Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a exhorté dimanche 16 mars les constructeurs automobiles à « agir« , estimant que « plusieurs milliers » de voitures roulent encore en Guadeloupe avec des airbags défaillants de marque Takata.
« Je lance un avertissement sans frais aux constructeurs et à l’ensemble de la chaîne, a déclaré devant la presse Manuel Valls, en visite en Guadeloupe, à l’issue d’une rencontre avec des victimes de ces airbags défectueux. Je pense notamment au contrôle technique.«
Depuis le mois de mars, les centres de contrôle technique sont habilités à indiquer, sur leurs procès-verbaux, si les airbags d’une voiture sont à remplacer.
« Il y a plusieurs milliers, sinon plusieurs dizaines de milliers de voitures qui, en Guadeloupe, continuent de rouler et représentent un danger« , a poursuivi le ministre, invoquant « l’urgence absolue » de les remplacer. « Chacun est placé devant ses responsabilités, constructeurs et services techniques, a-t-il estimé. Chacun doit maintenant agir.«
Des airbags dangereux, à cause d’un risque d’explosion
Le scandale des airbags du fabricant japonais Takata — qui a depuis fait faillite — secoue le secteur de l’automobile depuis 2014. À cause d’un gaz qui vieillit mal dans les climats chauds et humides, comme en Guadeloupe, ils risquent d’exploser en projetant des pièces sur les conducteurs, en particulier lors d’accidents de la route.
« C’est la première fois que l’État nous reconnaît en tant que victime« , a réagi Bruno Guérin, dont le fils de 26 ans, Tristan, a été mortellement touché par une pièce d’airbag lors d’un accident, en mai 2023.
Président de l’association de victimes ADVAirBag, il espère désormais « obtenir une commission d’enquête parlementaire« .
« Il y en a plein (d’automobilistes, NDLR) qui sont encore pas forcément au courant, il faut que ça cesse » a quant à elle averti Raïssa Lancrerot, victime a subi « deux greffes » après avoir été gravement touchée au visage en 2021.
« Nous allons voir comment on peut beaucoup mieux communiquer, alerter, toucher plus directement les personnes au-delà des campagnes de communication, » a déclaré Manuel Valls, rappelant la mission d’inspection lancée par le ministre des Transports, Philippe Tabarot.
L’avocat Charles-Henri Coppet, qui accompagne des victimes et leurs familles dans plusieurs territoires ultramarins, a salué « un échange très constructif« .
« Je pense que Manuel Valls a compris la détresse des Guadeloupéens et qu’il va faire en sorte que des moyens autres soient donnés pour l’encadrement des constructeurs, des automobilistes et des concessionnaires » a-t-il ajouté.
Les constructeurs automobiles ont lancé de grandes campagnes de rappel
En France, 29 accidents liés à ces airbags ont été recensés, provoquant 11 décès en Outre-mer et un en métropole, selon le ministère des Transports.
Certains constructeurs, comme Citroën et Volkswagen, ont lancé de grandes campagnes de rappels, sous la pression du service de surveillance du marché des véhicules et des moteurs (SSMVM), enjoignant les propriétaires de voitures concernées à « cesser immédiatement » de conduire leur véhicule. Le sud de la France a été principalement concerné en 2024.
D’après le cabinet Coppet, rien qu’en Guadeloupe, des explosions d’airbags défectueux sont soupçonnées d’avoir fait « 10 morts et 14 blessés« . Après de nombreuses plaintes déposées, tous les dossiers de Guadeloupe ont été centralisés au parquet de Pointe-à-Pitre, et sont désormais traités par une seule juge d’instruction.
En Guyane, autre région d’outre-mer, la famille d’une victime est notamment défendue par Jérôme Gay, avocat au barreau d’Aix-en-Provence.
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