Côte d’Ivoire : Une croissance florissante, mais pour qui ?


Depuis une décennie, la Côte d’Ivoire affiche l’un des taux de croissance économique les plus élevés d’Afrique, atteignant en moyenne 6,4 %. L’inflation reste maîtrisée autour de 2,2 % et la pauvreté, selon les chiffres officiels, aurait reculé de 55,4 % en 2011 à 39,5 % en 2018. Pourtant, derrière ces chiffres encourageants, une question demeure : cette croissance bénéficie-t-elle réellement à la population ? 

Si l’économie ivoirienne progresse, son Indice de Développement Humain (IDH), lui, a régressé, passant de la 159ᵉ à la 166ᵉ place mondiale. Un paradoxe qui interroge sur l’impact réel de cette croissance sur le quotidien des Ivoiriens. L’éditorialiste Jemal Taleb souligne un problème structurel : 

A lire aussi : Indice de développement humain (IDH) : Le cours magistral de Thiam aux ministres-répondeurs du RHDP

« En Afrique, quand la croissance est élevée, cela signifie souvent que les richesses sont abondantes mais mal réparties. Le chômage reste élevé, la pauvreté persiste et l’investissement économique ne génère pas suffisamment de valeur ajoutée. » 

Un moteur de croissance alimenté par l’extérieur ? 

L’économiste Séraphin Yao Prao apporte un éclairage supplémentaire sur l’origine de cette croissance, largement soutenue par des investissements publics massifs après la crise politico-militaire de 2002-2011. « Ce taux de croissance repose sur un rattrapage économique. Après des années de division et de retard en infrastructures, des investissements colossaux ont été réalisés, souvent financés par des partenaires internationaux. » 

Autrement dit, cette croissance ne serait pas entièrement portée par une dynamique économique interne, mais plutôt par des aides extérieures et des projets de reconstruction. 

Si le président Alassane Ouattara revendique une réduction de la pauvreté, certains experts nuancent cette lecture. En réalité, les inégalités se sont creusées. Séraphin Yao Prao explique :  « 10 % des plus riches captent 30 % de la richesse nationale. Cela a permis l’émergence d’une pseudo classe moyenne qui représente environ 27 % de la population. Mais cela ne signifie pas une amélioration généralisée du niveau de vie. »  En clair, une minorité profite largement de la croissance, tandis qu’une grande partie des Ivoiriens peine encore à boucler ses fins de mois. 

Une croissance sans emploi ? 

Autre paradoxe : malgré des taux de croissance élevés, le chômage reste un problème majeur. De nombreux jeunes diplômés peinent à trouver du travail, et le secteur informel absorbe une grande partie de la population active.  Selon les analystes, cela s’explique par un modèle économique peu inclusif, où les richesses produites ne génèrent pas suffisamment d’emplois durables et bien rémunérés. 

Cliquez ici pour vous abonner à lvoir’Hebdo, meilleur journal d’investigation de Côte d’Ivoire et première meilleure vente

La Côte d’Ivoire est souvent citée comme un modèle économique en Afrique de l’Ouest, mais les réalités sociales rappellent que la croissance du PIB ne suffit pas à mesurer le bien-être d’un peuple. Tant que l’IDH ne progresse pas, que les inégalités persistent et que le chômage reste élevé, la question demeure : À qui profite réellement la croissance ivoirienne ? 

Prince Beganssou 

Amédé Kouakou à Tidjane Thiam : « Quand on n’a jamais payé d’impôts en Côte d’Ivoire, on ne peut pas critiquer l’IDH »

Crédit: Lien source

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.