Après Moody’s, S&P dégrade la note souveraine

Sans surprise, l’agence de notation financière S&P Global Ratings, connue sous son nom historique Standard & Poor’s, a abaissé le week-end dernier de B+ à B, la note souveraine à long terme en devises étrangères et en monnaie locale du Sénégal, avec perspectives stables. Ce déclassement qui va renchérir le coût de refinancement du Trésor et des entreprises publiques, intervient après celui de l’agence Moody’s

Dans les deux cas, c’est la conséquence des résultats de l’insincérité des finances publiques et des comptes de l’Etat révélée par l’audit de la Cour des comptes.

«Les chiffres révisés du budget et de la dette du Sénégal indiquent des facteurs de crédit fondamentalement plus faibles que ceux que nous avions évalués précédemment», expliquent les analystes de S&P Global Ratings. Dans le rapport d’audit publié le 12 février dernier, la Cour des comptes du Sénégal a indiqué que les déficits budgétaires cumulés sur la période 2019-2024 étaient en moyenne le double de ce qui était rapporté dans les documents budgétaires sous le régime de l’ancien président Macky Sall. La dette par rapport au PIB est beaucoup plus élevée et est désormais estimée par S&P Global Ratings à 106 % du PIB à la fin de 2024 contre 77 % anticipés dans l’estimation effectuée en décembre 2024 par l’agence de notation. Ses analystes préviennent : «les 12 prochains mois seront déterminants pour évaluer la viabilité de la dette du pays et sa marge de liquidité, ce qui étaye nos perspectives négatives.»

4,6 milliards de dollars à rembourser cette année et en 2026 !

Le Sénégal est confronté à une augmentation des échéances de dette en 2025 et 2026 en raison de l’amortissement des euro-obligations de 2028. Selon le budget et donc avant l’audit de la Cour des comptes, 2.923 milliards de francs CFA étaient dus en 2025, soit l’équivalent de 4,6 milliards de dollars et au moins le même montant pour 2026. Cela est dû à l’amortissement des euro-obligations de 2028.

Standard & Poor’s estime que cela pourrait créer des pressions sur les liquidités si le Sénégal ne recherche pas activement de nouvelles sources de financement, surtout que le programme du FMI accordant une facilité de crédit de 1,8 milliard de dollars a été suspendu au début de la période d’audit, Dakar ayant choisi de ne pas passer par la deuxième revue.

Dans le budget 2025 adopté en décembre 2024, avant la publication de l’audit, le gouvernement a ciblé un déficit de 7 % du PIB. Les mesures pour atteindre cet objectif comprennent principalement des réformes visant à accroître les recettes et, en particulier, des hausses d’impôts et une réduction des dépenses fiscales. Mais les dépenses en termes absolus ne diminuent pas, et très modérément en pourcentage du PIB.

Les analystes de Standard & Poor’s affirment avoir peu de visibilité sur la nature récurrente des dépenses effectuées en dehors des procédures budgétaires et assurent ne pas pouvoir affirmer si elles peuvent être facilement réduites. Ainsi, malgré la détermination que l’agence de notation reconnaît au gouvernement, elle estime qu’un ajustement budgétaire de grande ampleur sera difficile à réaliser à court terme.


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