Après avoir quitté la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), le Niger vient d’annoncer son retrait de la Force mixte antijihadiste.
En effet, le Niger, pays membre de l’Alliance des États du Sahel (AES), continue sa politique de rupture avec ses partenaires traditionnels, en se retirant de la Force multinationale mixte (FMM) dédiée à la lutte contre les groupes jihadistes dans le bassin du lac Tchad.
La décision a été confirmée le samedi 29 mars 2025 par l’armée nigérienne dans un bulletin d’informations diffusé sur la télévision nationale. Il n’est plus sans rappeler qu’il s’agit une fois de plus d’un événement majeur dans la réorientation stratégique du pays depuis le coup d’État militaire de juillet 2023.
L’opération militaire nigérienne, autrefois menée sous l’égide du Secteur 4 de la FMM, portera désormais le nom de « Nalewa Dolé ».
Ce changement d’appellation traduit non seulement le retrait formel du dispositif régional, mais aussi « une volonté affirmée de renforcer la sécurisation des sites pétroliers du Nord », selon l’état-major nigérien, considéré jusqu’alors comme l’un des piliers essentiels de cette force transfrontalière.
Créée initialement en 1994 puis réactivée en 2015, la Force multinationale mixte associait le Nigeria, le Tchad, le Cameroun et le Niger dans un effort conjoint pour combattre l’expansion des groupes jihadistes autour du lac Tchad.
Cette étendue d’eau, chevauchant les frontières des quatre pays, s’est progressivement transformée en sanctuaire pour les combattants de Boko Haram et de l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP).
La décision de Niamey intervient dans un contexte de tensions persistantes avec ses voisins, particulièrement le Nigeria.
Depuis l’avènement du régime militaire, les autorités nigériennes accusent régulièrement Abuja d’héberger des troupes étrangères dans le but de déstabiliser le pouvoir en place, accusations systématiquement rejetées par le Nigeria.
Malgré une apparente détente en août 2024, avec l’annonce d’une reprise de la coopération militaire bilatérale lors d’une visite du chef d’état-major nigérian à Niamey, les relations demeurent empreintes de méfiance.
Les dissensions au sein de la force mixte antijihadiste ne datent pas d’hier. Déjà fin 2024, le Tchad avait menacé de se retirer de la FMM en raison d’une « absence de mutualisation des efforts », après une attaque particulièrement meurtrière ayant coûté la vie à une quarantaine de soldats tchadiens.
En février 2025, le général Mahamadou Ibrahim Bagadoma, gouverneur de la région de Diffa au Niger, pointait du doigt les incohérences de l’alliance lors d’un sommet régional à Maiduguri : « Le problème est que certains font des efforts, tandis que d’autres les sabotent. »
Pour le Niger, les priorités sécuritaires semblent désormais se recentrer sur la protection des infrastructures stratégiques, notamment les installations pétrolières de la région de Diffa, régulièrement ciblées par des groupes armés hostiles à Niamey, avec une attention particulière portée à l’oléoduc géant acheminant le brut nigérien vers le Bénin voisin.
Ce nouveau retrait du Niger d’une force régionale, après ceux de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), confirme la redéfinition complète de l’architecture sécuritaire et diplomatique engagée par les autorités militaires nigériennes.
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