Crise du drone entre Bamako et Alger : la justice malienne ouvre une information judiciaire pour « actes de terrorisme »
La justice malienne a ouvert une information judiciaire notamment pour « actes de terrorisme » après que le Mali a accusé l’Algérie d’avoir abattu un drone de son armée en territoire malien il y a quelques jours, a-t-on appris jeudi.
Le procureur de la République du Pôle judiciaire spécialisé de lutte contre le terrorisme et le crime transnational organisé a annoncé avoir ouvert cette information judiciaire « pour des faits d’association de malfaiteurs, d’acte de terrorisme, de financement du terrorisme, de détention illégale d’armes et de munitions, et de complicité », selon un communiqué du tribunal daté de mercredi.
Cette information judiciaire a été ouverte « suite à l’annonce par le gouvernement de transition et le collège des chefs d’État de la Confédération des États du Sahel (AES) de la destruction d’un drone » de l’armée malienne « dans la nuit du 31 mars au 1er avril à Tinzawatène », dans la région de Kidal, selon le communiqué.
L’Algérie rejette des « graves accusations »
Depuis le 1er avril, le Mali accuse Alger d’avoir abattu un drone de son armée sur son propre territoire, ce qui constituerait une violation de son espace aérien. L’Algérie a rejeté ces « graves accusations » portées par le Mali. Selon Alger, les données radars de son ministère de la Défense « établissent clairement la violation de l’espace aérien de l’Algérie » par un drone de reconnaissance venu du Mali.
Selon Bamako, une enquête « a conclu avec une certitude absolue que le drone a été détruit » à la suite d’ « une action hostile préméditée du régime algérien ». Les relations entre les deux pays se sont depuis rapidement détériorées.
Le Mali et ses alliés du Niger et du Burkina Faso ont annoncé le 6 avril le rappel de leurs ambassadeurs respectifs en Algérie, qui a aussi annoncé le rappel de ses ambassadeurs au Mali et au Niger.
Parallèlement, chaque pays a fermé lundi son espace aérien à l’autre. En outre, le Mali indique avoir officiellement informé lundi le Conseil de sécurité de l’ONU de cet incident via une lettre.
Des « prochaines étapes » envisagées
« Nous n’avons pas sollicité une réunion du Conseil de sécurité, ni déposé de plainte. Ce pourrait être les étapes prochaines, en fonction de l’accueil de notre information et de l’évolution du dossier », a déclaré jeudi à AFP un conseiller du ministre malien des Affaires étrangères, qui s’exprimait sous couvert d’anonymat.
Un nouvel appel à un rassemblement de protestation contre l’Algérie a été lancé pour samedi à Bamako, à l’initiative du Conseil national de la jeunesse du Mali, qui appelle à une « mobilisation générale » pour « dénoncer l’acte de l’Algérie ».
Un appel à une « marche pour la souveraineté de l’Afrique » a également été lancé pour samedi à Paris pour dire « non à l’agression de l’Algérie et à la guerre par procuration des Occidentaux dans le Sahel-Confédération de l’AES », selon le slogan de cet appel.
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