Cynthia Hégron célèbre au cinéma les «Femmes Bâtisseuses»

COTONOU (© 2025 Afriquinfos)- L’Institut français du Bénin a accueilli, mercredi 12 mars 2025, dans la soirée, la projection du documentaire «Femmes Bâtisseuses du Bénin». Ce film, réalisé par la journaliste et reporter d’images Cynthia Hégron, met en lumière les parcours inspirants de vingt (20) femmes béninoises issues de divers horizons socio-professionnels. L’œuvre vise à sensibiliser le public sur l’égalité des genres et le rôle des femmes dans la société.

Les lampes sont éteintes, sur le podium, le géant écran s’illumine. La voix d’une jeune fille déchire le silence de l’obscurité qui régnait déjà sous la Paillote de l’Institut français du Bénin. Cette voix, c’est celle de Sarah Elegberou, 11 ans. Elle va plonger, en 27 minutes environ,  les cinéphiles dans l’histoire de vingt femmes béninoises d’impact. Si Cynthia Hégron l’a choisie pour jouer ce rôle, c’est surtout pour avoir une perspective narrative plus parlante qui puisse impacter la cible et créer le changement souhaité.

Des Béninoises mises en lumière par C. Hégron.

«Elle-même est à la recherche de quelle femme bâtisseuse du Bénin elle souhaite être à l’avenir. Et pour ça, pour moi, elle incarnait et pouvait parler à toute autre jeune fille qui regardera ce documentaire. Même en tant que femme, si on regarde ce documentaire à travers la voix de cette petite fille, on peut se retrouver et se chercher également», explique la réalisatrice du court-métrage «Femmes Bâtisseuses du Bénin» produit en 2024.

Cynthia Hégron est installée au Bénin depuis bientôt deux ans. A force de travailler sur le terrain, elle a réalisé combien les femmes sont « battantes et résilientes ». Aussi bien dans les activités libérales, en politique, en sport, dans le milieu universitaire que dans le rang des retraitées, les femmes béninoises bâtissent à leur manière « leur Bénin d’aujourd’hui et de demain ». Cette réalité édifiante a inspiré la journaliste à porter à l’écran ces modèles d’engagement féminin souvent banalisés ou moins valorisés.

Cynthia Hégron (à gauche)

20 figures de résilience

Le documentaire porte sur vingt (20) femmes de profils et de secteurs divers. On y retrouve un spécimen de juristes, activistes, commerçantes, médecins, femmes politiques, prêtresses, ingénieures, journalistes, athlètes, retraitées voire étudiantes. Chacune d’elle a pris la parole pour se présenter, se définir en tant que femme, décliner ses engagements et ses défis socio-professionnels, ses luttes et ses aspirations.

C’est le cas par exemple de l’avocate et femme politique réputée Marie-Elise Gbèdo, la juriste et défenseuse des droits humains Miguel Houéto, la journaliste Hermione Ligan, ou encore la militante féministe Chanceline Mevowanou, l’activiste contre les sachets plastiques, Sandra Idossou et de l’Ingénieure de Conception en Bâtiments et Travaux Publics (BTP), Saoudathou Agballa, pour ne citer que ces profils-là.

Le récit de chaque figure présentée est empreint de détermination, de rigueur et de courage. Courage de faire face aux préjugés et stéréotypes dans une société africaine et béninoise patriarcale maintenant les femmes sous domination. En mettant en avant celles qui essaient de bousculer les clichés ou normes socio-culturelles pour atteindre leur plein potentiel et participer au développement durable, Cynthia Hégron entend ouvrir l’esprit aux autres filles ou femmes que c’est possible d’accomplir leur rêve.

«Si vous attendez d’avoir des réponses à toutes vos questions, vous n’allez pas vous lancer. Et donc, si vous croyez en quelque chose, si vous avez un projet, lancez-vous», conseille Sandra Idossou vent en poupe contre les sachets plastiques au Bénin et pour la promotion du consommer local. Elle a pris part au panel résultant de la projection du film, aux côtés de Chanceline Mevowanou et Saoudathou Agballa. Cette dernière est la preuve vivante de «ce que l’homme peut faire, la femme aussi peut le faire». Porter le gilet d’ingénieur en tant que femme, dans un secteur à prédominance masculine, «il faut vraiment aimer le travail qu’on a choisi» pour s’imposer.

Le film réalisé, apprécié et après ?

Environ 27 minutes après, le géant écran s’éteint. Les lampes sont rallumées pendant que le public applaudissait vivement. Il a ainsi apprécié le documentaire qui ravive les engagements des unes et des autres. «Ma participation à cette projection n’a fait qu’accroître ma vision du pouvoir que détient la femme», témoigne Brunelle Padonou, cinéphile «fascinée» entre autres par la figure de l’adolescente Sarah Elegberou.

«Femmes Bâtisseuses du Bénin» inspire déjà des filles, des femmes et même des hommes qui l’ont visionné. Ce film, autofinancé par Cynthia Hégron, a encore un long chemin à faire pour atteindre la cible dans sa plénitude. Avec cette réalisation, elle projette d’organiser une tournée nationale au Bénin, de Cotonou à Parakou.

«Le but est de pouvoir approcher des jeunes femmes et jeunes filles et leur faire découvrir le documentaire. Ceci, afin qu’elles-mêmes puissent trouver quelles femmes bâtisseuses du Bénin elles veulent être. Elles ont sûrement déjà des idées, mais il faut qu’elles puissent être suivies ensuite par quelqu’un de leur communauté capable de les accompagner dans cette recherche et les aider à trouver leur place», clarifie la passionnée de vidéo qui a un «amour particulier» pour le Bénin riche culturellement.

En novembre 2024, Cynthia Hégron a fait découvrir son projet à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, une commune de France dont elle est originaire. Après avoir travaillé pour «Trace TV» en France et dans l’Océan indien, notamment à Madagascar, à l’Île Maurice et à la Réunion, elle s’est établie au Bénin où elle collabore à distance avec «Brut» et «TV5 Monde». Elle a découvert le continent africain en 2019 alors qu’elle était en voyage humanitaire au Togo. Au Bénin, souligne-t-elle, «il y a beaucoup de défis et de sujets qui sont, en tant que journaliste, intéressants sur le terrain».

Emmanuel M. LOCONON

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