Pourquoi d’autres figures emblématiques n’émergent pas à l’image dans d’autres pays
Modibo Keïta, ancien président du Mali a dirigé notre pays de 1960 à novembre 1968. Et depuis ce jour-là, son nom est rentré dans l’histoire pour ne plus sombrer dans les oubliettes. L’homme de la Fédération du Mali (Mali-Sénégal) et de l’indépendance du Mali aura marqué les esprits de la vieille classe politique et d’une certaine jeunesse ‘‘Modobiste’’ par ses travaux de développement d’Hercule.
Bien vrai qu’il ne soit plus de notre monde, le premier président du Mali reste un repère et un modèle. Bientôt, nous allons célébrer le 64ème anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale. Avec sept (07) présidents, quatre (04) Constitutions, vingt-quatre (24) Premiers ministres, plus de soixante-quatre (64) gouvernements en soixante-quatre (64) ans de vie d’une nation. Comme dirait le Sage: «Les hommes passent, les peuples demeurent». Il s’agit de regarder dans le rétroviseur. Aux yeux de la jeunesse, il faut des propositions concrètes face aux difficultés du moment.
Quoi qu’on dise, nous avons de jeunes intellectuels très brillants qui n’ont connu ni Modibo Keïta, ni Moussa Traoré. Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, on ne parle plus de Houphouët Boigny, au Sénégal plus de Léopold Sedar Senghor, en Mauritanie de Ould Daddah.
En Côte d’Ivoire, le relais est assuré par une nouvelle génération de jeunes leaders politiques depuis le décès du ‘‘Vieux’’. Il y a eu Henri Konan Bédié, Rober Gueï, Laurent Gbagbo, Alassane Dramane Ouattara (ADO). Parmi les successeurs, celui qui aura marqué le plus les esprits des Ivoiriens serait ADO à travers son projet de société. Des jeunes intellectuels confirmés ont émergé avec ADO. Il s’agit de Guillaume Soro Kigbafori, Ahmed Bakayoko, Blé Goudé avec Laurent Gbagbo.
Au Sénégal, la succession et la relève ont été bien assurées, malgré le charisme du président Senghor. Le Sénégal a intellectuellement et commercialement toujours un plier de l’Afrique-Occidentale française (AOF) et montre du goût pour la controverse politique. Il était dominé par la figure du président Senghor, intellectuel formé à la française.
Au pays de la Teranga, il y eut après Senghor: Aboul Diouf, ancien Premier ministre du président poète, Abdoulaye Wade, chef d’un parti de l’opposition, Parti démocratique sénégalais (PDS), Macky Sall, ancien Premier ministre de Wade et récemment Bassirou Diamoye Faye, militant du Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF), élu président de la République. Dans ce pays, comme une loi, la succession se fait entre le président sortant et son Premier ministre.
En Mauritanie, depuis l’indépendance, ce pays était gouverné par Moktar Ould Daddah. En 1978, son régime est renversé par un coup d’État militaire et après une période de troubles, Ould Haïdallah, un pro- Algérien prend le pouvoir en 1980. Il fait adopter la charia et demande le départ des troupes françaises.
Hormis une poignée de ressources humaines qui ont marqué ‘‘leur territoire’’, plusieurs générations ont réussi leur mission. En 1960, Modibo Keïta a réussi sa mission, il continue de marquer les esprits de certains jeunes.
En 1987, Dr Soumana Sako, nommé ministre de l’Économie et de Finances, réussit sa mission dans plusieurs domaines. En 1991, il est sollicité par l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) pour occuper le poste de Premier ministre de la transition. Il organise des élections sur tout le territoire à moindre frais (2 milliards de FCFA).
De 2008 à 2011, Mamadou Igor Diarra est nommé ministre de l’Énergie, des Mines et de l’Eau, puis ministre de l’Économie et de Finances. Il réussit sa mission. Un homme de conviction et d’action, il est auteur d’un livre: «C’est possible au possible au Mali». Il est partisan d’une politique du concret.
On pourrait ajouter à cette liste Moussa Alassane Diallo, actuel ministre du Commerce et de l’Industrie, ancien Président directeur général (PDG) de la Banque Nationale de Développement Agricole (BNDA). Il aurait sauvé la transition de 2012 à travers l’Association professionnelle des banques et établissements financiers (APBF) par le paiement des pensions et des salaires. Les caisses de l’État étaient au rouge.
En dehors de ces quelques rares jeunes intellectuels brillants, s’il fallait dépeindre la gestion de certains jeunes intellectuels à de hautes fonctions (ministres), le tableau est sombre. La quasi-totalité trainerait des casseroles, d’autres sont l’objet de poursuites judiciaires, d’autres bénéficient de la liberté provisoire. Bref, de grands délinquants financiers à col blanc. Le Mali cherche désespérément un autre homme comme Modibo Keïta.
Amy SANOGO
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