Actualités économiques Nigéria-Ghana | Semaine du 26 février 2024

Nous rappelons à notre cher lectorat que le Service économique régional d’Abuja publie régulièrement sur l’actualité économique franco-nigériane et sur ses activités dans le pays à travers sa page LinkedIn et son compte Twitter. Il en est de même pour le Service économique d’Accra, sur LinkedIn.

 

LE CHIFFRE A RETENIR

22,75 % : C’est le nouveau taux directeur de la Banque centrale du Nigéria, qui a été relevé de 400 points de base.

FAITS SAILLANTS

Nigéria :

Inflation et dépréciation du naira : La Banque centrale du Nigeria augmente le taux directeur de 400 points de base ; La Banque centrale du Nigeria a versé plus de 300 millions de dollars pour stabiliser le taux de change naira-dollar ; Alors que l’entreprise Nestlé affiche une perte de 104 Md NGN (59 M EUR) en raison de la dépréciation du naira, le président Tinubu lance une taxe sur l’emploi des expatriés, accentuant les défis pour les acteurs économiques internationaux ; Le Nigeria alloue la moitié de ses revenus pétroliers à la production de pétrole brut.

Ghana :

Les transactions par le biais des services de monnaie mobile ont significativement augmenté en 2023, en volume et en valeur ; Le gouvernement s’apprête à conclure un accord pour la création d’une raffinerie de manganèse d’une valeur de 450 M USD.

 

Inflation et dépréciation du naira : La Banque centrale du Nigeria augmente le taux directeur de 400 points de base

Entre janvier 2023 et janvier 2024, l’inflation annuelle globale du Nigeria a augmenté de façon significative, passant de 21,82 % à 29,90 %. Cette augmentation touche particulièrement les secteurs de l’alimentation et des boissons non alcoolisées, ainsi que le logement, l’eau, l’électricité, le gaz et autres combustibles, selon les données du Bureau nigérian des statistiques. Parallèlement à cette augmentation des prix, le naira a connu une dépréciation de 40 % par rapport au dollar américain, d’après les données de Fitch Ratings en date du 13 février dernier.

Dans ce contexte marqué par une recrudescence de l’inflation, la Banque centrale du Nigéria a pris des mesures en relevant son principal taux directeur de 400 points de base. Il s’établit désormais à 22,75 % à la suite de la réunion de son comité de politique monétaire qui s’est tenue le mardi 27 février. Il convient de souligner que la Banque centrale du Nigeria a resserré sa politique monétaire à quatre reprises au cours de l’année 2023, portant ainsi le taux directeur de 17,5 % en janvier à 18,75 % en juillet 2023.

La Banque centrale du Nigeria a versé plus de 300 millions de dollars pour stabiliser le taux de change naira-dollar

La Banque centrale du Nigeria a récemment procédé à des injections de fonds, totalisant plus de 300 M USD, en faveur des banques de dépôt au cours des deux dernières semaines. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’une série d’actions visant à stabiliser le taux de change entre le naira et le dollar américain, dans un contexte où des défis significatifs persistent.

La semaine précédente, la CBN a déployé une vente de devises de plus de 200 M USD auprès des banques, à des taux inférieurs à 1 500 NGN pour 1 USD. De manière similaire, au cours de la semaine dernière, la Banque centrale a poursuivi ces efforts en effectuant des ventes de devises pendant deux jours consécutifs, au taux de change estimé de 1 450 NGN pour 1 USD.

Ces interventions viennent en réponse à la dépréciation rapide du naira observée ces dernières semaines. Au début de l’année 2024, le naira s’échangeait au taux de 890 NGN pour 1 USD. Toutefois, depuis lors, il s’est très fortement : actuellement, le taux sur le marché officiel atteint jusqu’à 1 850 NGN pour 1 USD.

Alors que l’entreprise Nestlé affiche une perte de 104 Md NGN (59 M EUR) en raison de la dépréciation du naira, le président Tinubu lance une taxe sur l’emploi des expatriés, accentuant les défis pour les acteurs économiques internationaux

Selon le rapport financier de l’exercice 2023 de Nestlé Nigeria Plc, la société a enregistré une perte avant impôts de 104 Md NGN (59 M EUR) pour l’année, comparativement à un bénéfice avant impôts de 71 Md NGN (41 M EUR) pour la même période en 2022. Cette déclaration fait état d’une perte de change de 195 Md NGN (111 M EUR), identifiée comme la principale cause de la perte globale annoncée par l’entreprise. Les pertes de change ont également conduit à une détérioration des fonds propres des actionnaires de la société, les portant désormais à un niveau négatif de 78 Md NGN (45 M EUR), contre 30,2 Md NGN (17 M EUR) un an auparavant. Cette situation se traduit par un passif supérieur à l’actif de la société. En conséquence, Nestlé ne sera pas en mesure de verser de dividende en raison de la situation financière de ses actionnaires.

