C’est l’un des endroits les plus improbables de la planète pour produire du vin. La région du Haut-Ogooué, dans l’est du Gabon, compte pourtant un domaine viticole. Projet de prestige qui avait charmé Omar Bongo il y a vingt ans, au point d’en servir dans les ambassades à travers le monde, le vignoble d’Assiami, lancé sur les terres de l’ancien président gabonais et toujours détenu par la holding familiale, tente de se relancer et de se diversifier pour survivre.
De notre envoyé spécial dans le Haut-Ogooué,
Passé Ngouoni, à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Franceville, une discrète pancarte indique la piste menant au vignoble du Haut-Ogooué. Lorsqu’il ouvre une bouteille de Malymas rouge pour la dégustation, Vincent Mamfoumbi pense aux efforts consentis pour produire du vin sur l’Équateur. « Les défis sont multiples, reconnaît l’ouvrier agricole. Le climat n’est pas toujours favorable. Mais le cépage s’est adapté. On peut maîtriser l’aspect traitement et protection. Au départ, il y avait beaucoup de criquets, beaucoup d’insectes qui s’attaquaient aux feuilles, aux boutures et aux bois. Ça occasionnait beaucoup de chutes, on a eu beaucoup de pertes, on a essayé d’apporter quelques traitements pour pouvoir maintenir, contenir les ravages ».
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Un millier de bouteilles
Présent depuis l’ouverture il y a vingt ans, l’ouvrier viticole a connu les rêves de grandeur vendus à Omar Bongo : les 40 hectares plantés, la centaine de saisonniers mobilisés… « À la base, on avait le blanc, le rosé et le rouge. En ce moment, nous essayons de produire du rosé et du rouge et on s’efforce de présenter quelque chose de bien. Tout est fait sur place, la récolte, la vinification, l’embouteillage, l’étiquetage, le bouchonnage. » La réalité a rattrapé le vignoble où subsistent moins de quatre hectares de cépage Carignan noir et sept employés, pour moins d’un millier de bouteilles par récolte.
Régénérer en replantant
Appelé à la rescousse en 2018 pour diriger l’exploitation, Cédric Pabou a vu ses projets de relance perturbés par la période COVID, mais il veut croire à la pérennité du domaine. « C’est le seul vignoble d’Afrique centrale. On arrive maintenant à faire exprimer la vigne. Il faut passer à l’étape supérieure, c’est le replanting, puisque la vigne, ici au Gabon, sous un climat tropical, n’excède pas 15 ou 20 ans grand maximum. Donc l’important, c’est de régénérer tout en replantant tous les deux ou trois ans. La relance passera aussi par la diversification, notamment avec la plantation d’arbres fruitiers, peut-être en termes de jus de fruits, en termes de qualité de vin, pourquoi pas en alcool ? Nous, nous voulons rester à la base sur du côté artisanal. »
Attirer les jeunes
Le directeur du vignoble a noté les discours favorables à la diversification agricole portés par les autorités de la transition. Il espère que cela permettra d’attirer de jeunes gabonais intéressés par le travail de la terre et par un projet de vie sur les plateaux Batéké.
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