Dialogue au point mort, dissolutions en cours, manque de mesures individuelles… Les tribunes françaises en plein brouillard

Alors que le dialogue entre les autorités et les acteurs du supportérisme en France a été totalement rompu depuis le départ de l’ex-ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera, et que les arrêtés d’interdictions ou d’encadrements de déplacements ont explosé cette saison, voilà que le ministère de l’Intérieur s’est lancé dans un processus de dissolution de plusieurs groupes. Ce qui interroge, une fois de plus, sur la gestion des tribunes hexagonales.

« Pas de dialogue, pas de calme, aucune compréhension entre les acteurs. » Cette phrase, d’un directeur de la sécurité d’un grand club de Ligue 1, résume parfaitement la situation des tribunes françaises depuis plusieurs mois. Tous les acteurs dans le monde du supportérisme sont unanimes pour dire que le dialogue avec les autorités – ministères des Sports et de l’Intérieur – est complètement au point mort.

Ces dernières années, le passage d’Amélie Oudéa-Castéra au ministère des Sports avait permis de ramener un dialogue assez fort entre toutes les parties. « Cette ministre avait compris le principe de foncer vers une individualisation des sanctions, même si c’est toujours difficile d’avancer la volonté était là », répète un membre de l’Instance nationale du supportersime (INS). Depuis son départ, les signes envoyés par les autorités ne sont pas accueillis favorablement par les supporters. Cette saison, par exemple, les arrêtés d’interdictions ou d’encadrements de déplacements ont explosé. Un très mauvais signe. 

Le processus de dissolution débute

Pour expliquer ces mesures, le ministère de l’Intérieur met en avant la trop forte mobilisation des forces de l’ordre autour des rencontres de football. « Vous prenez Marseille, un soir de grand match, les policiers locaux ne sont pas mobilisés au bon endroit, ils sont pratiquement tous au Vélodrome », commente un syndicat de police du sud de la France. Cet argumentaire est aussi mis en avant par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.

Les différents groupes de supporters sondés se montrent inquiets sur la suite des événements. Depuis vendredi dernier, la première étape du processus de dissolution de plusieurs groupes de supporters a été lancée. Plusieurs sources proches du ministère de l’Intérieur confirment que ce n’est qu’une étape dans l’objectif de ramener le calme dans les tribunes françaises. D’autres groupes pourraient être concernés dans les prochains mois. En attendant, les policiers sont toujours mobilisés de manière importante les soirs de match. Depuis l’interview du ministre de l’Intérieur sur RMC fin octobre, rien n’a vraiment changé.

Même si du côté des clubs concernés, on met en avant « une mesure politique » visant des « endroits qui ne vont pas embêter le ministère de l’Intérieur ». Depuis deux semaines, les banderoles fleurissent dans les tribunes pour soutenir les groupes visés par ces procédures. Les autorités surveillent avec attention une potentielle convergence des luttes dans les tribunes de football. « C’est le scénario du pire pour les autorités, c’est le scénario qu’il faut éviter, avec du dialogue », poursuit ce responsable de la sécurité d’un club de Ligue 1. Avec ce processus de dissolution qui vise des groupes entiers de supporters, les autorités mettent de côté les mesures individuelles pourtant prônées par les associations de supporters. Un acte, et un message, qui ne sont pas du tout compris dans plusieurs groupes. 

Les chants insultants, une procédure trop complexe ?

Depuis plusieurs mois, les speakers enchaînent les avertissements lors des rencontres de Ligue 1 et de Ligue 2 afin de faire stopper les chants insultants ou homophobes, comme au Parc des Princes, dimanche soir. Sauf que dans les faits, les acteurs sondés, dont les arbitres, sont assez unanimes pour affirmer que la procédure en place est trop complexe pour avoir une application « similaire sur l’ensemble des pelouses du championnat », explique un arbitre de Ligue 1. Et d’ajouter: « Sur le papier, c’est très bien, mais c’est trop complexe pour un arbitre de gérer cette situation. Heureusement, les délégués sont assez réactifs mais ça reste une situation sous tension où l’aspect de sécurité publique est aussi à prendre en compte. »

« J’ai l’impression que l’on devient des policiers », souffle cet arbitre assistant de Ligue 1, en première ligne face aux insultes les soirs de match. « Vous prenez l’exemple de dimanche soir, avec une banderole, la rencontre est complètement oubliée », ajoute cette source policière, pour qui la situation a été « parfaitement gérée ». Pour le moment, les instances n’ont pas prévu de revoir le processus en cours. 

Surtout que depuis 24 heures, dans le petit monde du supportérisme, on « rigole bien » des analyses sur les différents plateaux de télévision et de radio concernant le mauvais filtrage du PSG avec la banderole sur Rabiot. « Vous prenez un gars, vous enroulez une partie de la banderole sur lui et vous faites ça avec 10 gars pour toutes les lettres d’un message, c’est simple comme bonjour », ajoute ce responsable d’un groupe de supporters. Encore plus simple quand les agents de sécurité font preuve « de laxisme ou de mauvaise palpation » sur différents stades du championnat. Un jeu d’enfant. 

Crédit: Lien source

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.