Actualités économiques Nigéria-Ghana | Semaine du 13 mai 2024

Nous rappelons à notre cher lectorat que le Service économique régional d’Abuja publie régulièrement sur l’actualité économique franco-nigériane et sur ses activités dans le pays à travers sa page LinkedIn. Il en est de même pour le Service économique d’Accra, sur LinkedIn.

LE CHIFFRE A RETENIR

25% : C’est le taux d’inflation mensuel du Ghana en
avril 2024 en glissement annuel.

 

FAITS SAILLANTS

Nigéria :

L’inflation atteint son plus haut niveau en 28 ans ; Trois nouveaux projets dévoilés par le Président Tinubu devraient permettre d’accroitre la production gazière nigériane de 25% ; Le Nigéria redevient le premier pays producteur de pétrole en Afrique ; First City Monument Bank octroiera 10 M USD de prêts à des PME de la santé.

Ghana :

Le cédi ghanéen se déprécie de nouveau face au dollar américain ; La Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO investit 200 M USD pour les PME ghanéennes ; Le vice-président et candidat à l’élection présidentielle
Mahamudu Bawumia, a annoncé que le prochain gouvernement du Nouveau parti patriotique (NPP) introduira de nouvelles politiques et de nouveaux programmes spécifiques dans les secteurs de l’agriculture et de l’énergie afin de réduire le coût élevé des denrées alimentaires et de l’électricité dans le pays.

 

L’inflation atteint son plus haut niveau en 28 ans

Malgré les hausses successives des taux d’intérêts conduites par la banque centrale, l’inflation poursuit sa hausse en atteignant 33,7% en glissement annuel pour le mois d’avril 2024 contre 33,2% en mars, selon les statistiques publiées par le Bureau national des statistiques (NBS) ce mercredi 15 mai.

Ce niveau record, au plus haut depuis 28 ans, continue d’être porté par une inflation des produits alimentaires atteignant 40,5% g.a, en hausse de 0,5 point par rapport au mois précédent. Les prix des produits importés progressent de 34,0% en g.a, soit 1,1 point de plus qu’en mars. L’inflation sous-jacente persiste également à hauteur de 26,8% g.a en avril contre 25,9% le mois précédent, soulignant une transmission difficile de la politique monétaire à l’économie réelle, en dépit d’un resserrement monétaire prononcé en 2024 avec +600 points de base de hausse des taux directeurs depuis le début de l’année.

La dépréciation du naira pendant la seconde moitié du mois d’avril a également participé à cette hausse, au côté d’autres facteurs tels que le prix de l’énergie et du logement (28,8% g.a, +1,1 point par rapport à mars). La prochaine réunion de la Banque centrale du Nigéria (CBN), prévue le lundi 20 mai, sera scrutée de près : plusieurs banques anticipent une nouvelle hausse des taux directeurs. 

Trois nouveaux projets dévoilés par le président Tinubu devraient permettre d’accroitre la production gazière nigériane de 25%

Cette semaine, le Président Tinubu a inauguré trois nouveaux projets d’infrastructures dédiés à l’exploitation gazière dans les Etats du Delta et de l’Imo. Le premier projet AHLGPP 2, une coentreprise entre la Compagnie pétrolière nationale (NNPC) et l’entreprise locale Sterling Oil Exploration and Production (SEEPCO), consiste en une unité de traitement de gaz comprenant des facilités de stockage, des pipelines et des points de rechargement, pour une capacité d’environ 6 M de mètres cubes par jour. Une seconde unité de traitement gazière, ANOH GPP, a été inaugurée dans l’État de l’Imo dotée d’installations de stockages et de logistiques avec une capacité d’environ 8 M mètres cubes par jour, et une étendue potentielle de 16 M mètres cubes par jour après expansion. Elle sera essentiellement dédiée au traitement du gaz naturel, gaz sec, gaz pétrolier liquéfié (LPG) à usage domestique, ainsi quelques produits d’exports. Enfin, le dernier projet est le pipeline ANOH GAS PIPELINE PROJECT-OB3 Custody Transfer Metering (CTM) LINKUP dont la fonction principale sera orientée vers l’exportation de gaz.

