A Dakar, l’ONU organise une discussion sur la liberté de la presse et l’intégrité de l’information au Sénégal

L’événement de haut niveau a été organisé le 25 juin conjointement par le Bureau régional pour l’Afrique de l’ouest du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et le Centre d’Information des Nations Unies à Dakar, en partenariat avec les associations de presse et avec une très forte implication du ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, dont le Ministre Alioune Sall a procédé à l’ouverture des travaux.

La rencontre a réuni des partenaires de premier plan tels que le gouvernement du Sénégal ; le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias ; l’Association des éditeurs et professionnels de la presse en ligne ; Reporters sans frontières ; la Convention des jeunes reporters du Sénégal ; l’Association des femmes de médias du Sénégal et Article 19. Environ 70 journalistes ont assisté à l’événement.

Engagement du gouvernement pour une presse libre

Dans son discours, le Ministre Alioune Sall a réaffirmé l’engagement du gouvernement sénégalais à soutenir une presse libre et diversifiée. « À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse le mois dernier, le Président de la République a réaffirmé son engagement à soutenir une presse libre et diversifiée. Essentielle et indispensable à notre démocratie, nous devons renforcer les mécanismes de soutien à la liberté de la presse tout en promouvant une régulation équitable des nouveaux médias », a-t-il déclaré.

M. Sall a souligné la création du Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel en 2006 et la nécessité de nouveaux cadres réglementaires qui reflètent les normes internationales actuelles et l’évolution du paysage médiatique.

Il a également insisté sur l’importance de la transparence dans la gouvernance du secteur des médias. « Je tiens à rappeler que le nouveau gouvernement et les partenaires des médias, y compris les associations et les acteurs de la société civile, feront tout leur possible pour garantir une plus grande transparence dans la gouvernance du secteur des médias », a-t-il ajouté.

Le Ministre a salué le rôle exceptionnel des médias lors de l’élection présidentielle du 24 mars, qui a renforcé les droits et libertés démocratiques. Il a également abordé les préoccupations de gouvernance soulevées par les acteurs des médias concernant le fonds de développement de la presse, soulignant son potentiel en tant que levier de croissance économique pour le secteur des médias et sa contribution au développement national.

Alioune Sall (au centre), ministre de la Communication du Sénégal, en discussion avec des représentants du HCDH, de la CINU Dakar et des partenaires médiatiques sur les enjeux actuels de la presse au Sénégal.

Plan d’action de l’ONU et initiatives pour la sécurité des journalistes

Lors de la cérémonie d’ouverture, Ange Atta du HCDH a mis en lumière le Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité, lancé en 2012, visant à assurer un environnement sûr pour les journalistes à l’échelle mondiale, favorisant la paix, la démocratie et le développement.

En effet, cette initiative, soutenue par d’importants organismes de l’ONU et approuvée par des résolutions mondiales, répond au besoin crucial de sauvegarder la liberté d’expression et la sécurité des travailleurs des médias grâce à une coopération inter-agences, un soutien législatif et des partenariats.

M. Atta a également discuté des sessions de formation spécialisées tenues entre fin 2023 et 2024, axées sur la prévention des discours de haine et le renforcement des mécanismes de protection des droits de l’homme, en particulier pour les femmes journalistes.

« Malgré les progrès, des défis subsistent dans la couverture médiatique, notamment en matière de promotion de la cohésion sociale », a-t-il noté, soulignant l’importance de la collaboration entre les journalistes et les systèmes régionaux et internationaux pour aborder des questions telles que la désinformation et les discours de haine.

Principes mondiaux pour l’intégrité de l’information

Saisissant l’opportunité du lancement le 24 juin – la veille de la journée de réflexion – des Principes mondiaux des Nations Unies pour l’intégrité de l’information, par le Secrétaire général de l’ONU, Hiroyuki Saito, Directeur du Centre d’Information des Nations Unies à Dakar, a co-animé ainsi une session de vulgarisation de ces principes, faisant du Sénégal l’un des premiers pays à en tirer profit.

M. Saito a expliqué les défis de l’écosystème de l’information à l’ère numérique, notamment la désinformation, la mésinformation et les discours de haine, qui menacent la démocratie, les droits de l’homme, la santé publique et l’action climatique.

Il a mis en avant les cinq principes mondiaux : confiance et résilience sociétales, incitations saines, autonomisation du public, médias Indépendants, libres et pluralistes, et transparence et recherche.

M. Saito a encouragé les journalistes sénégalais à s’engager publiquement en faveur des Principes mondiaux, à les adopter et à les promouvoir activement comme cadre d’action immédiate. Il a souligné l’importance de former et de participer à des coalitions intersectorielles sur l’intégrité de l’information, de mobiliser diverses expertises et de garantir une participation significative des jeunes.

Défis et recommandations pour le secteur des médias

Dans son intervention, Mamadou Thior, Président du Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie, a annoncé l’achèvement des Assises nationales des médias. Lancée en octobre 2022, cette initiative a couvert divers aspects du secteur des médias, y compris les cadres institutionnels, juridiques et réglementaires, et la sécurité des travailleurs. M. Thior a souligné la nécessité d’une loi sur l’accès à l’information, une étape critique attendue depuis une décennie, pour améliorer la transparence et soutenir le rôle des journalistes en tant que lanceurs d’alerte clés.

Pour sa part, Migui Marame Ndiaye, Président de la Convention des jeunes reporters du Sénégal, a appelé à la poursuite du plaidoyer en faveur de la liberté et de la protection des médias, en mettant particulièrement l’accent sur le renforcement des mesures de sécurité pour les journalistes.

M. Ndiaye a mis en évidence des conclusions alarmantes d’une étude impliquant 216 travailleurs des médias, révélant qu’un nombre significatif de reporters au Sénégal n’ont pas de contrats de travail. En particulier, 26% des répondants ont déclaré n’avoir aucune relation contractuelle avec leurs employeurs, et 70 à 80% des reporters manquent de sécurité d’emploi même après 10 à 20 ans de service.

« Il y a un besoin urgent d’application stricte des lois du travail et d’inspections régulières pour garantir que les entreprises de médias respectent les conditions de travail de base et les exigences de sécurité sociale. Bien que des progrès récents aient été réalisés grâce à l’intervention des inspections du travail, des améliorations significatives sont encore nécessaires pour protéger les droits et le bien-être des journalistes », a-t-il déclaré.

Il est attendu à la suite de la journée un partage des recommandations des travaux qui seront soumises au ministre de la Communication afin d’amorcer les réformes du secteur de la presse.

Un article produit par le Centre d’information des Nations Unies à Dakar.

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