Avez-vous le bon comportement pour échapper à la maladie d’Alzheimer ? Si les nombreuses recherches scientifiques ont toujours relié les maladies neurodégénératives à des facteurs génétiques et environnementaux, ces dernières semaines, plusieurs nouvelles études* mettent en lumière un nouveau facteur de risque de développer la maladie d’Alzheimer : l’état d’esprit et le mode de vie du patient. Une découverte importante dans l’aide à la recherche d’un traitement pour lutter contre cette démence, toujours incurable.
L’impact de la santé mentale sur le déclin cognitif et la maladie d’Alzheimer
La maladie d’Alzheimer est causée par une dégénérescence progressive des neurones. Par conséquent, les fonctions cognitives comme la mémoire, le langage, l’apprentissage ou encore le raisonnement, s’altèrent avec le temps.
La biologie des mitochondries cérébrales
Une étude américaine publiée le 18 juin 2024 dans la revue PNAS a exploré comment la santé mentale et les émotions influencent le cerveau et, a fortiori, les cellules cognitives au niveau moléculaire.
D’après les données de deux études portant sur près de 450 personnes âgées suivies pendant 20 ans et après leur mort (via des dons de cerveaux), les chercheurs ont constaté que les individus ayant moins de stress psychologique avaient des mitochondries cérébrales plus efficaces, fournissant ainsi plus d’énergie et donc plus de protéines au cerveau.
« Nous montrons que l’état d’esprit des personnes âgées est lié à la biologie de leurs mitochondries cérébrales« , explique Caroline Trumpff, co-auteure de l’étude.
L’influence du stress sur le déclin cognitif
A contrario, les expériences négatives peuvent altérer la transmission d’énergie au cerveau et augmenter le risque de déclin cognitif. Le stress psychologique chronique endommage la transformation de l’énergie mitochondriale dans le cortex préfrontal dorsolatéral, responsable des fonctions cognitives de haut niveau.
« Si les mitochondries peuvent modifier le comportement des cellules, elles peuvent aussi changer la biologie du cerveau, de l’esprit et de la personne dans son ensemble », conclut Martin Picard, un autre auteur de l’étude.
Les chercheurs prévoient de poursuivre leurs recherches pour quantifier la santé mitochondriale du cerveau des patients et mieux prédire le développement des maladies.
L’impact d’un mode de vie sain sur la Maladie d’Alzheimer
Avoir une bonne santé mentale passe aussi par un mode de vie sain, tant dans l’assiette que dans nos activités ! Selon l’INSERM, adopter un mode de vie sain peut retarder le développement de la démence.
Une étude au sein du Bordeaux Population Health Research Center a suivi le comportement de 5170 sexagénaires de Dijon, Montpellier et Bordeaux pendant 17 ans. Les résultats ont révélé que les individus avec une mauvaise hygiène de vie (consommation de tabac, manque d’activité physique, mauvaise alimentation) avaient plus de risque de développer la maladie d’Alzheimer. En revanche, les participants ayant un mode de vie sain ont pu retarder l’apparition des premiers symptômes.
Les scientifiques recommandent ainsi de suivre une alimentation saine, comme le régime méditerranéen (riche en huile d’olive, légumes, viandes blanches, fromages maigres), qui réduit de 10 à 20 % le risque de développer la maladie, surtout si ce régime est adopté dès l’âge de 40-45 ans. En effet, les antioxydants et anti-inflammatoires naturels protègent le cerveau des dommages à long terme.
Ce bénéfice s’applique aussi aux personnes génétiquement prédisposées à la maladie.
Comment améliorer son état d’esprit pour se prémunir d’Alzheimer ?
Améliorer ou entretenir un état d’esprit positif et éviter le stress chronique semble donc être une solution pour repousser les symptômes courants de la maladie d’Alzheimer.
Privilégier une alimentation équilibrée
Comme conseillé précédemment, les nutriments contenus dans les aliments sains ont un impact direct sur la chimie du cerveau et donc sur l’humeur. Par exemple :
- Les acides gras Oméga-3 (présents dans les poissons gras, les noix et les graines) agissent sur le développement et la fonction du cerveau.
- Les vitamines du groupe B (présentes dans les légumes verts, les légumineuses, les céréales complètes) activent la production de neurotransmetteurs, qui régulent l’humeur et les émotions. Par exemple, le tryptophane, un acide aminé présent dans les aliments riches en protéines, est un précurseur de la sérotonine, un neurotransmetteur qui régule l’humeur et le bien-être.
- Les antioxydants (présents dans les fruits et légumes) protègent le cerveau contre le stress oxydatif et l’inflammation, tous deux liés à des troubles mentaux comme la dépression et l’anxiété.
- Les fibres et les glucides complexes (comme les grains entiers, les fruits et les légumes) stabilisent la glycémie et réduisent la fatigue et l’irritabilité.
Ce type de régime, riche en fibres, probiotiques et prébiotiques, assainit aussi le microbiote intestinal. Ce deuxième cerveau intervient aussi dans les changements d’humeur.
À contrario, une alimentation riche en aliments transformés, en sucres et en graisses saturées augmente l’inflammation dans le corps, y compris dans le cerveau. Cette inflammation est associée à un risque de dépression et de troubles anxieux.
Travailler son bien-être
Être de bonne humeur et positif, ça s’entretient ! Voici quelques stratégies routinières efficaces à adopter :
- Pratiquez une activité physique que vous aimez comme la marche, la course, le yoga ou la danse. Au quotidien, l’exercice libère des endorphines, des hormones qui améliorent l’humeur.
- Adoptez une routine de sommeil en dormant 7 à 9 heures par nuit dans un environnement confortable, loin des nuisances lumineuses, existantes et bruyantes.
- Cultiver des relations positives en passant du temps avec des personnes bienveillantes, entreprenantes, qui vous soutiennent et vous encouragent.
En savoir plus sur les effets positifs de ces habitudes sur Alzheimer
Les autres comportements à risque d’Alzheimer
Une autre étude longitudinale sur 356 000 hommes et femmes du UK Biobank, suivis depuis l’âge de 40 ans, a montré que des facteurs de risque environnementaux tels que certains comportements et états de santé étaient communs aux démences précoces et tardives.
Parmi eux :
- Toutes les causes d‘hypertension artérielle telles que : l’abus d’alcool, le diabète, la dépression, les maladies cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux.
- L’isolement social,
- La perte auditive,
- De faibles niveaux de vitamine D,
- Des niveaux élevés de protéine C-réactive (indiquant une infection ou une inflammation, particulièrement chez les femmes),
- L’hypotension orthostatique (vertiges en position debout),
- Deux copies du gène APOE4,
- Un statut socio-économique bas et un faible niveau d’éducation.
Les résultats de cette étude ont fait l’objet d’une publication scientifique parue dans la revue Alzheimer’s & Dementia.
Bien que la génétique, notamment avec le gène APOE4, joue un rôle dans le développement de la maladie d’Alzheimer, ces nouvelles études montrent clairement que le mode de vie influence aussi son apparition. L’adoption d’un comportement sain et positif, tant dans l’alimentation que dans l’état d’esprit repousse l’arrivée de la maladie d’Alzheimer. L’examen de ces facteurs de risque combinés devient une piste de recherche prometteuse pour de futures stratégies préventives efficaces.
Sources :
*Psychosocial experiences are associated with human brain mitochondrial biology – PNAS – 18 juin 2024
*Brain Health Is Rooted in State of Mind, Finds Study – Columbia University – 18 juin 2024
Maladie d’Alzheimer – Institut Pasteur
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