Venez nu à la piscine intercommunale d’Argenton-sur-Creuse (Indre). Une séance de baignade dans le plus simple appareil y est proposée, une fois par mois, par l’association naturiste Soleil et loisirs de l’Indre. Prix d’entrée : 8 euros (moitié moins pour les étudiants et les demandeurs d’emploi). A disposition : l’ensemble du centre nautique, soit un bassin de 25 mètres pour les adeptes de natation, un bassin ludique avec banquette à bulles, un Jacuzzi, des jets massants, un sauna tropical… « Haro sur le maillot ! », pourrait être le mot d’ordre de la vingtaine d’adhérents, présents d’un mois à l’autre.
C’est parce qu’il ne possède pas de terrain privé sur lequel installer ou creuser une piscine que ce club naturiste créé dans les années 1970 loue (200 euros la soirée) une infrastructure publique en dehors de ses horaires d’ouverture. Aucun regard extérieur ne peut pénétrer dans l’établissement. Obtenir son utilisation s’avéra assez simple. « Nous avions fait une demande à la communauté de communes, et celle-ci nous avait dit oui, un peu à notre grande surprise », raconte Françoise Laurent, la présidente de Soleil et loisirs de l’Indre. C’était en 2012. Une élue locale eut beau, alors, s’indigner que des usagers en tenue d’Adam et Eve puissent profaner l’eau municipale, et l’équipe de maîtres-nageurs renâcler à l’idée de surveiller, voire secourir, des baigneurs in naturalibus, les choses étaient finalement rentrées dans l’ordre.
Un parfum de grande bienveillance flotte, ce samedi 22 juin, au-dessus des adeptes de dos crawlé ou de simple trempette – autant d’hommes que de femmes, âgés de 25 à 75 ans. Il y a ceux pour qui nager nu procure des « sensations inégalables », un « sentiment de liberté » qu’aucun morceau d’étoffe ne viendra entraver. Et ceux qui voient un côté pratique à l’effeuillage façon aquatique. Fini le risque de voir son maillot se carapater au premier plongeon. Adieu l’impression de froid-mouillé en remontant son une-pièce au retour des toilettes. « On se simplifie la vie sans textile », poursuit Françoise Laurent, une ancienne prof de français, naturiste depuis un demi-siècle.
Lycra cracra
Quant au soupçon qu’un nageur dénudé viendrait « souiller » l’eau chlorée, l’argument est retourné contre ses colporteurs : « Au CHM de Montalivet [le plus ancien centre de vacances naturiste du monde, situé en Gironde], l’eau des piscines est deux fois moins traitée que celle des piscines traditionnelles, assure Dominique, une biologiste de formation élue au conseil d’administration de la Fédération française de naturisme. Quand ça fermente bien au fond du froc, un maillot c’est moyen, ça colle, ça peut être l’horreur. »
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