Actualités économiques Nigéria-Ghana | Semaine du 19 février 2024

Nous rappelons à notre cher lectorat que le Service économique régional d’Abuja publie régulièrement sur l’actualité économique franco-nigériane et sur ses activités dans le pays à travers sa page LinkedIn et son compte Twitter. Il en est de même pour le Service économique d’Accra, sur LinkedIn.

 

LE CHIFFRE A RETENIR

23% : C’est l’augmentation des salaires du secteur public au 1er janvier 2024 au Ghana (+30 % l’année dernière).

FAITS SAILLANTS

Nigéria :

Face à une nouvelle dépréciation du naira, la CBN s’associe à des agences répressives et bloque partiellement l’accès aux cryptomonnaies ; Croissance du PIB du Nigéria de 2,7 % en 2023 ; Le Gouvernement menace d’ouvrir les frontières pour l’importation de ciment ; Premier Feed Mills annonce une suspension temporaire de ses approvisionnements en céréales à l’échelle locale.

Ghana :

Le cédi ghanéen se déprécie de 3,6 % en 2024 face au dollar ; Le taux de chômage du Ghana s’élève à 14,7 %.

 

Face à une nouvelle dépréciation du naira, la CBN s’associe à des agences répressives et bloque partiellement l’accès aux cryptomonnaies

Le Gouvernement a émis cette semaine une directive à l’attention du Bureau du conseiller à la sécurité nationale (ONSA) et de la Banque centrale du Nigéria (CBN), afin qu’ils unissent leurs forces afin de relever les défis posés par les activités spéculatives sur le marché des changes.

«  Pour réduire la pression sur le naira, la Commission des crimes économiques et financiers (EFCC) a mis en place une force spéciale de 7 000 hommes dans ses quatorze commandements de zone. »

Zakari U. Mijinyawa, responsable de la communication stratégique de l’ONSA

Ce partenariat impliquera un effort coordonné avec les principales agences chargées de l’application de la loi, notamment la Force de police du Nigeria (NPF), le Service des douanes du Nigeria et la Cellule de renseignement financier du Nigeria (NFIU).

Par ailleurs, les autorités nigérianes ont bloqué l’accès à certaines des plus grandes bourses de cryptomonnaies du monde, toujours dans l’objectif de limiter la spéculation. La Commission nigériane des communications (NCC) aurait ainsi ordonné aux entreprises de télécommunications de restreindre l’accès aux sites internet de sociétés telles que Binance, Coinbase et Kraken. Ces contrôles marquent un revirement sur les cryptomonnaies au Nigeria, que le Président Bola Tinubu considérait au début de son mandat comme des outils favorables au marché, conçus pour attirer les investissements étrangers dans une économie en difficulté. Selon le fournisseur de données Chainalysis, le Nigeria était l’année dernière le deuxième pays, après l’Inde, en matière de proportion de richesses privées stockées dans des cryptomonnaies.

L’ensemble de ces mesures ont été prises alors que le naira a poursuivi sa dépréciation sur le marché parallèle des changes, à un niveau record de 1 900 NGN pour 1 USD ce jeudi.

Croissance du PIB du Nigéria de 2,7 % en 2023

Selon le Bureau national des statistiques (NBS), le PIB du Nigéria a connu une croissance de 2,7 % en 2023, passant de 75 768,9 Md NGN à 77 936,1 Md NGN. Sur l’année, les services ont le plus significativement contribué à la croissance, avec une croissance sectorielle de 4,2 % et une part dans le PIB de 56,2 %. En deuxième place, l’agriculture a crû de 1,1 % en 2023, et a représenté 25,2 % du PIB. Enfin, l’industrie a connu une très faible croissance en 2023 (+0,7 %) – mais enregistre tout de même une meilleure performance que l’année précédente (-4,6 %). Le secteur manufacturier n’a représenté que 18,7 % du PIB en 2023.

Plus largement, et malgré les idées reçues, la croissance du Nigéria est due à son secteur non-pétrolier (+3,0 % de croissance et 94,6 % du PIB). Le secteur pétrolier ne représente que 5,4 % du PIB et a connu une contraction de -2,2 %.

