Actualités économiques Nigéria-Ghana | Semaine du 15 avril 2024

Nous rappelons à notre cher lectorat que le Service économique régional d’Abuja publie régulièrement sur l’actualité économique franco-nigériane et sur ses activités dans le pays à travers sa page LinkedIn. Il en est de même pour le Service économique d’Accra, sur LinkedIn.

 

 

Publication du premier Bulletin économique de l’Afrique de l’Ouest par les SER d’Abuja et d’Abidjan

Les SER d’Abuja et d’Abidjan ont le plaisir de vous annoncer la publication du premier numéro de leur Bulletin économique de l’Afrique de l’Ouest. Certes l’ensemble régional comporte des spécificités propres à chaque pays. Il apparaît toutefois que le rôle de la CEDEAO, les projets d’infrastructures régionales et la proximité des modèles et défis économiques justifient une analyse régionale. Ce bulletin trimestriel a ainsi vocation à compléter nos brèves hebdomadaires avec des dossiers de fond.

Nous espérons que ce Bulletin économique de l’Afrique de l’Ouest pourra également alimenter les échanges entre nos services et vous-mêmes, acteurs impliqués de près ou de loin dans la région.

 

LE CHIFFRE A RETENIR

29,7 % : C’est le taux d’inflation alimentaire du Ghana pour le mois de mars 2024, en glissement annuel.

FAITS SAILLANTS

Nigéria :

Le Nigéria passe de la 1ère à la 4ème place parmi les économies africaines ; Le naira s’apprécie de 34,0 % ces deux derniers mois, tandis que les réserves en devises diminuent de 6,7 % en un mois pour atteindre 32,1 Md USD ; La NPA obtient un prêt pour la réhabilitation des ports de Lagos ; Heineken annonce la suspension temporaire de deux de ses sites de production au Nigeria.

Ghana :

Le versement de la troisième tranche du FMI au Ghana est conditionné à un accord avec ses créanciers bilatéraux, tandis que les négociations pour la restructuration de la dette privée continuent ; Le Gouvernement annonce de nouvelles mesures concernant la taxe sur les revenus étrangers des résidents ghanéens ; Le candidat du parti au pouvoir, Dr Mahamudu Bawumia, a annoncé qu’il souhaitait faire du Ghana un hub pharmaceutique dans sous-région.

 

Le Nigéria passe de la 1ère à la 4ème place parmi les économies africaines

L’économie nigériane, qui était la plus importante d’Afrique en 2022, devrait passer à la quatrième place cette année, et y rester au moins jusqu’en 2029. Les Perspectives de l’économie mondiale du FMI estiment le produit intérieur brut du Nigeria à 253 Md USD en 2024 (soit -26,9 % en deux ans en dollars courants), derrière l’Algérie à 267 Md USD, l’Égypte à 348 Md USD et enfin l’Afrique du Sud à 373 Md USD.

La situation du Nigeria s’est dégradée essentiellement en raison de l’inflation élevée et de la chute du naira sur le marché des changes. L’Égypte a également laissé flotter sa monnaie, ce qui a entraîné une chute de près de 40 % de la valeur de sa livre par rapport au dollar le mois dernier. Contrairement au naira et à la livre égyptienne, la valeur du rand sud-africain est restée stable : il n’a perdu que 4 % de sa valeur par rapport au dollar cette année. L’Algérie quant à elle, membre de l’OPEP+, a bénéficié des prix élevés du pétrole et du gaz provoqués d’abord par l’invasion de l’Ukraine par la Russie puis par les tensions au Moyen-Orient.

Le FMI a toutefois relevé ses perspectives de croissance pour le Nigéria en 2024 : le Fonds table désormais sur 3,3 %, contre 3,0 % auparavant.

