme, alors correspondant dans la région depuis six ans, a vécu près de deux ans dans des conditions extrêmes. Loin des caméras et des micros, il a puisé dans ses souvenirs d’entraînement pour transformer son calvaire en défi personnel. Le bagua zhang, qu’il pratiquait de manière irrégulière avant sa capture, s’est imposé comme une obsession quotidienne, un rituel salvateur.
Le Bagua Zhang : Plus qu’un Simple Sport
Le bagua zhang n’est pas un art martial ordinaire. Ses mouvements fluides, souvent décrits comme une danse guerrière, reposent sur une stratégie d’évitement et d’esquive. Contrairement à d’autres disciplines plus brutales, il mise sur la souplesse et l’adaptabilité, des qualités qui résonnent profondément dans une situation de captivité où le contrôle échappe totalement.
« Quand je m’entraînais, mes geôliers disparaissaient. J’étais ailleurs, puissant et calme à la fois. »
– Témoignage recueilli par une source proche
Cet art, qu’il avait découvert en 2004 et perfectionné lors d’un séjour à Taïwan en 2007 auprès d’un maître renommé, repose sur des principes uniques. Les **64 paumes**, techniques de combat du style qu’il affectionne, mêlent renforcement physique et maîtrise mentale. Pour lui, chaque geste était une petite victoire sur l’avilissement imposé par ses ravisseurs.
Un Corps Fort, un Esprit Inébranlable
Dans un environnement où il était parfois enchaîné, où les ordres dictaient son quotidien, la pratique physique est devenue une rébellion silencieuse. Il s’entraînait jusqu’à trois fois par jour, alternant entre formes linéaires, renforcement des jambes et frappes imaginaires. Même lorsque ses geôliers ont tenté de l’en empêcher, il a adapté sa routine en travaillant des postures statiques, ancrant son esprit dans un calme intérieur.
- Mouvements circulaires pour libérer l’esprit.
- Postures statiques pour résister à l’immobilité forcée.
- Renforcement physique pour contrer la faiblesse.
Cette discipline lui a offert bien plus qu’une simple activité : elle a redonné un sens à son corps, souvent malmené par la captivité. « Je me sentais fort physiquement, et donc fort mentalement », confie-t-il à travers une source proche. Une force qui l’a aidé à surmonter les moments où il pensait ne jamais revoir la lumière du jour.
Une Relation Ambiguë avec les Geôliers
Sa pratique n’est pas passée inaperçue auprès de ceux qui le retenaient. Au début, ses mouvements inhabituels, comme la fameuse **marche en cercle**, ont suscité des moqueries. Certains l’ont pris pour un excentrique, d’autres pour un fou. Mais avec le temps, une forme de curiosité s’est installée. Quelques-uns ont même exprimé le souhait d’apprendre, une demande qu’il a systématiquement refusée.
« Ça me rendait insaisissable à leurs yeux », explique-t-il. Cette bizarrerie calculée a peut-être joué en sa faveur, créant une distance psychologique avec ses ravisseurs. Il voulait aussi envoyer un message implicite : il n’était pas une proie facile, même désarmé et prisonnier.
Créer pour Survivre : L’Invention des Paumes
Privé de manuel ou de professeur, il a dû faire preuve d’ingéniosité. S’appuyant sur ses bases dans le style *Gao Yisheng*, plus direct et offensif, il a repris les huit mouvements fondamentaux pour construire sa routine. Mais il est allé plus loin : lorsque sa mémoire flanchait, il a inventé ses propres techniques, baptisant l’une d’elles en l’honneur de sa fille, une paume qu’il voulait « belle et efficace ».
Cette créativité n’était pas seulement un passe-temps. Elle lui permettait de garder un objectif, une structure dans un quotidien chaotique. Chaque nouvelle paume était un pas vers une maîtrise qu’il s’était juré d’atteindre, un moyen de transformer l’impuissance en pouvoir.
Quand le Corps Devient une Arme de Résistance
Dans les moments les plus sombres, comme après une tentative d’évasion ratée qui lui a valu d’être enchaîné aux chevilles, le bagua zhang a été son ultime rempart. Les exercices statiques, où il imaginait s’enraciner dans le sol, ont maintenu sa santé mentale intacte. « Sans ça, j’aurais pu sombrer », avoue-t-il avec une lucidité frappante.
Aspect | Rôle en captivité |
Mouvements physiques | Renforcement du corps et de l’endurance |
Postures statiques | Ancrage mental face à l’immobilité |
Création de techniques | Stimulation de l’esprit et sentiment de contrôle |
Ce tableau illustre comment chaque facette de sa pratique a contribué à sa survie. Le corps et l’esprit, travaillés en tandem, ont forgé une armure invisible contre le désespoir.
Un Retour à la Vie : Entre Excès et Renaissance
Liberé en 2023, il a retrouvé la liberté avec 15 kilos en plus, fruit d’une consommation effrénée de plaisirs simples : chocolat, charcuterie, bon vin. « Tout ce dont j’avais été privé, je l’ai savouré sans retenue », raconte-t-il avec une pointe d’humour. Mais derrière cette indulgence, le bagua zhang reste une part intime de son identité, un lien indéfectible avec ces 711 jours.
Depuis, il a partagé son histoire dans un livre, *Prisonnier du désert*, où il détaille cette expérience hors norme. Une manière de clore un chapitre, tout en rendant hommage à la discipline qui l’a sauvé.
Pourquoi le Bagua Zhang Fascine-t-il Aujourd’hui ?
Cette histoire ne se limite pas à un récit de survie. Elle met en lumière une discipline méconnue, souvent éclipsée par des arts martiaux plus populaires comme le karaté ou le judo. Pourtant, le bagua zhang offre une approche unique, alliant **souplesse articulaire**, **maîtrise de soi** et une philosophie d’adaptation qui séduit de plus en plus d’adeptes dans un monde imprévisible.
Son témoignage pourrait-il inspirer d’autres à explorer cet art ? Pour lui, c’est une certitude : « C’est une pratique qui vous prépare à l’imprévu, qui diminue le stress. Elle m’a porté là où je ne pensais pas tenir. »
Une Leçon Universelle de Résilience
Au-delà du Mali, au-delà de la captivité, cette expérience résonne comme un rappel puissant : même dans les pires moments, le corps et l’esprit peuvent trouver des ressources insoupçonnées. Le bagua zhang, avec ses cercles infinis et ses esquives subtiles, incarne cette capacité à contourner l’adversité, à transformer la contrainte en force.
Et si la vraie liberté, finalement, était celle qu’on construit soi-même, même au cœur des chaînes ? Pour cet homme, la réponse est claire. Sa survie n’est pas un miracle, mais le fruit d’une discipline qui l’a maintenu debout, jour après jour, jusqu’à l’aube de sa libération.
Un art martial qui sauve des vies : une histoire qui redéfinit la résilience.
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