Le Gouvernement menace d’ouvrir les frontières pour l’importation de ciment

Le ministre fédéral du Logement et du Développement urbain, Ahmed Dangiwa, a menacé les acteurs locaux de production de ciment d’ouvrir les frontières nigérianes à l’importation de ciment étranger si ces derniers ne réduisaient pas leurs prix. Les barrières à l’importation du ciment étranger au Nigéria permettent en effet de favoriser les producteurs de ciment nationaux en les protégeant de la concurrence internationale. Le Gouvernement estime désormais que la hausse des prix des producteurs locaux est disproportionnée pour une industrie dont les composants clé tels que le calcaire, l’agile, le sable siliceux ou encore le gypse proviennent principalement du Nigéria. Le ministre a notamment souligné que l’entreprise BUA, une des trois principales entreprises du secteur au Nigéria avec Dangote Cement et Lafarge, acceptait de baisser ses prix de 7000 à 8000 NGN par rapport aux autres fabricants, appelant ainsi ces derniers à faire un effort de patriotisme sur leurs prix. En effet, si le Gouvernement venait à laisser libre cours à l’importation massive de ciment étranger, les producteurs locaux en seraient les premiers affectés.

Premier Feed Mills annonce une suspension temporaire de ses approvisionnements en céréales à l’échelle locale

En janvier 2024, l’inflation sur un an au Nigeria a atteint 29,9 % (en glissement annuel), son niveau le plus élevé en 28 ans. La hausse des prix a particulièrement touché les produits de base comme les céréales, une des denrées les plus affectées.

Face à cette augmentation des prix des céréales sur le marché local, Premier Feed Mills, une filiale de Flour Mills of Nigeria (FMN), le principal minotier du pays, a pris la décision de suspendre temporairement ses achats de maïs et de sorgho auprès des producteurs locaux. Cette entreprise, qui dispose d’une capacité installée de production de plus de 670 000 tonnes par an, fabrique des aliments pour animaux à travers des usines situées dans les villes d’Ibadan et de Calabar.

Cela intervient quelques jours après qu’Olam Nigeria, la filiale locale du négociant singapourien de matières premières agricoles Olam Agri, a également annoncé la suspension de son approvisionnement en maïs et sorgho auprès des producteurs locaux, et ce jusqu’à nouvel ordre.

 

 

Le cédi ghanéen se déprécie de 3,6 % en 2024 face au dollar

Le cedi ghanéen a perdu environ 3,6 % de sa valeur par rapport au dollar en janvier de 2024. Alors que le taux de change s’était stabilisé entre 1 USD pour 11 ou 12 GHS à partir de mai 2023, la reprise de la dépréciation du cédi entamée en fin d’année 2023 se poursuit en 2024. Au 22 février 2024, le taux de change interbancaire s’établit à 12,4 GHS pour 1 USD. Le cédi ghanéen s’était déprécié de 30 % face au dollar en 2022, puis de 27 % en 2023 sur le marché interbancaire.

Cette poursuite de la dépréciation peut s’expliquer notamment par les pressions inflationnistes qui perdurent. L’inflation est repartie en effet légèrement à la hausse en janvier 2024, pour la première fois depuis le mois de juillet 2023, pour s’établir à 23,5 % en année glissante (23,2 % en décembre 2023). L’indice des prix à la production est également en hausse en janvier 2024 pour atteindre 17,4 % en année glissante, contre 16,6 % en décembre 2023 – ce qui suggère que la hausse des prix à la consommation se poursuivra.

Ces pressions inflationnistes interviennent alors que le FMI a versé la deuxième tranche de 600 M USD en janvier dernier, à la suite de la validation de la première revue du programme. En outre, la Banque mondiale a également débloqué la somme de 300 M USD pour le Ghana en 2024, faisant partie d’une série de trois versements d’égale valeur en trois ans. La deuxième revue de programme du FMI est prévue en avril 2024.

Le taux de chômage du Ghana s’élève à 14,7 %

Le Service statistique du Ghana (GSS) a publié une étude sur le chômage au Ghana révélant que 14,7 % de la force de travail ghanéenne était à la recherche d’un emploi au T3 2023 (13,7 % en 2022). Selon l’étude du GSS, les femmes sont les plus touchées avec un taux de chômage de 17,7 %, tandis qu’il s’élève à 10,9 % pour les hommes. De plus, de fortes inégalités s’observent entre les régions et les zones urbaines : la région de la capitale (Greater Accra) est la plus touchée avec 25,1 % au T3 2023, en augmentation de 5 % par rapport à 2022.

Plus important encore, le taux de chômage des jeunes (15-25 ans) s’élève à 29,7 % au troisième trimestre 2023, tandis que la part des jeunes ne travaillant pas, ne suivant pas d’études et ne bénéficiant d’aucune formation (NEET) est en hausse de 3,6 points pour atteindre 16,3 %.

Selon les données publiées, près d’un quart des chômeurs (de
janvier 2022 à septembre 2023) ont toutefois achevé leurs études supérieures – un chiffre en hausse – et 48 % des personnes sans emploi ont achevé leurs études secondaires.


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