Le naira s’apprécie de 34,0 % ces deux derniers mois, tandis que les réserves en devises diminuent de 6,7 % en un mois pour atteindre 32,1 Md USD

Le cours du naira s’est nettement repris ces derniers jours (environ 1 150 NGN pour 1 USD au marché officiel, contre 1 600 courant mars). En plus de l’anticipation d’un resserrement monétaire, il faut sans doute y voir l’effet de l’unification des guichets de change et du règlement des arriérés par la CBN, ainsi que la mise à disposition de 20 000 USD par bureau de change agréé, accessibles au prix administré (1 300 NGN par USD).

Ces efforts en faveur du naira sont contemporains d’une diminution importante des réserves en devise (-7,3 Md USD ces douze derniers mois pour atteindre 31,3 Md USD à la mi-avril – environ 5 mois d’importations). La Banque centrale du Nigeria a toutefois voulu clarifier les raisons selon elle de la baisse significative des réserves de change du pays ce mois-ci (-6,7 Md USD) : celle-ci ne viserait pas principalement à défendre le naira, comme il est généralement admis, mais plutôt à rembourser partiellement les dettes dues aux créanciers. Le Gouverneur Olayemi Cardoso, qui s’exprimait cette semaine à Washington, a déclaré que la banque centrale s’abstient d’intervenir sur le marché des changes, sauf circonstances exceptionnelles.

La NPA obtient un prêt pour la réhabilitation des ports de Lagos

Le directeur général de l’Autorité portuaire nigériane (NPA), Mohammed Bello-Koko, a annoncé que la NPA devrait recevoir un prêt d’un montant de 700 M USD de Citibank, financé par le UK Export Finance (UKEF). Ce prêt servira à la rénovation des ports d’Apapa et de Tincan Island dans l’Etat de Lagos. Il devrait notamment permettre de réhabiliter les murs de quai des deux ports et plusieurs infrastructures, et d’approfondir le tirant d’eau à 16,5 mètres afin d’accueillir de plus gros navires.

Le projet ne pourra néanmoins être validé qu’après l’approbation du ministre de la Marine et de l’Economie bleue, du ministre des Finances et du Bureau de la gestion de la dette (DMO).

Le directeur de la NAPA a par la même occasion annoncé que d’autres discussions étaient sur le point d’aboutir avec des agences multilatérales pour financer la réhabilitation des ports de Calabar et d’Onne dans le Sud-Est du Nigéria. Pour rappel, en novembre 2023, Mohammed Bello-Koko avait annoncé qu’une somme de 1,1 Md USD serait consacrée à la réhabilitation des ports nigérians au cours du premier trimestre 2024, afin de renforcer la compétitivité commerciale du pays dans la région.

Heineken annonce la suspension temporaire de deux de ses sites de production au Nigeria

Nigerian Breweries, une entreprise cotée en bourse à Lagos et le principal brasseur du Nigeria, a annoncé un plan de restructuration. L’entreprise, détenue en grande partie par l’Arche Green N.V., une entité d’investissement appartenant à la famille propriétaire du groupe Heineken, prévoit de mettre temporairement hors service deux de ses neuf sites de production, ainsi que de mettre en congé certains employés, bien que la nature éventuellement permanente de cette mesure reste indéterminée.

Depuis le début de l’année, Nigerian Breweries a ajusté ses prix à trois reprises, mais ces mesures n’ont pas été suffisantes pour compenser les défis économiques persistants. Parmi ces défis, la dévaluation du naira a considérablement alourdi les charges d’exploitation, notamment en ce qui concerne l’importation des matières premières. De plus, l’inflation a continué d’augmenter, atteignant 33,2 % en mars, contraignant les consommateurs nigérians à ajuster leurs priorités de dépenses en fonction de leur pouvoir d’achat.

 

Le versement de la troisième tranche du FMI au Ghana est conditionné à un accord avec ses créanciers bilatéraux, tandis que les négociations pour la restructuration de la dette privée continuent

La seconde revue de programme FMI a débouché sur un accord au niveau des équipes. Elle sera portée au Conseil d’administration du FMI pour validation et versement de la troisième tranche d’un montant de 360 M USD de facilité élargie de crédit, prévue en juin. Ce versement est cependant conditionné à l’aboutissement d’un accord sur la restructuration de la dette bilatérale du Ghana engagée avec le Club de Paris dans le cadre du Cadre commun, conformément aux principes convenus en janvier 2024.

