Pour son dernier one-man show à succès, l’humoriste, qui aime faire grincer des dents, s’est penché sur le vaste sujet de la santé -celles des autres, évidemment, mais aussi la sienne. Retour sur un spectacle à mi-chemin entre l’enquête et l’introspection.
Long travail de terrain
Jérémy Ferrari aime les spectacles à thème, et c’est lui qui le dit. Après Vends 2 pièces à Beyrouth, un one-man show très axé géopolitique et lancé en 2016, l’humoriste revenait en 2019 avec un nouveau projet, cette fois-ci sur le thème de la santé. C’est en 2018 qu’il décide en premier lieu de s’intéresser à ce sujet et annonce son ambition de dresser un vaste panorama de la question, en l’abordant sous tous les angles possibles.
Pour ce faire, il s’appuie pour cela sur un intense travail de recherche et de terrain, avec, entre autre, une immersion en service d’urgence hospitalier. Sur son site officiel, on peut ainsi retrouver les différentes sources qu’il a utilisées pour préparer Anesthésie générale : articles de presse, rapports, infographie… Mais aussi un extrait ultra-célèbre de la série Malcolm, dans lequel le personnage de Dewey tue aléatoirement ses jouets (“Toi, tu vis, toi, tu meurs”). Un passage qui en dit long sur l’ambition de Ferrari : s’attaquer aux inégalités en matière de vie et de mort.
Un spectacle coopératif
Mais ce n’est pas tout : pour imaginer Anesthésie générale, Jérémy Ferrari a aussi fait appel à ses (futurs) spectateurs bien avant de monter sur scène. Un an avant le lancement de sa tournée, Jérémy Ferrari lance sur sa chaîne Youtube un appel à témoignages plein d’humour, et invite sa communauté à lui transmettre leurs histoires avec le système de santé.
“Chaque chose qu’on ne veut pas vous dire, c’est vous qui le savez, mais vous n’avez pas de moyen de le dire aux autres” résume-t-il. “Ce moyen, c’est moi”. Via une adresse email créée avec sa boîte de production, Dark Smile, le comédien collecte des récits qui nourrissent l’écriture de son spectacle, et tisse ainsi un lien puissant avec le public, avant même de monter sur scène.
Introspection douloureuse
La santé dont Jérémy Ferrari fait le bilan, c’est aussi la sienne. Derrière l’état des lieux de l’hôpital public et de la Sécurité sociale, l’humoriste dessine en pointillé son propre parcours accidenté. Ex-alcoolique passé par une dépression intense et une tentative de suicide, il revient sur les heures les plus sombres de sa vie, toujours avec l’humour noir qu’on lui connaît, et livre quelques confidences cathartiques.
“Après avoir touché le fond il y a quelques années, je me suis soigné. J’ai appris qui j’étais et comment gérer mes problèmes afin de pouvoir en parler” confiait-il à Ouest France. “Parce que je sais que ça peut aider certaines personnes qui viendront me voir. Et puis j’ai le plus beau des témoignages, en tout cas le plus authentique : le mien”.
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