Ces projets pourraient permettre d’accroitre la capacité de production du pays de l’ordre de 25% d’après les autorités, et s’inscrivent dans la stratégie du gouvernement d’atteindre l’autosuffisance énergétique « verte » en 2060. A l’heure où plusieurs réformes ont été entreprises pour faciliter et encourager l’investissement dans le secteur pétro-gazier (voir note DG Trésor), le Président Tinubu a réitéré lors de l’inauguration de ces trois projets que l’amélioration du climat des affaires dans ce secteur reste une priorité de son gouvernement.

Le Nigéria redevient le premier pays producteur de pétrole en Afrique

Premier producteur historique de pétrole brut en Afrique, la production de pétrole du Nigéria avait baissé de manière continue de janvier à mars 2024, avec un niveau de production de 1,43mbj en janvier, 1,32 mbj en février et 1,23 mbj en mars. Fin mars, le Nigéria avait ainsi perdu sa place de premier producteur de pétrole du continent au profit de la Libye. Au terme du mois d’avril, le pays a toutefois retrouvé sa première place avec un niveau de production moyen de 1,28 mbj, soit une hausse de 4% par rapport au mois de mars.

Si la baisse de production ces derniers mois est en partie liée à des circonstances ponctuelles, telles que la maintenance de certains sites de production, à l’image du FPSO Akpo qui produit près de 100 000 bj et qui a arrêté sa production pendant 5 semaines pour une maintenance, elle est aussi, principalement, la conséquence du sous-investissement chronique dans l’industrie ces dernières années et du détournement du pétrole dans le Delta.

En conséquence, le Nigéria ne parvient toujours pas à atteindre son quota fixé par l’OPEP de 1,5 mbj. Néanmoins, les trois décrets pétro-gaziers signés en mars par le Président Bola Tinubu, qui prévoient (1) des incitations fiscales, (2) la rationalisation des procédures et des délais de passation des marchés et (3) la réforme des pratiques en matière de contenu local, ambitionnent de doter le Nigéria d’un environnement plus propice aux investissements dans le secteur, afin de rapprocher le pays de ses objectifs de production en 2025. 

First City Monument Bank octroiera 10 M USD de prêts à des PME de la santé

La banque commerciale nigériane, First City Monument Bank (FCMB), a récemment conclu des accords de partenariat avec deux agences américaines : l’USAID et la DFC (Development Finance Corporation), toutes deux dédiées au financement du développement à l’international et dans les pays en développement. En vertu de ces accords, la FCMB collaborera étroitement avec les deux institutions pour fournir des prêts d’une valeur totale de 10 M USD à des petites et moyennes entreprises (PME) opérant dans le secteur de la santé. Ces prêts soutiendront des établissements hospitaliers dans l’acquisition d’équipements médicaux, la construction et la rénovation d’infrastructures de base. Outre le secteur de la santé, l’USAID et la DFC prévoient également de collaborer étroitement avec la FCMB pour renforcer son soutien financier aux secteurs clés tels que l’agriculture et les énergies renouvelables au Nigéria.

 

Le cédi ghanéen se déprécie de nouveau face au dollar américain

Le cédi ghanéen subit un affaiblissement record depuis le début l’année, ayant perdu plus de 14% de sa valeur face au dollar américain. Cette dépréciation est alimentée par la baisse des recettes du cacao due à une diminution des exportations de cacao d’un tiers depuis le début de l’année. De plus, malgré un excédent temporaire en 2023, le compte courant présente à nouveau un déficit, exerçant une pression supplémentaire sur le cédi en raison d’une demande accrue pour les devises étrangères.

