Quatre victoires, six podiums, voici pour le maigre bilan de l’équipe de France masculine qui s’apprête à vivre la dernière étape de la Coupe du monde à Sun Valley (États-Unis) à compter de samedi. Quatre succès, tous pour Clément Noël, c’est un de moins que la saison précédente seulement mais celle-ci avait vu les hommes grimper 11 fois sur la « boîte ». La blessure de Cyprien Sarrazin n’a rien arrangé, évidemment, mais le fait est que l’équipe de France recule dans la hiérarchie. La comparaison avec la Suisse est, par exemple, vertigineuse.
Seize victoires en 34 courses, 41 podiums, trois skieurs dans le Top 4 du classement général de la Coupe du monde et la possibilité de remporter tous les petits globes en plus du gros déjà raflé par Marco Odermatt, le bilan de la Confédération helvétique écrase tout. Pas seulement celui de l’équipe de France, évidemment, mais puisque nos voisins sont la référence actuelle, comme l’ont été les Autrichiens à diverses époques, c’est eux que regardent Alexis Pinturault, le plus expérimenté skieur tricolore.
Des budgets « 5 à 10 fois supérieurs » selon pinturault
« Comment expliquer la supériorité des Suisses et éventuellement l’infériorité française ?, se questionnait ce dernier dans notre émission Chalet Club il y a deux semaines. Oui, il y a des questions sportives, des choix et des politiques qui peuvent être mis en place pour améliorer la situation, les résultats à l’instant T. Par contre, il y a aussi, et ça, il faut quand même le souligner, des moyens qui sont monstrueux du côté suisse. Et presque toutes les autres nations derrière sont un peu à la ramasse, notamment la France. »
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Le vainqueur du gros globe en 2021 va plus loin, évoquant des budgets « 5 à 10 fois supérieurs » côté suisse. En difficulté financière depuis plusieurs saisons, la Fédération française de ski a dû réduire la voilure et demander des efforts aux athlètes qui doivent, par exemple, payer eux-mêmes leur billet d’avion pour le stage d’avant-saison à Ushuaia. Un investissement conséquent pour certains. A l’inverse, chez les Suisses, les vannes sont ouvertes et les différences colossales à l’arrivée.
« Quand les Suisses ont des groupes de 4 athlètes au maximum avec un voire deux kinés, quatre coachs, en équipe de France, on est sur des structures où il y a 10 athlètes pour quatre coachs là aussi, et un voire deux kinés« , liste Pinturault. Un exemple évident mais le skieur de Courchevel va plus loin expliquant comment les Suisses utilisent l’avantage financier qu’ils ont.
Le contre-exemple du biathlon
« Il y a la recherche et le développement qui sont aujourd’hui monstrueux. Les Suisses ont des ingénieurs qui suivent la météo. Ils ont des stations qui les suivent partout, qu’ils posent au milieu des pistes pour avoir les meilleures réponses. Ils ont des ingénieurs qui analysent les GPS, d’autres qui analysent les tissus en fonction de la vitesse, de l’hygrométrie pour avoir une meilleure pénétration dans l’air et potentiellement gagner un dixième par-ci, deux dixièmes par-là. »
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En somme, la Suisse a totalement pris le pli de la professionnalisation à outrance qui a gagné le ski alpin comme elle gagne tout le sport de haut niveau depuis quelques années. « Il a parlé de chiffres, les chiffres sont justes, abonde notre consultant, Jean-Pierre Vidal. Pour être clair, la Fédération suisse a cinq fois le budget de la nôtre. Mais il faut regarder le biathlon où la France cartonne et où on a aussi des budgets inférieurs à d’autres. Moi je pense que ce qui est important aussi, c’est la densité à la base.«
Celle-là même qui permet à la Suisse d’enquiller les podiums de Coupe du monde ou aux Mondiaux. Privée de sa locomotive (Cyprien Sarrazin) depuis la fin décembre, la France attend que la relève prenne le relais. Pourra-t-elle rattraper son retard sur la Suisse ? Rien n’est moins sûr tant la tendance est à la baisse dans les dépenses de l’Etat et donc des Fédérations. Elle devra compter, comme souvent, sur un talent hors-norme pour se battre avec des nations bien plus riches et denses qu’elle.
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