Après France – Portugal – Les Bleus sont barbants, et alors ?

« Ne faites pas chier avec le petit score » (Griezmann), « on joue comme ça, ceux qui ne sont pas contents, ce n’est pas mon problème » (Dembélé), « je n’ai pas envie de vous raconter des salades, dans le vestiaire, on ne pensait pas trop au fait qu’on n’avait pas marqué » (Mbappé). L’équipe de France se contrefiche bien de ce qu’on pense d’elle et elle a bien raison. Lancée dans une mission, elle fait le job, remplit le contrat et continue sa route. Didier Deschamps, lui, boit du petit lait : « Les critiques ne m’empêchent pas de très bien vivre, sereinement et tranquillement. »

Compétiteur hors-pair, manager sans égal, il a construit une forteresse et bâti une équipe sur ses points forts du moment. Avec un Griezmann à l’envers et un Mbappé sans essence, les Bleus, si emballants en qualifications, sont devenus une machine à ne plus prendre de but. Est-ce enivrant ? Non. Mais la justification est toute trouvée : tant que ça gagne… Et jusqu’ici, ça gagne. Alors tout est permis : aucun but dans le jeu d’un Français depuis le début du tournoi, un penalty et deux csc comme seule façon d’avancer, quelques situations mais peu d’occasions très franches et des matches comme de longues processions à attendre le premier qui craque.

Didier Deschamps à l’issue de France – Portugal

Crédit: Getty Images

Il lui manque une demi-volée de Pavard

Comme jusqu’ici, c’est toujours l’adversaire et jamais les Bleus, la France avance avec cette identité nouvelle. La plus restrictive et rébarbative de l’ère Deschamps mais elle partage avec ses devancières le goût du succès. Voilà ce qui les relie toutes les conquêtes depuis 10 ans. Entendons-nous bien, avec DD à sa tête, cette sélection n’a jamais envoyé les cotillons ni même penché vers l’avant sauf à l’Euro 2020, la seule compétition qui s’est arrêtée plus vite que prévu… En avançant, même de cette façon, cette équipe se redonne à chaque fois une chance de marquer les esprits au prochain tour. Une promesse qu’elle n’a pas tenue jusqu’ici mais qui a le mérite de toujours exister.

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La frappe exceptionnelle de Benjamin Pavard (France) contre l’Argentine

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Jusqu’ici, ce cru 2024 est particulièrement barbant. Il lui manque son moment totem : une demi-volée de Pavard comme en 2018, un retour inespéré d’entre les morts comme en 2022, un attaquant qui prend feu pour flotter sur la compétition comme en 2016. Il lui manque aussi les larmes de Dimitri Payet, la joie extatique de Samuel Umtiti, la demi-volée de Kolo Muani. Mais forcément, sans marquer, c’est plus compliqué. Quel souvenir fabrique cet Euro allemand dans le clan français ? Les tirs au but ont enfiévré un parcours à encéphalogramme plat, réveillé ceux qui ne demandaient que ça depuis le 17 juin. Remis la tension au centre du débat. Il y avait pourtant de quoi raconter de belles histoires : les Pays-Bas dès les poules, le rancunier voisin belge en 8e, la dernière danse de Cristiano Ronaldo en quart.

Aspérités, pics de fièvre, émotions : tout est aplati

Mais en anesthésiant les matches façon rouleau-compresseur, avec parfois le concours volontaire de ses adversaires, la France a tout aplati. Les aspérités, les pics de fièvre, les émotions. En attendant la suite, on se souviendra que les Bleus ont mis fin à une malédiction qui leur a coûté deux finales de Coupe du monde grâce à des joueurs pas franchement taillés pour une telle mission, et de la naissance d’un grand gardien et d’un grand défenseur central.

Mais ce n’est pas pour rien que les Ballon d’Or récompensent d’abord les attaquants et les créateurs. Le foot, c’est aussi une affaire de passion, d’excitation, de secousses, d’angoisses, de bouillonnement intérieur. Les Bleus, parfois décourageants surtout face aux Belges, sont en dessous de leurs standards mais dans les clous de leurs ambitions. Alors, conformément au vœu formulé par Griezmann après la Belgique, on ne va « pas faire chier avec le petit score« . Mais la sécheresse des émotions n’aide pas à créer d’élan. Que reste-t-il jusqu’ici de cet Euro ? Des victoires. C’est déjà beaucoup. Mais pas encore assez.

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Faut-il insister avec Mbappé ? « S’il faut en sortir un, c’est plutôt Griezmann »

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