La junte au pouvoir au Mali autorise à nouveau les activités des partis politiques et des associations à caractère politique, activités qui étaient suspendues depuis le 10 avril.
« Le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, avait décrété cette suspension, accusant les partis de « discussions stériles » et de « subversion », rappelle Le Monde Afrique. Il avait invoqué le danger que leurs activités faisaient peser sur un « dialogue » national en cours sur l’avenir politique du Mali ». À la fin du mois dernier « 11 présidents de partis et opposants ont été arrêtés. Ils avaient signé une déclaration quelques semaines auparavant appelant la junte à rendre le pouvoir aux civils. Ces personnalités sont accusées de « complot ». »
Reste à savoir si elles seront libérées. En tout cas, poursuit Le Monde Afrique, d’après le conseil des ministres hier, « le Mali se trouve à présent dans une « phase de mise en œuvre des recommandations du dialogue dans un climat de maîtrise de la situation sécuritaire, politique et sociale ». Le régime militaire a déjà signalé qu’il appliquerait les « recommandations » du « dialogue ». Cependant, aucun horizon n’est à ce jour défini pour des élections. »
Une nouvelle page ?
Alors que signifie vraiment cette levée de la suspension des activités politiques : est-ce « un retour à la vie démocratique ou bien un nouveau départ ? », s’interroge le site malien Sahel Tribune.
« Cette période de suspension a été vue par certains comme une entrave à la démocratie, un bâillon posé sur la bouche des partis politiques et des associations. Cependant, à y regarder de plus près, cette décision visait surtout à canaliser les énergies vers un objectif commun, estime le site d’information malien. Le Colonel Assimi Goïta et son gouvernement ne demandaient pas aux Maliens de se désengager de la politique. Au contraire, ils appelaient à une forme plus pure de participation. L’idée était de favoriser un engagement dans le dialogue, loin des tumultes partisans et des agendas cachés. Aujourd’hui, avec la levée de cette suspension, poursuit Sahel Tribune, c’est une nouvelle page qui s’ouvre pour le Mali. (…) Les leaders politiques sont désormais appelés à revenir sur la scène avec une nouvelle vision, une vision où l’intérêt national prime sur les ambitions personnelles. En levant la suspension, le gouvernement tend la main à tous pour que, ensemble, nous puissions œuvrer pour le bien commun. »
Une démocratie « abâtardie » ?
Toutefois, la junte ne veut surtout pas le retour à l’ordre ancien… À ce sujet, la presse de Bamako, notamment Le Matin, reprend les propos d’un scientifique malien qui vit aux États-Unis, le professeur Diola Bagayogo. D’après lui, « la seule garantie pour ne pas sombrer dans une nouvelle impasse politique est d’éviter un retour précipité au fameux ordre constitutionnel (…), à une démocratie abâtardie qui replongerait le Mali dans une servitude en faveur de la France. (…) Les participants au dialogue inter-Maliens en étaient conscients, affirme-t-il encore, et c’est pourquoi ils ont recommandé la prorogation de 2 à 5 ans de la transition. »
Une paix des braves ?
En tout cas, « Assimi Goïta lâche du lest », constate le quotidien Aujourd’hui à Ouagadougou. Pourquoi ? Tout simplement parce que « la situation était intenable, répond le journal, car maintenir les hommes politiques dans cette camisole de force était une source permanente d’ennuis et de petits couacs, voire plus. Depuis 2020, aux commandes du Mali, Goïta sait que la capacité de nuisance des hommes politiques, même privés de leurs activités, reste quasi-intacte. Mieux vaut les avoir avec soi ou au moins pas contre soi. (…) C’est le sillon que trace Goïta pour une paix des braves : « je vous laisse faire vos activités politiques, vous me laissez gouverner tranquillement ». Un deal difficile à tenir connaissant les sauriens du Djoliba ! En tout cas, pointe encore le quotidien burkinabé, cette décision coupe l’herbe sous les pieds de ces mêmes politiques-opposants qui en avaient fait leur argument anti-transition. »
Alors, s’interroge Aujourd’hui, « quelle va être leur réaction ? Comment accueilleront-ils cette décision ? Continueront-ils à dénoncer la fin de la transition et réclamer l’organisation d’élections ou bien se tiendront-ils à carreau ? »
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