Soudan: L’armée reprend le palais présidentiel à Khartoum, les paramilitaires des Forces de soutien rapide contre-attaquent
L’armée soudanaise a repris vendredi le palais présidentiel aux Forces de soutien rapide (FSR), infligeant un coup dur aux paramilitaires qui ont riposté par un raid meurtrier de drones sur le bâtiment à Khartoum, près de deux ans après le début de la guerre.
La télévision d’État a diffusé des images de combattants célébrant leur conquête du palais, avant que trois de ses journalistes n’y soient tués par une frappe de drone, selon une source militaire. « Ils couvraient la reprise du Palais républicain par l’armée lorsqu’un drone des FSR a frappé le complexe, tuant et blessant également plusieurs militaires », a indiqué cette source à l’Agence France-Presse (AFP) sous le couvert de l’anonymat.
Le porte-parole du gouvernement et ministre de l’Information, Khalid al-Aiser, a déclaré que les victimes étaient un producteur, un vidéaste et un chauffeur de la télévision d’État.
Dans un communiqué publié sur Telegram, les FSR ont indiqué avoir lancé une « opération éclair » sur le palais. « La bataille pour le Palais républicain n’est pas terminée », ont-ils juré.
Des témoins ont signalé que plusieurs drones avaient ciblé la zone, où les soldats célébraient leur victoire dans des salles ravagées du palais.
Dans des vidéos diffusées par la télévision d’État, de jeunes volontaires ayant pris les armes aux côtés de l’armée, coiffés de bandanas jaunes, agitaient des drapeaux en hurlant sous les arcades noircies et les vitres brisées.
Des soldats ont partagé des vidéos sur les réseaux sociaux, sur lesquelles ils se félicitent à l’intérieur du palais présidentiel. L’AFP n’a pas pu vérifier ces images dans l’immédiat.
« Pas de négociation » avec les paramilitaires
Le chef de l’armée soudanaise, Abdel Fattah al-Burhane, a affirmé vendredi qu’il n’y aurait « pas de négociation » avec les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) tant qu’ils ne se retireront pas et ne déposeront pas les armes.
« Tant qu’ils porteront des armes, qu’ils occuperont les maisons des gens […] qu’ils sèmeront la peur au quotidien, nous n’avons ni mots ni paix pour eux », a-t-il déclaré dans une déclaration diffusée par l’armée.
La guerre au Soudan a commencé le 15 avril 2023, lorsque Khartoum est tombée aux mains des RSF. Leurs combattants ont rapidement envahi l’aéroport, les ministères et les immeubles de bureaux du centre de la capitale.
Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts, déraciné plus de 12 millions de personnes et provoqué la plus grande crise alimentaire et de déplacement de population au monde.
« Tournant majeur »
Après des mois de défaites humiliantes pour l’armée, le cours de la guerre s’est inversé à la fin de l’année dernière lorsque l’armée a lancé une contre-offensive dans l’État agricole d’Al-Jazira, au centre du pays, profitant de la défection d’un commandant local des FSR.
La reprise du palais présidentiel « est un coup dur pour les FSR, et une immense victoire symbolique pour les forces armées », a déclaré Alan Boswell, directeur de l’International Crisis Group pour la Corne de l’Afrique. « C’est un tournant majeur dans la guerre », a-t-il ajouté.
Le gouvernement soudanais, basé à Port-Soudan, sur la mer Rouge, et proche de l’armée, a salué la victoire.
Le ministre de l’Information, Khalid al-Aiser, a salué les « héros » qui combattent aux côtés de l’armée, un groupe hétéroclite comprenant d’anciens révolutionnaires pro démocratie, des miliciens islamistes et des forces autrefois fidèles aux FSR.
Dans un message vendredi diffusé par la télévision d’État, un porte-parole de l’armée, le général Nabil Abdallah, a déclaré : « Nos forces ont complètement détruit […] leurs équipements et pris le contrôle de l’un de leurs plus importants centres d’approvisionnement à Khartoum. » L’armée va continuer à « progresser sur tous les fronts jusqu’à ce que la victoire soit complète », a-t-il ajouté en référence aux FSR.
Depuis le 15 avril 2023, une guerre oppose le chef de l’armée, Abdel Fattah al-Burhane, à son ancien adjoint et commandant des FSR, Mohamed Hamdane Daglo. Ces dernières semaines, l’armée a repris dans la capitale le secteur de Khartoum-Nord ainsi que celui du Nil Oriental à l’est.
Les FSR tiennent toujours des positions à Khartoum et dans sa ville jumelle d’Omdourman, de l’autre côté du Nil Blanc.
« Continuer à se battre »
Un expert militaire a déclaré à l’AFP que les FSR avaient perdu des combattants d’élite lors de la bataille pour le palais présidentiel.
« L’entrée dans le palais républicain signifie le contrôle par l’armée du centre de Khartoum, la milice a perdu ses forces d’élite », a déclaré l’expert, sous couvert d’anonymat.
Pourtant, les FSR se sont engagées à « continuer à se battre » pour déloger l’armée des zones qu’elle a reprises.
« Ce qui restait des FSR s’est réfugié dans certains bâtiments » du centre de Khartoum, a indiqué à l’AFP une source militaire sous couvert d’anonymat.
L’armée a annoncé vendredi une opération visant à « nettoyer » le centre-ville des combattants des FSR encore présents.
La reprise du palais présidentiel par l’armée pourrait conduire à la reconquête du Grand Khartoum, mais la vaste région occidentale du Darfour et une grande partie du sud restent largement aux mains des FSR.
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