Le feu a pris, violent, vers 7h30 ce mercredi matin à Mandelieu. Au « Pavillon des sports », situé au 224 avenue de Fréjus, face à Cannes Marina, c’est un appartement du rez-de-chaussée qui s’est soudain embrasé.
Sur place, les pompiers ont rapidement éteint le sinistre avec une lance incendie. La police municipale s’est également rendue sur les lieux, de même que les gendarmes de Mandelieu pour effectuer les premières investigations. L’origine du foyer n’est pas précisée à ce jour, mais une enquête est ouverte. Par chance, les flammes n’ont pas fait de victime, même si l’on sait qu’un couple occupait habituellement les lieux. Mais cet épisode, certes fâcheux, s’ajoute à la longue histoire de ce lieu, qui a connu grandeur et décadence, faste et déchéance.
Durant les années 1930, la maîtresse d’un riche financier régnait sur cette belle bâtisse, transformée en Pavillon des sports. Un hôtel-restaurant où des réceptions étaient données en l’honneur des… jockeys. Eh oui, à l’époque, il faisait face à l’ancien hippodrome de Mandelieu, avant que le complexe immobilier de Cannes Marina ne chasse les canassons au grand galop.
Salle de réception pour jockeys
La propriété a ensuite été rachetée par Giacomo Botto, un Italien marchand de bestiaux. « Pour moi, cette maison, c’était mon terrain de jeu. J’adorais les palmiers, les sorbiers des oiseleurs. Les escaliers en ciment imitant le bois me fascinaient », rapporte son petit-fils Alain Barale, lors d’une interview donnée pour notre service Magazine en mars dernier.
Autour de la propriété, une piste d’entraînement dans le haut du terrain et des boxes autrefois loués aux entraîneurs et propriétaires témoignaient encore de cette époque épique et hippique, alors que l’hôtel s’appelait « l’Éperon d’or ».
« Je ne sais pas si l’environnement l’avait inspiré mais mon grand-père avait une jument blanche et noire, Chiquita, attelée à une voiture à cheval. On allait au cinéma avec! », se souvient encore Alain Barale, ancien restaurateur et pêcheur amateur devant l’éternel.
La suite est moins reluisante. Et plus singulière que cavalière.
Meurtre d’un ancien postier en 2006!
Le 27 octobre 2006, le Pavillon des sports intègre déjà la rubrique des faits divers. Le corps d’un ancien postier surnommé Johnny (en réalité Jean Moyer) est découvert dans une des chambres désormais louée à des personnes en difficulté. Car l’édifice, ancien hôtel de charme avec bungalows, s’est transformé en hôtel social. L’homme aurait été victime d’un coup porté par un voisin d’infortune (qui a été interpellé) pour une futile histoire de vol de console de jeux vidéo!
En 2015, le Pavillon des sports est cette fois à l’ordre du jour du conseil municipal.
L’établissement foncier Provence Alpes Côte d’Azur a préempté la propriété (occupée alors par 18 locataires), avant de le revendre éventuellement à l’Office HLM de Cannes pour des logements sociaux.
Mais c’est finalement la Ville qui en a fait acquisition, en vue d’une réhabilitation « complexe, car la façade est classée », précise-t-on en Mairie. L’objectif était de le céder ensuite, vidé de tout squatteur (des procédures d’expulsion étaient encore en cours), pour un « projet d’intérêt public » qui devrait être dévoilé à la rentrée de septembre.
En attendant que mystère soi levé, c’est un arrêté de péril qui a été pris, afin d’en interdire l’accès.
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