À quoi ressemblerait un mode de vie à 2 tonnes de CO2 ?

À quoi ressemblerait notre quotidien en 2050 si la France respectait ses engagements climatiques ? On actionne la machine à remonter le temps pour découvrir ces impacts sur nos loisirs, notre alimentation ou encore notre logement.

Pour respecter l’Accord de Paris, et donc limiter le réchauffement climatique à +1,5°C, chaque Français devra émettre au max 2 tonnes de CO2 par an en 2050. Aujourd’hui on tourne plutôt autour de 10 tonnes de CO2 par personne et par an. Il va donc falloir diviser par 5 nos émissions carbone individuelles. 

Attention, il s’agit d’une moyenne calculée au niveau national qui englobe aussi bien les émissions très élevées des plus riches que celles, plus faibles, des plus précaires. Tout le monde ne devra pas adapter son mode de vie de la même manière, et tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Il faut le prendre en compte en mettant en place des solutions équitables.

À quoi ressemblerait un mode de vie qui respecte cet objectif de 2 tonnes de CO2 par personne et par an, concrètement ? C’est parti pour un petit bond dans le futur.

Comment adopter un mode de vie à 2 tonnes de CO2 ?

Il n’existe non pas une, mais des manières d’atteindre cet objectif de 2 tonnes de CO2 en 2050. L’ADEME a imaginé 4 scénarios très différents les uns des autres qui permettent tous d’atteindre ce niveau de réduction des émissions : un monde tourné vers la sobriété, un monde numérique et connecté, un monde où tout se partage et un monde ultra-technologique.

Ce chiffre de 2 tonnes de CO2/personne/an est une moyenne qui ne prend pas en compte l’équité. « Sur les transports, on ne peut pas comparer quelqu’un qui vit à Paris, avec des transports en commun électrifiés et des bâtiments récents, avec une autre personne qui vit à la campagne et qui doit prendre sa voiture tous les jours, rappelle Roland Séférian, chercheur au CNRM. Celui qui vit à la campagne aura une plus grosse empreinte carbone, mais c’est parce que le système est fait comme ça. Il ne faut pas individualiser le problème. » 

Attention aussi à l’accessibilité des solutions : là encore, tout le monde ne démarre pas sur un pied d’égalité. « Sur le papier et dans un monde inéquitable, quelqu’un de très riche pourrait arriver à un budget annuel équivalent à 2 tonnes de CO2 en donnant de l’argent à une société qui va compenser ses émissions carbone, en plantant des arbres par exemple », poursuit Roland Séférian. Cette personne pourrait donc se permettre de polluer plus car elle aurait les moyens de compenser la pollution liée à son mode de vie.

À quoi ressembleraient les transports ?

Pour réduire l’impact carbone de nos déplacements, en 2050, on mise sur le télétravail, les mobilités douces (vélo, marche…), le train et le covoiturage. Le transport pèse quasiment un tiers de l’empreinte carbone des Français, dont la moitié vient des déplacements en voiture. Dans un futur à 2 tonnes de CO2/personne/an, les trajets effectués seul en voiture deviennent l’exception, pas la norme !

Les pouvoirs publics encouragent d’autres modes de déplacement en adaptant les infrastructures : création d' »autoroutes à vélo » sécurisées pour les cyclistes, voies et places réservées aux covoiturages, aides financières pour l’achat d’une voiture ou d’un vélo électrique, développement et gratuité des transports en commun… La pratique du télétravail, qui limite les déplacements, est aussi encouragée chez les travailleurs qui le peuvent.

À quoi ressemblerait notre alimentation ?

L’agriculture représente environ 1/5 de l’empreinte carbone française, dont la moitié provient de l’élevage. Il va donc falloir réduire très fortement notre consommation de viande, de poisson et de produits d’origine animale (lait, oeuf, fromage) d’ici 2050 pour réduire notre impact carbone individuel.

Diminer l’impact de notre alimentation passe également par une lutte accrue contre le gaspillage alimentaire, qui génère 15 millions de tonnes de CO2 chaque année. Un tiers de ce gaspillage se produit à l’étape de consommation (au moment où on passe à table). Pourquoi ne pas imaginer, comme cela existe déjà, une répartition des quantités de nourriture entre assiette « petite faim », « faim moyenne », « grosse faim » dans la restauration collective ? Cette pratique permettrait à chacun de choisir une portion adaptée à son appétit afin de limiter les restes.

À quoi ressembleraient nos loisirs ?

Respecter l’objectif de 2 tonnes de CO2 émises par personne et par an en 2050 implique de réduire considérablement les voyages en avion : un simple aller-retour aux États-Unis représente déjà l’émission de 2 tonnes de CO2, soit tout notre budget carbone annuel ! Les vacances du futur devront faire la part belle au tourisme local, au voyage en train et au cyclotourisme. Certains loisirs polluants, comme la pratique du ski alpin, se feront également plus rares, remplacés par des pratiques plus douces comme le ski de fond ou les promenades en raquettes.

À quoi ressemblerait notre logement ?

Aujourd’hui le logement représente environ 1/10 de notre empreinte carbone, dont l’immense partie vient de l’énergie dépensée pour chauffer l’air et l’eau et alimenter nos appareils électriques. Pour tenir nos objectifs de réduction des émissions, cette part devra être considérablement réduite en 2050. L’État aura mené une grosse opération de rénovation des bâtiments afin de mieux les isoler, et donc de dépenser moins d’énergie à les chauffer. Chacun adoptera aussi les bons gestes de sobriété énergétique : par exemple régler le thermostat sur 19°C, débrancher sa box Internet la nuit, et laver son linge à l’eau froide (entre 20°C et 40°C).

À quoi ressemblerait notre consommation ?

Alors qu’un Français change en moyenne de téléphone tous les 2 ou 3 ans, en 2050 nous devrons garder nos affaires beaucoup plus longtemps en misant sur la réparation plutôt que l’achat sans cesse renouvelé de produits neufs. Rêvons un peu : en 2050, on trouvera un peu partout des comptoirs de réparation, avec les outils nécessaires et des professionnels prêts à aider les particuliers. Les produits irréparables seraient recyclés, leurs précieux composants systématiquement réutilisés. Résultat, toutes les émissions nécessaires à la production de ces équipements numériques (qui représentent les 3/4 de leur empreinte carbone) seraient réduites au minimum.

Pauline Vallée

Crédit: Lien source

Les commentaires sont fermés.