Alhousseini en prison pour « atteinte au crédit de la justice – DW – 14/04/2025

« La justice malienne ou le mal du siècle, la bourde du ministre Mamoudou Kassogue ».  C’est le titre de l’article publié le 8 avril dernier qui a ouvert les portes de la maison centrale d’arrêt de Bamako à Alhousseyni Togo.      

Celui-ci a ouvertement dénoncé le manque d’indépendance de la justice et met en doute les statistiques du garde des Sceaux Mamoudou Kassogue, qui a déclaré que plus de 70% de la population malienne est satisfaite de la justice malienne.    

Selon Bandjougou Danté, président de la maison de la presse, qui se réjouissait il y a quelques semaines du fait qu’il n’y avait aucun journaliste incarcéré depuis l’arrivée des militaires au pouvoir en août 2020, l’arrestation et l’emprisonnement du directeur de publication du journal Canard de la Venise est contraire aux valeurs défendues par les professionnels des médias.

« Ce que nous avons eu comme démarche à entreprendre, comme actions à mener, et nous espérons que ces actions vont aboutir. Il ne s’agissait pas pour nous de jeter de l’huile sur le feu, même si, la mort dans l’âme, nous avons assisté à cette tache noire dans la vie de notre profession et dans les valeurs que nous avons défendues jusqu’à l’incarcération de ce confrère-là », déplore Bandjougou Danté.

« Nous n’avions pas menti en disant qu’il n’y avait pas de journalistes maliens en prison, nous n’avons pas menti. Ce qui évoque le cas d’Aliou Touré, c’était un cas d’enlèvement et nous avons fait ce que nous devrions faire », explique le président de la maison de la presse malienne.

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Alihousseini Togo n’est pas le premier journaliste malien en prison pour son travailImage : AFP/Getty Images

En prison à cause d’une opinion personnelle

Aliou Touré est ce journaliste malien, directeur de publication du journal Le Démocrate, enlevé le 6 avril 2023 par des hommes armés cagoulés avant de réapparaitre quelques jours plus tard sain et sauf.

Dans le cas d’Alhousseini Togo, les principales organisations de la presse malienne affichent leur incompréhension et estiment que le journaliste n’a fait que donner son avis sur le fonctionnement de la justice malienne. 

Pour la blogueuse Fatouma Harber, dite Tinbuktu Woye, l’incarcération directeur de publication du journal Canard de la Venise fait planer une grande menace désormais sur la liberté d’expression au Mali.

« Ça nous inquiète en tant que blogueurs et en tant que journalistes. Est-ce que nous avons le droit de nous exprimer sur tous les sujets qui concernent l’opinion nationale et même internationale ? La question reste posée et l’inquiétude est vraiment là. Il y avait déjà l’autocensure pour certains qui tiennent encore à rester en exercice. En plus de cette autocensure, l’inquiétude vient s’ajouter », déplore-t-elle.

Aute inquiètude : le journaliste Alhousseini Togo a été placé sous mandat de dépôt dans le cadre de la loi portant sur la cybercriminalité et non sur la loi relative au régime de la presse et au délit de la presse votée en 2000, qui n’a pas dépénalisé les délits de presse.

Le procès dAlhousseini Togo est fixé au 12 juin prochain.

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