Amnesty International pointe la dégradation des droits humains au Niger

Amnesty International a publié un rapport sur la détérioration des droits humains au Niger depuis le coup d’Etat du 26 juillet 2023. Crédit : iStock

 

 

« Les autorités nigériennes se sont engagées à respecter l’État de droit et les droits humains. Notre rapport montre qu’elles ont clairement failli », estime Marceau Sivieude, directeur régional par intérim d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.  

Dans son rapport « Niger. Menacés et mis au pas : les droits humains et l’espace civique sous pression depuis le coup d’État du 26 juillet », publié le 18 mars, Amnesty International pointe la « détérioration de l’espace civique et les violations des droits civils et politiques au Niger » depuis le coup d’État du 26 juillet 2023. Des militaires putschistes, dont le général Abdourahamane Tiani, chef de file de la garde présidentielle, avaient renversé le président nigérien Mohamed Bazoum. Le gouvernement provisoire a alors pris la forme d’un « Conseil national pour la sauvegarde la patrie » (CNSP). 

 

Des détentions jugées arbitraires 

 

Les auteurs rappellent qu’après la prise de pouvoir du CNSP, l’organe a suspendu la Constitution de 2010, qui assurait d’importants droits humains et libertés fondamentales. Ainsi, « tous les pouvoirs exécutifs et législatifs ont été concentrés au sein du CNSP ».  

Dans ce cadre, Amnesty dénonce les détentions arbitraires de Mohamed Bazoum, président de la République du Niger de 2021 à 2023, et de son épouse, Hadiza Mabrouk en dépit « d’une décision de la Cour de justice de la Cedeao de décembre 2023 qui a déclaré leur détention arbitraire et appelé à leur libération ». L’ancien président nigérien est poursuivi pour « haute trahison » et « complot ayant pour but de porter atteinte à la sûreté de l’État ou à l’autorité de l’État », « alors qu’aucune accusation n’a été portée contre Hadiza Mabrouk ».   

Par ailleurs, l’ONG déplore l’emprisonnement de sept anciens ministres, accusés d’« atteinte à la défense nationale » devant les tribunaux militaires, « malgré les décisions judiciaires demandant la libération de certains d’entre eux ». Amnesty International alerte également sur les arrestations et détentions illégales d’acteurs de la société civile, notamment des journalistes et des défenseurs et défenseuses des droits humains.  

 

la liberté d’expression attaquée

 

Le rapport met en évidence la suspension des partis politiques et le rétablissement des peines de prison pour les infractions de diffamation depuis le putsch. En outre, le nouveau régime a mis en place un fichier de personnes, groupes ou entités « impliqués dans des actes de terrorisme » ou dans des actes « de nature à troubler gravement la tranquillité et la sécurité publique ». L’ONG signale que ce fichier a déjà été utilisé pour faire taire les voix dissidentes en les privant momentanément de leur citoyenneté.  

Amnesty International s’inquiète également des attaques portées à la liberté des médias via un contrôle de l’information. Ainsi, Radio France internationale (RFI) et France 24 ont fait l’objet d’une suspension au Niger après avoir invité des personnes critiquant le CNSP en août 2023.  Des journalistes basés au Niger ont évoqué des manœuvres d’intimidation et des menaces dont ils auraient été victimes de la part du CNSP et de leurs appuis, notamment au sein des rédactions.  

Avant la publication du rapport, Amnesty International a pris contact avec les autorités nigériennes qui n’avaient pas donné suite. 

 

Léanna Voegeli  

Crédit: Lien source

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.