La question du port du voile en compétition crée à nouveau des remous au sein de la classe politique

Mais en attendant, ce « couvre-chef », qui cristallise des tensions nationales récurrentes, a provoqué une réunion à Matignon, mardi midi, autour de François Bayrou, pour une mise au point avec plusieurs ministres concernés : Élisabeth Borne (Éducation), Gérald Darmanin (Justice), Bruno Retailleau (Intérieur), Marie Barsacq (Sports) et Aurore Bergé (Égalité).

Afin de réaffirmer la ligne officielle du Premier ministre : « soutien à la proposition de loi amendée qui a été portée au Sénat » et donc « pas de signe religieux ostentatoire dans les compétitions sportives », comme l’a assuré, mardi après-midi, Aurore Bergé, lors des questions au gouvernement à l’Assemblée.

Mise en garde de Marie Barsacq contre les « amalgames »

Ce regain d’agitation est né des déclarations, la semaine dernière, de Marie Barsacq. « L’objectif du ministère des Sports est de donner l’accès à la pratique sportive à tous et toutes », avait-elle expliqué, lors d’une audition devant les députés. En mettant également en garde contre les « confusions » et les « amalgames », ajoutant que « le port du voile n’est pas de l’entrisme » religieux.

« Je suis en désaccord radical avec elle, avait réagi samedi Bruno Retailleau dans une interview au Parisien. Je rappelle à Marie Barsacq que le Sénat a voté la proposition de loi sur la laïcité dans le sport. Le gouvernement y était favorable et l’est toujours. Le fondamentalisme n’a aucune place dans le sport. »

Lundi, ce fut au tour d’Élisabeth Borne d’entrer dans la partie, sur France Info, en estimant qu’il était « de la responsabilité des Fédérations de définir leur règlement intérieur ».

Avant la charge d’un autre « poids lourd » du gouvernement, Gérald Darmanin, mardi matin, sur TF1 : « Il faut interdire le voile dans les compétitions sportives, c’est une évidence », a déclaré le ministre de la Justice, en précisant qu’il « regrett [ait] que la ministre des Sports comme la ministre de l’Éducation nationale ne soutiennent pas plus cette autorité républicaine ».

Avant d’augmenter la pression, juste avant la réunion à Matignon, mardi matin, auprès du Parisien : « Si le gouvernement est favorable au port du voile dans les instances sportives, on aura un sujet de participation. »

Gérald Darmanin a voulu rappeler ses fondamentaux

S’en est donc suivie la séance de remise en ordre, sur injonction du Premier ministre, mardi midi, avec un rappel à la « solidarité » gouvernementale. Une réunion au cours de laquelle Marie Barsacq a « réaffirmé sa position inchangée : elle est alignée avec l’avis favorable du gouvernement sur la proposition de loi du sénateur (Michel) Savin », nous précisait-on, mardi soir, dans l’entourage de la ministre des Sports.

Également sollicité sur cette réunion à Matignon, l’entourage de Gérald Darmanin estime qu’il « n’y a pas de sujet » concernant les propos du ministre de la Justice, puisqu’il est « sur la position du gouvernement ».

« La logique, c’était de rappeler politiquement quels sont nos fondamentaux, nos valeurs et leur respect, nous précise-t-on. Le ministre est très attaché à la laïcité et la loi contre le séparatisme (votée en 2021 et alors portée par Darmanin lorsqu’il était à Beauvau) était le ciment de tout ça. On a des positions claires et anciennes sur le sujet. »

Michel Savin (LR) va interpeller le Premier ministre sur cette « cacophonie » gouvernementale

En face, Patrick Kanner, ex-ministre de la Ville et des Sports et président du groupe socialiste au Sénat, fustige un « durcissement des discours et des pratiques » de l’exécutif, tout en écartant un quelconque « angélisme » personnel sur « l’entrisme salafiste dans certains clubs ».

« Mais sous prétexte de laïcité, on en est en train de transformer un principe fondamental de la République en outil d’exclusion, nous explique-t-il. On fait de ce texte législatif une arme politique au lieu d’en faire une source d’équilibre, tout cela à la main de Bruno Retailleau. Ce n’est pas un trouble à l’ordre public que de porter un voile dans une compétition, si la Fédération à laquelle vous appartenez n’y voit pas d’inconvénient. Notre pays a d’autres priorités que la création de fractures inutiles. »

Cette polémique mal éteinte va revenir lors des questions au gouvernement des parlementaires, ce mercredi après-midi. Le sénateur (LR) de l’Isère Michel Savin, cosignataire de cette fameuse proposition de loi sur le « respect de la laïcité dans le sport » souhaite interpeller le Premier ministre sur cette « cacophonie » gouvernementale. « Je veux aussi rappeler qu’il y a eu un vote au Sénat et que la grande majorité des acteurs du sport attendent un cadre pour faire face à cette situation », nous affirme-t-il.

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