Samedi 12 juillet 2003, 15h50, la Guardia Civil espagnole, à Tordesillas, est appelée pour un accident mortel sur une petite route peu fréquentée. Sur place, la police retrouve sur le bas-côté le corps d’un touriste français : Simon Jochimec, 76 ans, héritier d’une fortune estimée à 6 millions d’euros. Sa femme, Dominique Louis, 45 ans, semble étrangement calme. Elle affirme que Simon a été fauché par une voiture alors qu’il changeait une roue. Elle l’a retrouvé mort sur le dos.
La Guardia Civil ne constate aucun problème sur la Peugeot du couple. On s’interroge sur la grande distance laissée par la conductrice entre la voiture et le triangle, 171 mètres. Ou encore sur la faible vitesse du chauffard. La police s’interroge, mais conclut à l’accident. La veuve rentre à Lyon.
Trois jours après, Simon est incinéré, bien que cela soit contraire à sa foi juive. Un mois et demi plus tard, un avis de décès dans un journal lyonnais annonce que Dominique a dispersé les cendres dans la Saône, ce qui choque les proches du défunt.
Dominique, un profil qui détonne
Des amis, perplexes face aux incohérences, alertent Jean-Yves Castellon, un policier de la brigade financière. Il découvre que Dominique, qui se fait appeler « Maud », a épousé Simon en secret dix mois avant sa mort. Ancienne policière, elle a quitté la profession pour se livrer à la prostitution haut de gamme.
Dominique se rend souvent en Espagne, où elle retrouve son amant de longue date, Jean-Claude Vaze, avec qui elle a un fils, Olivier, 16 ans. Sur des écoutes, les amants se disputent : « Toi et moi, on l’a fait quand même pour en arriver là !…Pas pour tout foutre en l’air. »
Les soupçons se dirigent rapidement vers le couple. Au départ, ils se protègent mutuellement, mais le pacte vole en éclats lorsque Jean-Claude suggère que Dominique aurait pu rouler elle-même sur le corps de Simon.
« La guerre est déclarée »
Piquée au vif, Dominique demande à être entendue. « Jusqu’à présent, ils tenaient une version tous les deux qui pouvait corroborer l’accident où personne n’était vraiment impliqué. Mais à ce moment-là, la guerre est déclarée », explique Richard Schittly, journaliste correspondant pour Le Monde au micro de RTL.
Cinq ans après les faits, le 21 janvier 2008, Dominique Louis et Jean-Claude Vaze sont jugés à Lyon. La veuve se présente comme une femme « sous influence », longtemps sous l’emprise de son amant. « C’est du chacun pour soi. Ils ne se regardent même pas. Ils sont très éloignés de ce qu’a été leur vie auparavant », se souvient Maître Isabelle Damiano, avocate de Jean-Claude Vaze pour L’Heure du crime.
Ce dernier dément toutes les affirmations de sa co-accusée. Dominique et Jean-Claude réfutent avoir commis un crime. En 2008, elle est condamnée à 28 ans de prison pour complicité d’assassinat. Jean-Claude Vaze est condamné à 30 ans de prison pour assassinat, mais fait appel.
Les invités de « L’Heure du crime »
– Maître Isabelle Damiano, avocate au barreau de Lyon et avocate de Jean-Claude Vaze.
– Richard Schittly, journaliste correspondant pour Le Monde à Lyon et auteur de l’ouvrage : « Les oubliés d’Action Directe » publié aux éditions La Manufacture de livres.
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