Arrêt du dialogue, auto-dissolution… La réponse des supporters au projet de dissolution de groupes par le ministère de l’Intérieur
L’Association Nationale des Supporters a annoncé trois mesures, samedi, face au projet de dissolution de certains groupes de supporters de football par le ministère de l’Intérieur.
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Pour les supporters de football, l’heure est grave. Samedi 21 mars, l’Association Nationale de Supporters (ANS) a décidé de sortir du silence, en annonçant trois mesures fortes. L’ANS, créée en septembre 2014 pour fédérer les groupes de supporters français et dialoguer avec les instances, veut faire réagir les autorités et les clubs, suite au projet de dissolution de plusieurs groupes de supporters porté par le ministère de l’Intérieur.
Dans ce but, l’ANS a ainsi annoncé sa mise en retrait de l’Instance Nationale du Supportérisme (INS), organe sous l’égide du ministère des Sports destiné à réunir les groupes de supporters et les autorités. « Comme le ministère a refusé de réunir l’INS, on prend acte de ce positionnement, et on se met en retrait tant que le ministère ne change pas sa position. On demande un plénière extraordinaire de l’INS, et une prise de position publique de la ministre des Sports sur le sujet », détaille Kilian Valentin, porte-parole de l’ANS.
Les 40 associations de supporters membres de l’ANS espèrent rencontrer la ministre des Sports pour « comprendre le changement de doctrine » et « expliquer les conséquences d’une dissolution« , ajoute le porte-parole. Autre décision : l’ANS, interlocuteur principal des autorités et des clubs sur le sujet du supportérisme depuis 2014, a décidé l’arrêt immédiat du dialogue avec les autorités compétentes, dont la Division Nationale de Lutte contre Hooliganisme (DNLH), les renseignements territoriaux et les SLO (référents supporters de chaque club), pour créer un électrochoc.
« L’idée c’est de faire réagir les référents supporters et les clubs, qui connaissent l’importance du dialogue. Certains clubs se sont positionnés officiellement, beaucoup sont contre mais ne se prononcent pas publiquement. Les clubs doivent prendre position, prendre leurs responsabilités », exhorte Kilian Valentin.
Enfin, l’ANS n’exclut pas une auto-dissolution à venir des tous les groupes de supporters membres de l’association. L’idée est de « se mettre dans la condition d’une dissolution de tous les groupes, soit une absence totale de dialogue et un retour 15 ans en arrière« , justifie Kilian Valentin, conscient que cette menace d’auto-dissolution massive pour protester contre les quelques projets de dissolution portés par Beauvau peut surprendre.
« On m’a demandé si ça n’était pas un suicide, effectivement. Ce serait une décision énorme, mais, d’ici là, on laisse la porte ouverte pour revenir à un dialogue constructif, en espérant qu’on n’en arrive pas là. »
Kilian Valentin, porte-parole de l’Association Nationale des Supportersà franceinfo: sport
« On veut mettre les autorités face au vide. Si le ministère de l’Intérieur intensifie son système répressif, continue ce projet de dissolution qui ne suit aucune logique par rapport à la réalité, et refuse le dialogue », développe Kilian Valentin, « Si les associations membres de l’ANS s’auto-dissolvent, il n’y a plus d’ANS, donc plus de possibilité de dialogue pour les autorités. D’autres associations verraient alors le jour, ou des mouvements informels, avec lesquels les autorités partiraient de zéro avec un mouvement plus du tout structuré. »
Ces trois décisions, assez techniques mais jugées plus fortes par l’ANS qu’une grève, ont été prises à l’unanimité lors de l’assemblée générale du 22 mars. « C’est une première en dix ans, alors qu’on a 40 groupes de toute la France, parfois rivaux” » s’étonne Kilian Valentin, avant de conclure : « Ce qui prouve que ce projet fait vraiment l’unanimité contre lui, à tous les niveaux. »
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