Sous-préfet Idabato • Les troublants secrets de sa libération

L’émotion était palpable ce mardi 18 mars 2025 au ministère de l’Administration territoriale. Après cinq mois et demi de captivité aux mains de pirates, Félix Roland Ewane, le sous-préfet d’Idabato, a été présenté à la presse nationale dans une mise en scène soigneusement orchestrée par le pouvoir.

Les zones d’ombre d’une libération “sans condition”

Durant cette conférence de presse théâtralisée, Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale, s’est empressé d’affirmer que la libération s’est faite “sans condition”. Une déclaration qui suscite plus de questions que de réponses selon les experts en sécurité consultés par 237online.com. Comment croire qu’après avoir exigé une rançon de 1,9 milliard de FCFA, les ravisseurs aient soudainement libéré leur otage par pure bonté d’âme?

Les “hautes instructions” qui ont tardé à produire des résultats

Le MINAT n’a pas manqué de glorifier “les hautes instructions du chef de l’État” données “dès l’enlèvement”. Pourtant, ces instructions présidentielles miraculeuses ont mis plus de cinq mois à porter leurs fruits, laissant l’autorité administrative endurer “des sévices corporels et des maltraitances” comme l’a lui-même reconnu le ministre. Un témoin de la cérémonie a confié à notre rédaction: “Ewane est méconnaissable, il a perdu beaucoup de poids et semble traumatisé.”

L’otage oublié d’Idabato

Si aujourd’hui le gouvernement pavoise en célébrant cette libération, il convient de rappeler qu’un autre otage, le deuxième adjoint au maire d’Idabato, croupit toujours en captivité. Une situation qui illustre les limites de l’action gouvernementale dans cette région frontalière volatile où les pirates opèrent en toute impunité depuis des années.

Cette affaire révèle une nouvelle fois les défaillances sécuritaires dans la péninsule de Bakassi, territoire disputé puis attribué au Cameroun, mais où l’autorité de l’État reste fragile. Pendant que les discours officiels tentent de masquer la réalité, les populations locales continuent de vivre dans la peur des enlèvements et exactions.

Par Alain-Claude Ndom pour 237online.com