Airbags défectueux. « Notre volonté aujourd’hui, c’est qu’il y ait une instruction unique à Paris comme pour les scandales des prothèses PIP ou du Médiator. »

Aux Antilles, les airbags Takata font encore parler d’eux. Un nouveau décès est lié à des pièces projetées dans l’habitacle suite à l’explosion d’un airbag défectueux. Malgré les campagnes de rappels des automobiles équipées par le fournisseur japonais Takata, les risques sont bien réels. Le parquet et l’avocat guadeloupéen de plusieurs familles de victimes souhaitent des avancées sur ce dossier.

Une fois de plus, la route a tué. Mais cette fois-ci en cause une pièce métallique éjectée après l’explosion d’un airbag. Le conducteur était au volant d’une Toyota Yaris. Un véhicule acheté chez un concessionnaire en Guadeloupe par son tout premier propriétaire. Le patron de la concession automobile affirme que les mailles du filet se sont resserrées pour le rappel des véhicules équipés d’un airbag défectueux.


Tristan de Reynal, directeur général de la concession « Carmo » en Guadeloupe


« Nous avons commencé les campagnes de rappel depuis septembre 2017. En tout cas, nous savons que c’était une Yaris qui datait de 2010, qui avait été revendue entre-temps. Nous avons pu retrouver la trace de ce monsieur (NDLR du nouveau propriétaire) et nous avons envoyé plusieurs courriers, 6 me semble-t-il, à ce monsieur et le dernier datait du 23 mai 2024. Alors, il ne pouvait pas ignorer… » se défend Tristan de Reynal, Directeur général de la concession « Carmo ».

Combien de véhicules sont-ils aujourd’hui encore en circulation, équipés de coussins gonflables fabriqués par la firme japonaise Takata ? Pour la procureure de la République, les zones d’ombre s’estompent au fil des accidents et des décès.


Caroline Calbo, Procureure de la République de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe)


« On a quand même des faits depuis 2017 avec 5 blessés et 6 morts rien que sur le ressort de Pointe-à-Pitre. Je ne compte même pas l’autre mort à Basse-Terre. Il y en a d’autres à Cayenne, à Saint-Denis de La Réunion. Il y en d’autres également dans l’Hexagone. Nous essayons d’instruire avec la difficulté qui est effectivement l’entreprise Takata a fait faillite et il est difficile maintenant de rechercher les responsabilités. C’est un dossier qui a un volet international. » remarque Caroline Calbo, Procureure de la République de Pointe-à-Pitre.

Mais qu’importent les frontières à franchir, un avocat est parti en croisade pour défendre les victimes des airbags tueurs.


Charles-Henri Coppet, avocat de victimes d’airbags défectueux en Guadeloupe


« Vous voyez ici, un scanner de reconstruction de son crâne avec la trace du projectile, qui l’a traversé et qui l’a laissé aujourd’hui complètement hémiplégique. » dit Charles-Henri Coppet, Avocat – Spécialiste en droit du dommage corporel en montrant l’image.

« Les constructeurs ont indiqué que les projections ne pouvaient survenir qu’en cas de choc. Ce n’est pas cas. On a notamment ici une situation à Basse-Terre, où il y a eu un déclenchement d’airbag en dehors de tout choc. » précise l’avocat.

Mais Charles-Henri Coppet le sait, ce sera un combat de titans pour asseoir les coupables au banc des accusés.

« Notre volonté aujourd’hui, c’est qu’il y ait une instruction unique confiée à un pôle spécialisé de santé publique qui se trouve à Paris, comme cela a été le cas dans le passé pour les prothèses PIP, pour le Médiator, toujours des scandales, effectivement, avec des produits défectueux mis sur le marché. » poursuit le représentant de familles de victimes guadeloupéennes.

Aujourd’hui des vies peuvent être sauvées à condition de ne pas faire la sourde oreille aux campagnes de rappel des véhicules.

Un reportage de Marie-Lyne Plaisir et Mickaël Bastide de Guadeloupe la 1ère.

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