A Versailles, la fille de Gisèle Pelicot, porte plainte pour viol contre son père, Dominique Pelicot

La fille de Dominique Pelicot repart au combat : trois mois après le verdict du procès historique des viols de Mazan, Caroline Darian porte plainte contre son père, un message adressé « à toutes les victimes » pour dire « qu’il ne faut jamais lâcher ».

La plainte, qu’elle indique avoir déposée mercredi 6 mars 2025 au tribunal de Versailles (Yvelines), porte sur « l’administration de substances psychoactives » et sur des « abus sexuels » que son père « a certainement commis sur moi », a-t-elle déclaré jeudi dans un entretien à l’AFP, confirmant une information de M6/RTL.

Elle avait la certitude d’être aussi victime

Dominique Pelicot a été condamné en décembre à 20 ans de réclusion criminelle pour avoir drogué sa femme Gisèle afin de la violer et de la livrer à des dizaines d’inconnus à Mazan (Vaucluse), pendant une dizaine d’années.

Lors du procès au retentissement international, Caroline Darian a déclaré avoir la certitude d’avoir été elle aussi la victime de son père après avoir vu des photos d’elle inconsciente, allongée sur un lit dans des sous-vêtements qu’elle ne reconnaît pas.

Dominique Pelicot, qui a été condamné pour la diffusion d’images de Caroline prises à son insu, a toujours nié avoir eu le moindre geste incestueux sur sa fille.

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« Oui, il a démenti, mais il a menti à plusieurs reprises et refait plusieurs versions de l’histoire durant les deux ans et demi de l’instruction », souligne Caroline Darian. « Et on a bien vu dans cette cour criminelle qu’à aucun moment Dominique n’est capable de dire l’entière vérité des faits commis. »

« J’ai toujours dit que ce procès n’était pas une fin en soi pour moi et que je voulais vraiment porter plainte, on va attendre de voir la réponse du parquet en espérant qu’il lui donne une suite favorable. »

Caroline Darian

Guidée par la résilience et la révolte

Celle qui réfute l’adjectif « forte » pour la qualifier et qui dit être davantage guidée par une « volonté de résilience » et un sentiment de « révolte » compte sur cette nouvelle étape, et l’éventuelle reconnaissance de son statut de victime, pour « espérer » se « reconstruire ».

Mais « la route est encore longue » et au-delà de « mon cas personnel », « c’est un message envoyé à l’intégralité des victimes ».

« C’est important pour moi de véhiculer ce message pour que les autres victimes qui ont aussi vécu » la soumission chimique puissent « se dire qu’il y a des choses à faire, il y a des recours et il ne faut jamais lâcher », insiste-t-elle.

« Broyée »

Dans son livre « Pour que l’on se souvienne » (JC Lattès) écrit pendant le procès et publié mercredi, Caroline Darian revient sur son passage à la barre – « la pire expérience de ma vie » – et sur son sentiment d’avoir été « la grande oubliée du procès ».

Plongée depuis la fin du procès dans « un vide abyssal » et un « sentiment d’injustice » qui la « broie », elle mène plus que jamais le « combat » pour les victimes « invisibilisées » notamment de la soumission chimique, un fléau largement méconnu avant le procès des viols de Mazan.

« C’est un combat qui me demande beaucoup de temps, de cerveau disponible et une certaine forme de charge mentale, mais ça en vaut vraiment la peine. »

Caroline Darian, à l’AFP

Jusqu’au Parlement

Depuis la révélation des faits commis par son père, passé l’effet de choc, elle a multiplié les initiatives, notamment au sein de l’association qu’elle a cofondé « M’endors pas », et les prises de parole.

Ses appels ont notamment été relayés au Parlement par la députée MoDem, Sandrine Josso, qui a été officiellement chargée d’une mission portant sur la soumission chimique. Son rapport est attendu pour le printemps.

Pour Caroline Darian, « les choses bougent et je veux croire que cela permettra de mettre en place de vraies initiatives et de vraies pistes d’amélioration pour soutenir les victimes qui en ont véritablement besoin ».

Soutenir les victimes, y compris dans les prétoires. Trois mois ont passé depuis le procès mais elle n’a rien oublié des « humiliations » et de la « forme d’intimidation des parties civiles, et notamment de la victime avérée de toute cette affaire : ma mère ».

« Ça m’a beaucoup interrogée sur ce qui se passe dans d’autres cours d’assises pour des victimes qui cherchent à faire entendre leur vérité », ajoute-t-elle.

Avec AFP

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