Aider les enfants affectés par la violence en Ituri à se reconstruire : Le Fonds Humanitaire soutient AJEDEC – Democratic Republic of the Congo
Dans la province de l’Ituri, à l’Est de la République démocratique du Congo, les vagues incessantes de violences perpétrées par des groupes armés ont profondément marqué les esprits des populations. Ces communautés, souvent victimes directes des atrocités, assistent à des tueries, des enlèvements et l’incendie de leurs villages. Les jeunes enfants et adolescents, contraints de fuir à plusieurs reprises, accumulent des années de traumatisme et sont hantés par des souvenirs douloureux.
Victorine Zukayi, une adolescente de 17 ans, a dû fuir Teturi, une localité située à 45 km au sud de Mambasa centre (territoire de Mambasa) après que des hommes armés aient incendié leur village l’année dernière. Elle a trouvé refuge dans une famille d’accueil à Biakato. Sur place, elle participe aux activités de l’Espace Amis d’Enfants (EAE) comme une alternative de reconnexion à la vie normale, « Ma présence dans l’Espace Amis d’Enfants m’a fortement réconfortée et remontée le moral. Auparavant, j’étais complétement déprimée à la suite de l’incendie de notre maison. J’avais perdu tous mes objets scolaires, mes habits, et nous avons dû fuir, chacun de son côté. Je me suis retrouvé seule avec ma grand-mère.», raconte Victorine.
Depuis décembre 2023, plus de 1 490 enfants bénéficient d’un accompagnement psychologique à travers un programme de prise en charge psychologique des enfants déplacés retournés et ceux des communautés hôtes. Ce programme est mis en œuvre par l’ONG Association des Jeunes pour le Développement communautaire (AJEDEC), avec un financement du Fonds Humanitaire en RDC.
Ce programme de soutien psychosocial vise à aider ces enfants touchés par les conflits armés à se reconstruire après le traumatisme et des atrocités subies pendant les événements violents.
Cette initiative repose notamment sur la création d’Espaces Amis d’Enfants (EAE), des lieux d’accueil, d’activités et d’écoute. Entre octobre 2023 et mai 2024, plus de 13 400 enfants sont passés par les EAE fixes ou mobiles dans les localités de Biakato et Mambasa.
« A travers ces Espaces Amis d’Enfants, nous avons amené ces enfants à comprendre leurs émotions et à accepter les événements douloureux qu’ils ont traversés », explique Esdras Pika, Psychologue clinicien chez AJEDEC. « Ces activités psychosociales, éducatives, récréatives, ludiques et sportives que nous leur offrons contribuent à changer leurs comportements. Aujourd’hui, ils ont appris à rire de nouveau, à partager, à être sociables et à coopérer. Beaucoup n’affichent plus les troubles d’anxiété. »
Au sein des familles, les parents aussi témoignent des changements positifs de comportement de leurs enfants. « Depuis que ma petite-fille fréquente l’espace amis d’enfants, elle ne fait plus ses crises de colère. Ses rapports avec les autres membres de la famille se sont considérablement améliorés », note une grand-mère dont la petite-fille est inscrite à la formation de coupe et de couture. Certains enfants, n’ayant pas suivi le cursus scolaire normal, bénéficient de la remise à niveau proposée par l’EAE à travers son programme d’alphabétisation.
Pour les enfants plus âgés qui fréquentent les EAE, AJEDEC a noué des partenariats avec des ateliers de mécanique moto, de menuiserie, de coupe et de couture et des salons de coiffure afin de leur proposer des formations de cinq mois entièrement pris en charge. Grâce à l’appui d’AJEDEC, Victorine a choisi de suivre une formation en coupe et couture. « Pour le cas de Victorine, l’ergothérapie – en d’autres termes le traitement par le travail et le métier – l’a aidée à choisir cette formation qui constitue pour elle une alternative au cursus scolaire. Car, vu son âge, elle ne souhaite plus retourner à l’école », explique le psychologue d’AJEDEC. Cet apprentissage de métier est crucial pour son avenir et cela va l’aider à subvenir à ses besoins et surtout à supporter un jour la scolarité de ses frères et sœurs, s’est-elle rassurée.
Dans la zone de santé de Mandima, plus de 50 enfants bénéficient de ces différentes formations et recevront des kits nécessaires pour lancer leur nouvelle activité. La plupart des enfants bénéficiaires de ce programme souhaitent retourner et exercer les métiers qu’ils ont appris dans leurs milieux d’origine, une fois les conditions sécuritaires rétablies. Avec des initiatives comme celles d’AJEDEC, l’espoir renaît pour ces enfants, leur offrant non seulement un soutien psychologique vital, mais aussi la chance de se reconstruire à travers l’apprentissage d’un métier.
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