Au 15 mai 2024, les taux de change interbancaires de la Banque du Ghana montrent que le cédi ghanéen se négocie contre le dollar à un prix d’achat de 13,72 et un prix de vente de 13,74, des niveaux similaires à novembre 2022. Dans un bureau de change à Accra, le dollar est acheté à 14,50 et vendu à 14,85.

Quant à l’euro, il se négocie à un prix d’achat de 14,90 et un prix de vente de 14,91, tandis que dans un bureau de change il est acheté à 15,45 et vendu 15,95.

Malgré ces données, le Ministre des Finances a souligné que cette dépréciation était moins élevée que la dépréciation de 27% enregistrée l’année dernière à la même période, lors de son discours à la cérémonie d’ouverture du Sommet 3i Africa à Accra. La minorité du Parlement a exprimé de son côté ses inquiétudes face à cette dépréciation forte du cedi ghanéen, avertissant que la situation économique pourrait s’aggraver avec une nouvelle hausse des prix dans les secteurs de la distribution et des services.

La Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO investit 200 M USD pour les PME ghanéennes

La Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC) a renforcé son partenariat avec le Ghana en s’engageant à investir 200 M USD dans l’économie ghanéenne par le biais de prêts concessionnels à la Ghana Export-Import Bank (GEXIM) et la Ghana Commercial Bank (GCB Bank PLC).

Le protocole d’accord a été signé par Dr. George Agyekum Donkor, président de la BIDC, et Dr. Mohammed Amin Adam, ministre des Finances du Ghana, lors d’une cérémonie au siège de la BIDC à Lomé. Cette nouvelle injection de fonds, qui vise à stimuler la croissance des petites et moyennes entreprises (PME), à favoriser la création d’emplois, l’innovation et le développement durable, porte les engagements totaux de la BIDC au Ghana à 600 M USD.

Au Ghana, on compte environ 850 000 PME, ce qui représente environ 90 % des entreprises et contribue à plus de 80 % de l’emploi total. La contribution économique des PME dans le pays correspond à 70 % du Produit Intérieur Brut (PIB) et 80 % des emplois du secteur privé. De plus, les PME dirigées par des femmes jouent un rôle important dans le paysage du Ghana, représentant environ 43 % de toutes les PME. Malgré leur impact, les PME ghanéennes sont confrontées à un important déficit de financement avec des besoins non satisfaits estimés à 2,4 Md USD en raison d’un accès aux crédits très limité voire fermé.

Le vice-président et candidat à l’élection présidentielle Mahamudu Bawumia, a annoncé que le prochain gouvernement du Nouveau parti patriotique (NPP) introduira de nouvelles politiques et de nouveaux programmes spécifiques dans les secteurs de l’agriculture et de l’énergie afin de réduire le coût élevé des denrées alimentaires et de l’électricité dans le pays

Dans le cadre de sa tournée de campagne, lors d’une prise de parole dans la région de Bono, M. Bawumia a expliqué que le coût élevé de la nourriture et de l’électricité, qui est devenu une préoccupation majeure pour de nombreux Ghanéens, nécessitait des innovations et des interventions spécifiques. Il a ajouté que son gouvernement investirait davantage dans l’agriculture commerciale, mécanisée et irriguée afin de réduire le coût élevé des denrées alimentaires et de stimuler l’économie du pays, tout en défendant le bilan du gouvernent actuel dans ce secteur.

M. Bawumia a déclaré que, sous sa présidence, la production d’énergie solaire remplacerait la production d’électricité à partir de gaz, afin de réduire le coût élevé de l’électricité et de favoriser l’indépendance du pays en matière de production d’énergie. Il a annoncé que, s’il était élu, il s’engagerait à produire 2 000 mégawatts d’énergie solaire, ce qui, selon lui, correspond à la moitié de la consommation énergétique du pays. Il a souligné que des entreprises privées avaient déjà manifesté leur intérêt à investir dans ce secteur.

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