Après deux mois de règne sous haute tension médiatique, Angélique Angarni-Filopon a retrouvé son île, sa famille… et tout un peuple qui, lui aussi, avait besoin de se sentir conforté. En exclusivité, Gala vous raconte ce rendez-vous en terrain connu qui change tout.
Et soudain, les larmes de Miss France jaillissent dans un flot inattendu. Irrépressible. Depuis son arrivée en Martinique, la veille, ce ne sont pas les premières versées par Angélique Angarni-Filopon. Dès que l’Ile aux fleurs est apparue à travers le hublot de l’avion qui la ramenait de Paris, choyée par ses collègues et amies hôtesses de Corsair, l’émotion a perlé sur sa joue : « Terre en vue ! Oh, my god, ma maison ! », s’est-elle exclamée, avant de recevoir sur le tarmac et devant le terminal un accueil de star hollywoodienne, avec fanfare, foule en liesse et imposant service d’ordre. Premières larmes de joie, de fierté, de soulagement aussi, après trois mois d’absence. Et en boucle, ces mots si souvent entendus dans la bouche des reines de beauté qui font le bonheur des caricaturistes : « irréel », « incroyable ». Mais cette fois, dans le studio de la chaîne ViàATV où la présentatrice du magazine Angle de vue retrace son destin hors norme, c’est autre chose.
Telle une petite fille blessée qui a serré les dents en cachant sa blessure et peut enfin laisser aller sa peine en rentrant à la maison, la reine baisse la garde. Elle évoque le cyberharcèlement dont elle a été victime dès son élection. « On m’a comparée à un animal, à un homme… C’est tellement violent ! » En régie, Frédéric Gilbert, président de la société Miss France, n’en perd pas un mot. Depuis deux mois, dans l’ombre, il a vécu au coeur ce début de règne plus compliqué encore que celui d’Eve Gilles, dont le look androgyne avait divisé la France. « Lors du voyage préparatoire en Côte d’Ivoire, on avait fait aux Miss un gros brief sur le poids de la couronne, nous glisse-t-il. Mais tant que vous ne l’avez pas vécu, vous ne pouvez pas savoir. Angélique, c’est une fille hypergentille, accessible. Elle ne pensait pas que ses origines ou ses 34 ans allaient lui valoir des réflexions, des injures. Malheureusement, Miss France, c’est aussi ça… » Va s’y ajouter une grosse polémique. Invitée de Sud Radio, le 8 janvier, la jeune femme fraîchement lancée dans l’arène médiatique, ne veut pas dire si « elle se sent Charlie », dix ans après l’attentat terroriste qui a décimé la rédaction de Charlie Hebdo. Elle a beau invoquer un devoir de réserve, sa non-réponse et son trouble en direct sont interprétés comme une prise de position politique. Des menaces de mort sont remontées par les autorités policières. La communication est mise en pause. Ce séjour en Martinique, placé sous la protection d’imposants bodyguards, lui donne enfin l’occasion de revenir sur cette séquence dont tout le monde a parlé, sauf elle.
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A 7 000 kilomètres de la fureur parisienne, dans le cadre paradoxal d’un trajet en bateau sur des eaux cristallines, Angélique accepte de livrer sa vérité à Gala : « Je suis de la génération 90. Je me souviens des attentats terroristes de Saint-Michel, du 11-Septembre, du Bataclan. C’est une aberration de penser que je puisse être pour ce genre de choses parce que je ne souhaite pas me prononcer. Au contraire, c’est parce que je n’ai pas envie que mes convictions soient mélangées avec le message de Miss France que je le fais. Je suis juste dans cette obligation de neutralité que m’impose ma couronne », insiste-t-elle. Frédéric Gilbert enfonce le clou : « Ce n’est pas parce que Miss France évolue, qu’elle représente une femme moderne qui s’assume, a des opinions et, dans le cas d’Angélique, la maturité de son âge, qu’elle peut s’exprimer sur des sujets qui vont diviser. Sur la politique et la religion, Miss France n’aura jamais à prendre position. »Dans ce contexte lourd, le séjour en Martinique est bien plus qu’un simple retour à la maison. Ses proches le savaient pour l’avoir soutenue en coulisses, chacun à leur façon. Viviane, sa maman, sa « mounette » à la douceur apaisante, est fidèle à elle-même, discrète mais « toujours là » : elle a fait le voyage depuis la métropole où elle vit. Comme Aurélie, l’amie à l’énergie communicative qui, avec Chloé, Tiffany et toute sa joyeuse bande de copines, est bien décidée à la faire danser et rigoler à chaque étape du parcours. Quant à Jean-Pierre, le papa à l’éloquence facile et à la carrure rassurante, bien qu’installé en Martinique, c’est lui qu’Angélique appelait en premier les soirs de blues. « Elle commençait toujours par me dire que ça allait bien, parce qu’elle est forte et pudique, mais moi son père, je savais quand ça n’allait pas, je trouvais les mots pour la rebooster. »
