à Munich, les Bleus affrontent leur antithèse

Düsseldorf, Leipzig, Dortmund, Hambourg et maintenant Munich. L’équipe de France de football poursuit son tour d’Allemagne, à mesure qu’elle avance dans l’Euro 2024. Avec, entre l’euphorie de la victoire aux tirs au but contre le Portugal dans le port hanséatique et la demi-finale qui l’attend, mardi 9 juillet (21 heures) dans la capitale bavaroise, trois petits jours de récupération. C’est-à-dire pas grand-chose.

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Après leur qualification épique (0-0, 5 tirs au but à 3), vendredi soir, les Français ont regagné leur camp de base de Bad Lippspringe dans la nuit. Les titulaires ont reçu des soins samedi puis le groupe s’est entraîné dimanche, avant de s’envoler lundi pour Munich et d’effectuer un ultime entraînement à l’Allianz Arena. Sans oublier, pour les joueurs les plus attentifs à cet enjeu, de réagir aux résultats des élections législatives, dimanche soir.

Dans ce temps limité, les Bleus ont essayé de récupérer au mieux, de se ressourcer mentalement, et les voici déjà à l’aube d’une nouvelle demi-finale en dix-huit mois, après celle de la Coupe du monde 2022. Avec, face à eux, l’Espagne, soit « l’équipe qui a eu la meilleure maîtrise et qui a laissé la meilleure impression à quasi-tout le monde » depuis le début du tournoi, admet sans peine le sélectionneur français, Didier Deschamps.

La puissance offensive de la « Roja »

Meilleure attaque (avec l’Allemagne, qui a été éliminée), formation au style affirmé, l’Espagne fait figure d’antithèse de l’équipe de France, qui est, elle, la meilleure défense du tournoi (un seul but encaissé, sur penalty). La Roja est la seule équipe qui a remporté tous ses matchs, inscrivant onze buts en cinq rencontres, pour deux encaissés. Une puissance offensive très largement supérieure à celle des Français, qui n’ont marqué que deux fois. Elle s’est parfaitement extraite d’un groupe difficile, qui comprenait l’Italie, la Croatie et l’Albanie. Et en sortant le pays organisateur, l’Allemagne (2-1 après prolongation), elle a montré qu’elle pouvait résister à la pression, fût-ce celle de tout un pays. « Aucune équipe n’est meilleure que nous », clamait le 21 juin, après le deuxième match de l’Espagne, son sélectionneur, Luis de la Fuente, sans qu’on puisse vraiment démentir cette confiance désinhibée.

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C’est dire l’immensité du défi qui se présente aux Bleus, au complet pour cette demi-finale. Plus encore que face au Portugal, ils seront confrontés à une équipe capable de conserver le ballon et de les faire courir. Le jeu espagnol est aujourd’hui moins caricaturalement centré sur la possession, une religion qui a valu à la Seleccion ses meilleures heures, avec trois titres consécutifs (Euros 2008 et 2012, Coupe du monde 2010).

Désormais, l’Espagne sait aussi abandonner le ballon pour mieux piquer en contre, grâce à ses deux jeunes ailiers d’une rapidité déconcertante, Lamine Yamal (16 ans) à droite et Nico Williams (21 ans) à gauche. Face à eux, les latéraux français, Théo Hernandez et Jules Koundé, seront exposés, et auront besoin que, plus haut sur le terrain, les milieux et ailiers limitent le rayonnement des deux feux follets. « Il faudra les obliger à être dans une zone qu’ils aiment moins et à faire des tâches défensives », prévient Deschamps.

Les deux ailiers ne sont pas les seuls dangers d’une équipe également très forte au cœur du jeu, avec ses milieux Rodri, Fabian Ruiz ou Dani Olmo, buteur et passeur face à l’Allemagne. « C’est une équipe complète, juge le milieu de terrain Adrien Rabiot. Ils ont leurs forces, peut-être leurs faiblesses aussi. Ceux qui les ont affrontés jusqu’ici les ont beaucoup laissés jouer, il faudra les bouger. »

Une stérilité inédite depuis soixante ans

Côté espagnol, l’inconnue porte sur la défense. A droite, le vieux soldat madrilène Dani Carvajal est suspendu après son expulsion contre l’Allemagne. Tout comme le défenseur central Robin Le Normand, qui a accumulé deux cartons jaunes dans la compétition. Ils devraient être suppléés par Jesus Navas (38 ans) et Nacho (34 ans), deux figures expérimentées qui ont chacun joué un match depuis le début de l’Euro, mais pas ensemble.

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De quoi favoriser les attaquants français ? Ceux-ci seront de nouveau scrutés, dans un contexte de méforme d’Antoine Griezmann et Kylian Mbappé. Les Bleus n’ont pas marqué eux-mêmes dans le jeu lors de leurs six derniers matchs, une stérilité inédite depuis soixante ans. Et Didier Deschamps continue de chercher la bonne formule en attaque. Depuis le début de l’Euro, le sélectionneur oscille sur le nombre d’attaquants alignés (deux ou trois) et leur identité (Kylian Mbappé, Marcus Thuram, Ousmane Dembélé, Bradley Barcola, Antoine Griezmann et Randal Kolo Munai ont été titulaires à ces postes). Sans parvenir à trouver la bonne combinaison.

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« C’est vrai que ça manque de présence devant le but, a reconnu Kolo Muani, dimanche. Les centres sont dans la bonne zone, c’est plus aux attaquants d’être présents et aux milieux d’essayer d’accompagner. » Un attaquant comme Olivier Giroud pourrait apporter ce type de présence, mais Deschamps ne semble pas croire à cette solution. « Il est rentré trois fois, mais n’a pas été plus efficace que les autres », a-t-il lâché lundi.

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Malgré ces difficultés persistantes, les Bleus « [sont] là », comme le répètent en chœur staff et joueurs, grâce à la force collective d’un groupe qui multiplie les signes de cohésion depuis une dizaine de jours. Ils croient en leur chance, à l’image d’un Deschamps qui n’a jamais perdu de demi-finale comme sélectionneur. « Si tout le monde met du sien comme on a fait jusqu’à maintenant, on ira en finale », positive Rabiot. Craint, le bloc français devra plus que jamais tenir pour espérer ajouter une étape à son tour d’Allemagne. Celle de Berlin, où se disputera la finale, dimanche 14 juillet.

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