« 18 mois après le coup d’État qui a mis fin au règne d’Ali Bongo Ondimba, le chef du Comité pour la transition et la restauration des institutions franchit un cap décisif, s’exclame L’Union à Libreville. Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la Transition du Gabon, se lance dans la course à la présidence. Mettant ainsi fin au suspense qui planait sur sa possible candidature. Brandissant un bilan élogieux de son action à la tête du pays, il a déclaré : « en réponse à vos nombreux appels, j’ai décidé d’être candidat à l’élection présidentielle du 12 avril prochain. »
En fait, le suspense n’était pas très marquant… Depuis sa prise de pouvoir, le général n’a jamais donné l’impression qu’il allait le lâcher. « Pas de surprise », donc, commente le site d’information Gabon Review. D’autant que « l’information avait insidieusement “fuité” sur les réseaux sociaux ces derniers jours, en rapport avec le fait qu’il souhaitait marquer le coup en annonçant officiellement sa candidature à la présidentielle le jour de son anniversaire. »
Qui plus est, souligne encore Gabon Review, « certains de ses proches assurent que sa décision était prise depuis quelques mois, voire peu après l’arrivée de la transition à la tête de l’État. Ces derniers jours d’ailleurs, le président de la transition avait multiplié les promesses et les petites phrases sans équivoque, sollicitant plus ou moins explicitement les suffrages de ses concitoyens. »
Lui seul…
« Faux suspense et non-évènement ! », s’exclame le quotidien Aujourd’hui au Burkina. « L’homme-du-30-août annonce à coups de raffut qu’il est frappé d’amnésie par rapport à son discours d’investiture du 4 septembre 2023 où il avait prôné haut et fort de remettre le pouvoir aux civils. À l’évidence, le civil, c’est lui. Bas les masques ! Enfin, pas exactement, car il est rarissime de faire un coup d’État, rester au pouvoir quelques mois et accepter de partir. »
Son principal argument de campagne, relève Jeune Afrique : lui seul est à même de sauver le Gabon, « État en déliquescence ».
D’ailleurs, souligne le site panafricain, « l’ancien aide de camp d’Omar Bongo Ondimba et ex-patron de la Garde républicaine répond à ses détracteurs, qui lui reprochent son goût trop prononcé pour le pouvoir, toujours par une litanie de noms d’anciens militaires parvenus au pouvoir. Charles de Gaulle, Jerry Rawlings, George Washington, Thomas Jefferson… certains changent selon l’occasion, mais l’argument reste le même : pourquoi un militaire ne pourrait-il pas légitimement occuper la magistrature suprême, et œuvrer pour le bien de son pays ? »
Justement, pointe Ledjely en Guinée, plutôt que de gloser sur le faux-suspense, « le débat devrait se concentrer sur ce que l’on peut attendre d’un homme qui, même s’il s’efforce de se présenter comme nouveau, reste un authentique produit du système façonné par les Bongo. »
Un moindre mal…
Un homme qui a su rester discret et mesuré… En effet, précise Ledjely, « le général s’est distancié des envolées souverainistes et des discours à connotations nationalistes de ses homologues du Sahel. Pas un mot de trop contre le néocolonialisme et l’impérialisme occidental. Du coup, il est passé incognito sans se faire remarquer. Au grand dam de ses opposants, dont aucune des revendications n’a trouvé d’écho favorable chez les partenaires du Gabon. Dans un contexte où tout le monde semble avoir oublié le principe de l’Union africaine qui défend à un militaire auteur d’un coup d’État de se présenter à l’élection présidentielle qui parachève la Transition, le président Nguema était vu comme un moindre mal. D’autant que les opposants gabonais qui s’agitent sont tout autant responsables du parcours peu enviable de ce pays. »
Scrutin test…
En tout cas, relève Afrik.com, « l’élection du 12 avril prochain s’annonce comme un test décisif pour la démocratie gabonaise. Plusieurs candidats ont déjà manifesté leur intention de concourir, dont Michel Ongoundou Loundah, le leader du parti Réappropriation du Gabon, de son indépendance, pour sa reconstruction. Ce dernier plaide pour une véritable rupture avec l’ancien système et une reconstruction démocratique du pays. Si certains voient en Oligui Nguema une figure de stabilisation, d’autres redoutent que son accession au pouvoir par les urnes ne soit qu’une légitimation du statu quo. Tout semble mis en place, conclut Afrik.com, pour permettre la continuité de la présidence de Brice Oligui Nguema sous un vernis, cette fois, démocratique. »
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