A l’instar du Niger et du Burkina Faso, le Mali quitte l’Organisation internationale de la Francophonie
«Un instrument politiqué téléguidé»
L’OIF, «au lieu d’accompagner ces pays dans la réalisation des objectifs légitimes de leurs peuples, (…) s’est illustrée par l’application sélective de sanctions sur la base de considérations géopolitiques et le mépris pour leur souveraineté», affirment les ministres des Afffaires étrangères de l’AES dans un communiqué conjoint mardi soir.
Elle est ainsi devenue «un instrument politiqué téléguidé», dit le texte. L’OIF avait suspendu les trois pays après les putschs qui y sont survenus.
Le Mali avait été suspendu de l’OIF en août 2020, après un coup d’Etat militaire qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta, à la tête depuis 2013 de ce pays sahélien plongé depuis des années dans une crise sécuritaire, politique et économique. L’organisation avait appelé à la libération du président Keïta, «ainsi qu’à la mise en place, dans les meilleurs délais, d’un gouvernement de transition conduit par une autorité civile».
Des rues rebaptisées
Le putsch d’août 2020 au Mali a été suivi d’un autre en 2021. Les colonels au pouvoir ont rompu en 2022 l’alliance ancienne avec la France et ses partenaires européens, pour se tourner militairement et politiquement vers Moscou. Ils ont manqué à l’engagement qu’ils avaient pris initialement sous la pression internationale de rendre le pouvoir à des civils élus en mars 2024. Aucune nouvelle échéance n’est fixée.
Des rues et places de Bamako, dont plusieurs évoquaient l’ancienne puissance coloniale française et l’organisation régionale ouest-africaine, ont été rebaptisées en décembre 2024. Les rues Faidherbe, Brière de L’Isle, Archinard − des figures de l’administration coloniale française − sont devenues respectivement les rues Mamadou Lamine Drame, Banzoumana Sissoko et El Hadj Cheick Oumar Tall. L’avenue Ruault a pris, elle, le nom du capitaine Sékou Traoré.
Le fait de rebaptiser des rues portant des noms faisant référence à l’histoire coloniale de la France est devenue récurrente dans les régimes militaires sahéliens qui ont fait du respect de leur souveraineté leur mantra, et ont désormais des relations orageuses avec la France. Le Niger et le Burkina Faso ont également changé des noms de rues et monuments évoquant des figures françaises ces dernières années.
Rapprochement avec Moscou
Au Mali, le français était depuis l’indépendance de la France en 1960 l’unique ancienne langue officielle. Le français est devenue langue de travail en juillet 2023 avec l’adoption d’une nouvelle Constitution. Parallèlement, la multitude des langues traditionnelles parlées dans le pays sont devenues toutes langues officielles. Selon l’OIF, le pays compte 3,7 millions de francophones sur une population totale de plus de 23 millions d’habitants.
Basée à Paris, l’OIF compte désormais 90 membres et a pour mission de promouvoir la «langue française et la diversité culturelle et linguistique», «la paix, la démocratie et les droits de l’homme», ou encore «d’appuyer l’éducation».
Par ailleurs, le Niger, le Burkina Faso et le Mali se sont retirés de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), organisation qu’ils estiment inféodée à la France. Une décision annoncée en janvier 2024, effective en janvier dernier. Après des médiations vaines du bloc ouest-africain, quelques pays souhaitent toujours les convaincre d’un retour. Le président ghanéen John Dramani Mahama a récemment effectué une tournée dans les trois Etats à cette fin. Les trois alliés sahéliens, frappés par des attaques djihadistes meurtrières, se sont rapprochés de la Russie.
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