En pleine semaine de la francophonie, le Niger a annoncé lundi dans une lettre se retirer de l’OIF, dirigée par Louise Mushikiwabo. Une démarche que devrait entreprendre également le Burkina Faso.
Le Niger et le Burkina Faso, deux pays dirigés par un régime militaire hostile à la France, se retirent de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), une nouvelle affirmation de leur politique souverainiste. «Le gouvernement nigérien a décidé souverainement du retrait du Niger de l’Organisation internationale de la Francophonie», a écrit le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Laouali Labo, dans une lettre adressée aux ambassadeurs du pays. Le Niger, où l’OIF a été créée en 1970, est une ancienne colonie où la langue officielle est le français.
«Le Niger a écrit à la France et la France nous a informé de cette notification», a confirmé la porte-parole de l’organisation Oria K. Vande Weghe lundi soir sur TV5 Monde. «C’est une décision qu’on déplore mais qu’on respecte», a-t-elle réagi. «L’OIF considère peut-être être un dommage collatéral d’une situation géopolitique qui la dépasse», a-t-elle commenté, ajoutant que celle-ci resterait «près des Nigériens».
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Le Niger avait été suspendu de l’organisation quelques mois après le coup d’État, qui avait renversé en juillet 2023 le président élu Mohamed Bazoum. Quelques programmes avaient bénéficié d’une exception. L’OIF avait exigé un retour rapide à l’ordre constitutionnel et la libération de Mohamed Bazoum, séquestré depuis le coup avec son épouse dans le palais présidentiel. En réponse, les autorités nigériennes avaient annoncé suspendre leur coopération avec l’OIF, présidée par la Rwandaise Louise Mushikiwabo. Le pays compte 13% de francophones, soit un peu plus de 3 millions d’habitants.
«Le Burkina Faso a déjà annoncé une démarche similaire», a ajouté Oria K. Vande Weghe. Ce retrait, confirmé par d’autres sources, n’a pas été officiellement annoncé par les autorités burkinabè. «Bien entendu, les gens s’attendent peut-être à ce que le Mali suive», pays allié du Burkina Faso et du Niger par la confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES), «mais pour l’instant, il n’y a pas eu de démarche du Mali», a encore déclaré Oria K. Vande Weghe. «On espère que ce ne sera pas le cas», a-t-elle lancé.
Le Mali et le Burkina Faso sont également d’anciennes colonies françaises dirigées par des pouvoirs militaires. Le français y est une langue de travail. Basée à Paris, l’OIF compte désormais 91 États et gouvernements avec pour mission de promouvoir la «langue française et la diversité culturelle et linguistique», «la paix, la démocratie et les droits de l’Homme», ou encore «d’appuyer l’éducation».
Débaptiser des rues et monuments aux noms français
Depuis son arrivée au pouvoir à Niamey, la junte, dirigée par le général Abdourahamane Tiani, mène une politique souverainiste. Comme le Mali et le Burkina Faso, elle a rompu ses relations diplomatiques et militaires avec la France. Le Niger a également débaptisé en octobre des rues et monuments de sa capitales aux noms français. Le centre culturel franco-nigérien, qui portait alors le nom du réalisateur et ethnographe français Jean Rouch, a cessé de fonctionner en tant qu’établissement binational. La place de la Francophonie a été renommée «place de l’Alliance des Etats du Sahel».
Par ailleurs, le Niger, le Burkina Faso et le Mali se sont retirés de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), organisation qu’ils estiment inféodée à la France. Une décision annoncée en janvier 2024, effective en janvier dernier. Après des médiations vaines du bloc ouest-africain, quelques pays souhaitent toujours les convaincre d’un retour. Le président ghanéen John Dramani Mahama a récemment effectué une tournée dans les trois États à cette fin. En parallèle, les alliés sahéliens, frappés par des attaques jihadistes meurtrières, se sont rapprochés de la Russie diplomatiquement et militairement.
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