Après les mots, les actes. En organisateur né, l’ancien policier a imaginé chez lui, à Schoelcher, une fête de retour pour laquelle on ne peut qu’utiliser le mot fétiche des Miss France : « in-cro-yable ». De Nathan, le petit frère d’Angélique, à « Dada », sa grand-tante et confidente de 95 ans, en passant par les oncles, les tantes, les cousins, les voisins, ils sont… une centaine d’intimes à attendre « leur » Miss France. Massés devantfrele la maison que Jean-Pierre et sa compagne, Valérie, ont passé des jours et des nuits à transformer, avec des pancartes, des ballons, un barnum décoré pour héberger l’orchestre et le buffet et même un podium stylé, pour les photos souvenirs. « Papa, on avait dit “une petite fête” », s’amuse Angélique, qui savoure l’hommage grandiose mais aussi les apartés qui ressourcent vraiment. Après avoir revu sa chambre, c’est au calme de la cuisine qu’elle passe un long moment avec sa « brigade de taties », aussi affectueuse que vigilante, Rosalie, Nicole ou encore Liliane, qui nous livre une autre clé de ce retour événement : « Angélique a permis à beaucoup de gens de reprendre confiance quand elle a dit “il n’est jamais trop tard”. Mais elle a aussi donné de l’espoir à toute la Martinique et notamment à ses jeunes. J’en encadre qui sont en situation difficile et pour eux, elle est désormais un repère. »
La Martinique fête Miss France autant que sa fierté retrouvée. A l’instar de Jean-Pierre Angarni, les autorités ont vu les choses en grand pour celle qui a « ramené à la maison » la première écharpe nationale en 105 ans. Outre une parade en son honneur dans les rues de Fort-de-France, suivie par 7 000 personnes, Angélique Angarni- Filopon est reçue en plus haut lieu. A l’hôtel de ville – dans le bureau qui fut celui de l’écrivain et homme politique Aimé Césaire, l’autre icône martiniquaise – et à la Collectivité Territoriale de Martinique, siège du pouvoir local. Lui remettant le drapeau rouge-vert-noir, Serge Letchimy, le président du conseil, la rêve déjà en ambassadrice d’une île qui veut doubler sa fréquentation touristique et changer son image, après des mois de manifestations contre la vie chère. « Miss France, c’est bien plus qu’un physique. Elle apporte à la Martinique une part de lumière fondamentale », insiste l’élu. « Son écharpe veut dire tellement de choses, renchérit Cédric Catan, journaliste à la radio RCI. Il y a la rivalité avec la Guadeloupe voisine, couronnée plusieurs fois, le contexte social tendu, l’impression d’être parfois oublié de Paris et la question du « alé viré », comme on dit : comment faire que les jeunes qui partent pour les études rentrent travailler ici. L’île perd 4 000 à 5 000 habitants par an. Angélique est née en Ilede- France, elle a choisi de s’installer en Martinique il y a deux ans et devient Miss France. A travers elle et son titre, c’est toute une île qui dit “on est là, on fait partie de la France”. » Ce retour en Martinique est décidément un voyage qui change tout. Gorgée de ces déclarations d’amour, Miss France 2025 accepte d’être le portedrapeau d’une île qui met tant d’espoirs en elle, mais elle puise aussi l’envie « d’aller à la rencontre des gens dans toutes les autres régions de France, de découvrir leur histoire, leur culture, de partager avec eux du bonheur et des rires ». La parenthèse enchantée l’a regonflée à bloc. « A un moment, je me sentais vide, en apnée. Ici, j’ai retrouvé mon oxygène. Ce retour m’a donné des ailes », se réjouit-elle à l’heure de repartir pour Paris. Et face à ceux qui continueront de l’éreinter, elle aura en tête ce dicton créole tant de fois entendu pendant la semaine : « Tou sa ki pas kontan, toufé ». Tout ce qui n’est pas heureux est étouffé. Peu importe les critiques, Miss France 2025 est et restera telle qu’elle est, la tête haute sous la couronne
Cet article était à retrouver dans le Gala N°1654, disponible le 20 février dernier dans les kiosques. Pour suivre l’actualité en direct, vous pouvez rejoindre le fil WhatsApp de Gala . Le nouveau numéro de Gala est en kiosque dès ce jeudi 27 février 2025. Bonne lecture !
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