De plus, la situation financière et économique des entreprises internationales pourrait être affecté par une nouvelle mesure : le président Tinubu a annoncé le lancement d’une taxe sur l’emploi des expatriés, une initiative du ministère fédéral de l’Intérieur visant à accroître les opportunités d’emploi pour les Nigérians travaillant dans des entreprises étrangères opérant au Nigeria. Le ministre de l’Intérieur, Olubunmi Tunji-Ojo, a déclaré que ce projet, qui sera géré selon un modèle de partenariat public-privé (PPP), sera mis en oeuvre par le Service de l’Immigration du Nigeria (NIS).

Le Nigeria alloue la moitié de ses revenus pétroliers à la production de pétrole brut

Le Federal Inland Revenue Service (FIRS), l’instance publique chargée de l’administration et de la collecte des impôts fédéraux sur le revenu, des taxes et autres prélèvements obligatoires du Nigeria, a récemment diffusé des données concernant le coût de la production pétrolière dans le pays. Malgré sa position de grand pays pétrolier africain, avec une production moyenne de 1,64 M de barils par jour en janvier 2024, le Nigeria se classe au deuxième rang mondial en termes de coût de production du pétrole brut, juste après les États-Unis. Selon les statistiques du FIRS, le coût moyen d’extraction du pétrole brut au Nigeria s’établit à 48,71 USD par baril. En comparaison, ce même baril coûte entre 2 et 8 USD à produire en Arabie saoudite, et entre 10 et 15 USD en Iran.

 

Les transactions par le biais des services de monnaie mobile ont significativement augmenté en 2023, en volume et en valeur 

Selon le récent rapport de la Banque du Ghana sur le secteur des technologies financières, les services de monnaie mobile ou transactions financières par le biais d’un téléphone portable (Mobile Money) comptaient près de 22,8 M de comptes clients actifs en 2023 (+12 % par rapport à 2022), pour un pays au 33 M d’habitants. Les transactions par le biais des Mobile Money sont également en hausse par rapport à 2022, avec +35 % du volume des transactions pour atteindre 6,8 Md transactions en 2023, et une valeur totale transférée en hausse de 79 % pour atteindre 1 912 milliards de GHS (151 Md USD) en 2023. Les services de Mobile Money sont utilisés quotidiennement pour diverses transactions, principalement pour des transferts à des tiers (49 % des transactions), mais également pour des retraits d’argent (14 %), des dépôts (12 %), ou encore les paiements de factures numérisées (10 %).

Autre témoin du dynamisme du secteur de la Fintech au Ghana, le 3i Africa Summit, organisé par la Banque du Ghana et la Banque de développement du Ghana, est un festival de la fintech axé sur la stimulation de l’Innovation, de l’Investissement et de l’Impact pour le secteur des services financiers en Afrique. Sous le thème « Libérer le potentiel économique fintech et numérique de l’Afrique », le sommet se tiendra à Accra du 13 au 15 mai 2024, et abordera les principales opportunités de croissance et d’investissement pour l’écosystème fintech. Lors de l’événement inaugural du sommet 3i Africa, le gouverneur de la Banque du Ghana a annoncé la création d’un Fonds d’innovation Fintech pour soutenir et stimuler le développement des startups de l’industrie des technologies financières.

Le gouvernement s’apprête à conclure un accord pour la création d’une raffinerie de manganèse d’une valeur de 450 M USD

Lors de son Discours de l’État de la Nation (SONA 2024) au Parlement le 27 février 2024, le Président de la République du Ghana, Nana Akufo Addo, a réaffirmé l’engagement de son gouvernement en faveur de mesures visant à accélérer le programme d’industrialisation du pays, en particulier dans le secteur minier.

D’une part, le gouvernent s’apprête à conclure un accord pour la construction d’une raffinerie de manganèse d’une valeur de 450 M USD avec la Ghana Manganese Company Ltd (GMC). Ce projet vise à affiner le manganèse produit localement et ainsi ajouter de la valeur à la chaîne du manganèse au Ghana, plutôt que d’exporter le minerai sous sa forme brute.

Par ailleurs, un Instrument Legislatif sera proposé dans les prochaines semaines pour interdire l’exportation de bauxite brut au Ghana, également dans le but de promouvoir le traitement local de ce minerai. En outre, le gouvernement a signé un accord pour la mise en oeuvre du projet 3 de la Ghana Integrated Aluminium Development Corporations (GIADEC), qui comprend le développement d’une mine et d’une raffinerie de bauxite à Nyinahin-Mpasaaso dans la région d’Ashanti.


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