À la Une: bruits de bottes au Burkina Faso…

« Que se passe-t-il au Burkina Faso ? », c’était le titre hier mardi de cette revue de presse. Aujourd’hui, le feuilleton se poursuit avec l’arrivée de troupes étrangères à Ouagadougou. En effet, selon les informations recoupées par RFI auprès de plusieurs sources sécuritaires de pays de l’Alliance des États du Sahel (Mali-Burkina-Niger), « 80 à 120 hommes, des militaires maliens et des mercenaires russes de Wagner désormais intégrés au “Corps africain“ géré par les services extérieurs russes, sont arrivés ces derniers jours dans la capitale burkinabè. Leur mission : appuyer le président de transition, le capitaine Ibrahim Traoré, dont le pouvoir est présenté comme “vacillant“. »

En effet, précise Le Monde Afrique, « ces derniers mois, plusieurs sources sécuritaires et humanitaires au Sahel rapportent que la “méthode Traoré“, faite de disparitions forcées d’officiers jugés contestataires, de gestion clanique de l’appareil d’Etat et de multiplication des exactions à l’encontre des civils dans le cadre des opérations militaires antiterroristes, tout comme le déploiement des paramilitaires russes, cette méthode ne fait pas l’unanimité au sein de l’armée. »

Qui plus est, souligne encore Le Monde Afrique, « les atterrissages successifs sur le tarmac de l’aéroport de Ouagadougou d’un avion Iliouchine en provenance de Gao, ville du nord du Mali où les mercenaires russes sont également déployés, ont continué à alimenter le climat de tension et d’incertitudes. » Et « alors qu’une première salve d’une centaine de paramilitaires russes a déjà débarqué dans la capitale burkinabé fin janvier, plusieurs sources sécuritaires et humanitaires internationales craignent aujourd’hui que la junte ne cherche qu’à renforcer sa propre protection contre toute velléité de renversement au sein de la troupe. »

TV5 Monde Afrique suspendu

Signe de crispation de la part des autorités militaires burkinabé : après plusieurs médias étrangers, dont RFI, la chaine de télévision TV5 Monde Afrique a été suspendue pour 6 mois hier par le CSC, le Conseil supérieur de la communication. Le CSC qui reproche à la chaîne francophone, je cite, « des insinuations malveillantes, des propos tendancieux frisant la désinformation et des affirmations de nature à minimiser les efforts consentis par les autorités de la Transition, des Forces de défense et de sécurité et des populations dans l’élan de reconquête du territoire national. »

Le CSC, dont le communiqué est notamment repris par le site Lefaso.net, le CSC met en cause une édition du journal télévisé d’avant-hier lundi qui avait comme invité Newton Ahmed Barry, journaliste et ancien président de la commission électorale du Burkina Faso entre 2014 et 2021, et surtout critique du régime militaire actuellement au pouvoir.

Démenti des militaires…

Pour sa part, le régime militaire burkinabé dément formellement les rumeurs sur les réseaux sociaux qui font cas « de mouvements d’humeur et de mutineries dans certaines casernes militaires. »

Le communiqué, largement repris par la presse burkinabé, notamment par les sites Burkina 24etWakatSéra, précise que « ces allégations visent à semer le doute, à créer la psychose dans l’opinion publique, et à démoraliser les troupes fortement engagées dans le combat de libération de notre peuple. »

Peu ou pas de commentaires dans la presse burkinabé qui reste très prudente… Pour le quotidien Aujourd’hui, il était temps que les autorités réagissent: « on a désormais une source officielle, celle sécuritaire, en l’occurrence de l’armée sur les informations véhiculées par divers canaux. Désormais, et sous réserve d’inventaire officiel ultérieur, on a au moins des bribes d’infos sur ces rumeurs, du moins un démenti. »

Et Aujourd’hui de s’interroger : « ce démenti de l’armée empêchera-t-il les différents trolls de donner toujours libre cours à certaines allégations ? En tout cas, tout ce qui s’est dit et qui a été entendu ces derniers jours mérite une communication appropriée et élaborée, que les Burkinabè attendent en rongeant leur frein. Ils ont déjà cette “source“ de l’armée. La première depuis ces gravissimes évènements du 12 juin dernier. »

Le 12 juin dernier : allusion à l’explosion d’une roquette aux abords de la présidence à Ouagadougou. Une explosion qualifiée de simple « incident de tir » par la télévision nationale. Mais qui avait entraîné l’exfiltration du chef de la junte, le capitaine Traoré.

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