Selon le FMI, la plupart des objectifs quantitatifs ont été atteints et les principales réformes structurelles ont été mises en œuvre, notamment dans les secteurs du cacao et de l’énergie. La stabilisation macroéconomique du pays est jugée en bonne voie par le FMI avec une croissance économique estimée initialement à 1,5 % pour 2023 mais qui a finalement atteint 2,9 %, grâce au secteur des services. Les projections de croissance économique s’élèvent à 2,8 % en 2024 et 4,4 % en 2025.

Dans le même temps, concernant le traitement de la dette externe privée, Reuters indique que le Ghana n’a pas réussi à conclure un accord avec les détenteurs d’obligations internationales pour restructurer 13 Md USD. Les négociations ont commencé le 16 mars 2024. Le gouvernement indique que les négociations avec les deux groupes de détenteurs d’obligations (un groupe régional et un groupe international) se poursuivaient, afin que l’accord soit compatible avec les paramètres de viabilité de la dette du FMI.

Le Gouvernement annonce de nouvelles mesures concernant la taxe sur les revenus étrangers des résidents ghanéens

Le Gouvernement du Ghana et l’Autorité fiscale du Ghana (GRA) ont annoncé leur intention de mettre en place des mesures concernant la taxe sur les revenus étrangers des résidents ghanéens. Cette décision vise, selon le Gouvernement, à pallier le manque à gagner estimé à 1,8 Md GHS (130 M USD) causée par l’abandon en début d’année de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur l’électricité, à la suite des vives réactions. Mme Julie Essiam, qui vient d’être nommée commissaire générale de la GRA, première femme à occuper ce poste, indique que cette taxe, qui est déjà prévue par la législation ghanéenne mais peu appliquée par le passé, s’applique aux Ghanéens résidant dans le pays pendant 183 jours ou plus. La taxe a été introduite en 2015 dans la loi sur l’impôt sur le revenu (loi 896) pour imposer les revenus que les Ghanéens résident au Ghana gagnent à l’étranger, et établit un taux progressif allant de 0 à 35 %, avec une exonération pour les revenus annuels inférieurs à 5 580 GHS (415 USD) et un taux maximal de 35 % pour les revenus supérieurs à 600 000 GHS (44 500 USD). La GRA souhaite également inciter les contribuables à déclarer volontairement leurs revenus étrangers dans les trois mois suivant le 1er mai pour bénéficier d’une exonération des intérêts sur leurs comptes étrangers.

Le candidat du parti au pouvoir, Dr Mahamudu Bawumia, a annoncé qu’il souhaitait faire du Ghana un hub pharmaceutique dans sous-région

Le candidat du New Patriotic Party (NPP), le Dr Mahamudu Bawumia, a déclaré à la Société pharmaceutique du Ghana (PSGH) qu’il avait l’intention de faire du Ghana un hub pharmaceutique en Afrique de l’Ouest dès l’année prochaine s’il était élu à la tête du gouvernement en 2024. Il a souligné l’avantage comparatif du Ghana dans ce secteur et les gains potentiels qui pourraient être réalisés, tout en insistant sur la nécessité d’une forte volonté politique et de financements importants. Le vice-président a également expliqué comment les réformes fiscales qu’il propose, en particulier l’amnistie fiscale et le prélèvement forfaitaire unique pour les entreprises, ainsi que le développement des ressources humaines, aideront l’industrie pharmaceutique. Il a déclaré vouloir investir dans la formation des pharmaciens au Ghana, en créant un centre de formation pharmaceutique et en accordant la priorité aux bourses d’études pour les étudiants en pharmacie. Enfin, le candidat du NPP a également évoqué la nécessité de créer un parc pharmaceutique au Ghana pour stimuler l’industrie.

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