à la Mutualité, le camp Macron appelle au sursaut le 9 juin

Préoccupés par le risque d’un échec aux élections européennes, Gabriel Attal, Valérie Hayer et les dirigeants macronistes ont alerté contre le projet de «moins d’Europe» défendu par le RN, lors d’un meeting organisé mardi à Paris.

Emmanuel Macron connaît bien son calendrier footballistique. En visite au siège de Renaissance, ce 19 avril, le chef de l’État s’inquiète que la demi-finale de la Ligue des Champions éclipse le meeting parisien de son camp : «C’est à quelle heure ?, demande-t-il à un cadre de son parti. Il y a foot». Charge à ses soutiens de mobiliser leurs électeurs en vue des élections européennes du 9 juin, mais en faisant court.

Le message a été retenu. En deux heures, mardi, juste avant le coup d’envoi du match PSG-Dortmund et à la veille de deux jours fériés, Valérie Hayer et les responsables de la majorité présidentielle ont tenté de provoquer un sursaut dans leurs rangs. «À vos côtés, je veux lancer un appel à la mobilisation générale», a lancé la tête de liste, devant quelque 2.500 soutiens et la quasi-totalité des ministres réunis à la Maison de la Mutualité, à Paris.

Sur la scène où Emmanuel Macron a commencé sa conquête de l’Élysée en 2016, le numéro deux de la liste, l’ex-journaliste Bernard Guetta, puis Gabriel Attal ont exhorté leurs troupes à déjouer les mauvais sondages. «Il nous reste quatre semaines pour faire gagner la France et l’Europe dans cette élection», a déclaré le premier ministre, en promettant un «tournant» dans la campagne. Un peu plus tard, il a enchéri : «Cette élection, ce n’est pas un jeu, un défouloir. Ce n’est pas un tremplin pour ambitions présidentielles contrariées. C’est un moment de vérité».

Au micro, il reprend l’alerte lancée par le chef de l’État dans son discours sur l’Europe. «Notre Europe est mortelle, elle peut mourir», a énoncé le président de la République le 25 avril, à La Sorbonne. «La fin de l’Europe, c’est un danger mortel pour la France», dit mardi le chef du gouvernement. Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, l’Union européenne (UE) est «moins naïve», «plus souveraine», «plus robuste», fait-il valoir. Elle est «notre bouclier» voire «notre assurance-vie», selon lui, mais elle peut «mourir de la guerre» et des «nationalismes».

«Dedans !»

La première menace, le 9 juin, reste pour les macronistes le Rassemblement national (RN). Dans la salle, militants comme dirigeants redoutent une percée de ses élus et de leurs alliés au Parlement européen. «Un bataillon d’apparatchiks europhobes ne voulant rien d’autre que la fin de l’Europe», a souligné Gabriel Attal, en fustigeant les «professionnels du déclin» et les «partisans du repli». Une manière de fourbir ses arguments avant son débat avec Jordan Bardella, prévu le 23 mai sur France 2.

Le chef de file du RN a beau ne plus vouloir sortir de l’UE et de l’euro, «pour se faire bien voir», son «projet caché» est «la fin de l’Europe», insiste Gabriel Attal. Dans un registre volontiers dramatique, il met en garde ses troupes contre le risque de «moins d’Europe» et d’une «vague brune qui déferlerait au Parlement européen» : «Posez-vous la question des conséquences sur votre emploi», «sur votre épargne», «sur notre économie». «Voulons-nous être dedans [l’UE] ou dehors ?», demande-t-il. «Dedans !», lui répondent les militants acquis à sa cause.

Reprenant l’image d’une Europe «menacée par les populistes», Valérie Hayer s’est aussi tournée vers les électeurs tentés par le vote RN, à travers «Colombe». Cette bénévole des Restos du Cœur de Perpignan, 60 ans, a déclaré sur TF1, en marge d’un meeting de Jordan Bardella, avoir «du mal à vivre» de son RSA. Son interview vidéo a été visionnée plus de 12 millions de fois, une partie de la classe politique y voyant un symbole des classes populaires captées par les responsables du RN. «Je veux ici, m’adresser à toutes les Colombe de notre pays. Avec eux au pouvoir, on le voit ailleurs en Europe : pas un prix qui baisse, pas un salaire qui augmente, pas une usine qui rouvre», a indiqué Valérie Hayer. Avant de poursuivre : «Ma responsabilité, c’est de vous faire changer d’avis. De changer votre vie !».

«Europe puissante»

La députée européenne a réitéré quelques-unes des 48 mesures de son projet d’«Europe puissante», révélé lundi. À commencer par la «défense européenne», un renforcement des effectifs de l’agence Frontex aux frontières, un «vrai bouclier commercial» pour protéger les économies et un «choc d’investissement» de 1.000 milliards d’euros dans l’écologie, les transports, la santé, l’énergie et le numérique.

Une ligne pro-européenne qu’ont promue, sur scène, une série de dirigeants du camp Macron. Le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a pointé une démocratie «en danger» en Europe, quand le centriste François Bayrou a demandé aux Européens à se «ressaisir» plutôt que de rester «asservis» dans la compétition internationale face aux États-Unis et à la Chine.

À leurs côtés, deux anciens premiers ministres, également candidats en position non-éligibles à la fin de la liste, ont joint leurs voix à ces appels. Édouard Philippe a vanté une «Europe qui a beaucoup à progresser», mais «qui est l’un des fondements de notre puissance».

«Tous les partisans de la cohésion nationale, des valeurs républicaines, de la souveraineté française et européenne, doivent faire bloc», a embrayé Élisabeth Borne, le bras en écharpe à cause d’une récente chute dans les escaliers. Hors micro, un responsable de la campagne, présent dans le public, se veut plus réaliste que certains de ses amis : «On ne fera pas 30% des voix, mais on tentera d’obtenir 20%».

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