Des cartes pour aider les enfants à mieux s’aimer: c’est l’outil qu’a développé une femme de Moncton, et qui sera proposé prochainement dans plus de 30 classes du primaire.
Joannie Duguay est fière: dans une dizaine de jours, 33 classes du District scolaire francophone Sud (soit environ 825 élèves, en prenant une moyenne de 25 jeunes par classe) vont avoir en main les cartes qu’elle a créées. Son projet se nomme #aimetoi et vise à redonner un peu d’estime de soi aux plus jeunes.
«L’intention, c’est de les aider à être bien avec eux-mêmes, parce que je sais que les enfants n’apprennent pas ça à l’école», explique cette passionnée de développement personnel, qui partage son temps entre ses activités de coach pour aider les femmes à s’épanouir et de tutrice pour les enfants qui ont besoin d’un coup de pouce à l’école.
Les cartes #aidetoi sont toutes simples. Sur chacune d’entre elles se trouve une «action du jour», une «gratitude du jour» ou une «affirmation», en quelques mots aisément compréhensibles par un enfant. Par exemple, on pourra y lire «Transforme quelque chose de négatif en positif», «Merci à la belle planète» ou «Je suis spécial.e».
«Ça peut devenir un mantra pour la journée, une citation que l’on fait écrire à l’enfant pour qu’il y réfléchisse, ou une discussion qu’on a avec lui», résume celle qui est elle-même mère de deux enfants.
Joannie Duguay dit avoir créé l’outil dont elle aurait aimé pouvoir profiter quand elle avait leur âge. «Je n’ai pas aimé mon enfance, je n’étais pas bien dans ma peau, confie-t-elle. Je n’ai pas eu de support pour apprendre à avoir confiance en moi: on ne me félicitait pas souvent, c’était tout le temps de la critique…»
Une véritable crise
À vrai dire, l’estime personnelle des jeunes d’aujourd’hui est encore pire que celle des générations précédentes. Une étude menée par l’Institut de la statistique du Québec a évalué que seuls 11,6% des élèves d’école secondaire de cette province avaient un niveau élevé d’estime de soi en 2022-2023, contre 19,8% en 2016-2017.
Au Nouveau-Brunswick, le portrait est probablement similaire, si l’on en croit Roseline Bezeau, qui organise une fois par mois des séances de «pleine présence» dans les écoles du District scolaire francophone Sud pour améliorer la situation. «On voit dès la maternelle que les élèves ont moins confiance en eux, témoigne-t-elle. Ils ne veulent pas parler, ils ne lèvent pas la main…»
La pleine présence, «c’est surtout des exercices de respiration, pour les aider à se concentrer, gérer leur stress et se sentir bien avec soi et les autres», dit-elle. Et c’est dans le cadre d’un module de cette activité que les cartes de Joannie Duguay seront utilisées avec les élèves du primaire, à partir du 24 mars. Roseline Bezeau, qui les laissera ensuite dans les classes, prédit que ce sera un succès: «Ils aiment faire des activités comme piger des cartes», assure-t-elle.
«Je me dis que peut-être, ils pourront utiliser mes cartes plutôt que faire 20 minutes d’écran», s’amuse Joannie Duguay, tout en restant sérieuse: l’impact négatif des réseaux sociaux sur l’amour-propre des jeunes, qui ont tendance à se comparer excessivement aux autres, a été démontré par plusieurs études, en faisant une des raisons principales de la crise actuelle.
Crédit: Lien source